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mardi 19 novembre 2024

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Tant qu’il y aura des hommes… et des chevaux

Tant qu’il y aura des hommes… et des chevaux

L’après-midi touche à sa fin quand Jean-Louis Bouchard décroche le téléphone. L’homme est de retour à Paris après quelques jours passés dans son haras, à côté de Deauville. On le sait occupé, très occupé même. Il est toujours président-directeur général du groupe qu’il a fondé, Econocom, et qui compte 8.200 salariés. Mais une valeur fondatrice anime Jean-Louis Bouchard plus que toute autre : le partage. « J’ai hésité avant d’accepter cette interview. Je ne suis pas superstitieux, mais il est quand même plus simple de parler après la course ! Et puis je me suis dit qu’il fallait partager ce grand bonheur d’avoir un partant dans le Jockey Club avec vos lecteurs, avec les gens qui me connaissent. Les courses, pour moi, c’est d’abord la convivialité. »

Alors, Jean-Louis Bouchard a pris le temps de nous raconter son poulain, ce Feed the Flame qui a fait couler des larmes sur les joues de Pascal Bary après sa deuxième victoire. Et si c’était cela, finalement, les courses ? Une émotion plus grande que vous ? « Je suis sûrement moins émotif que Pascal, et si c’est votre question, non, je n’ai pas pleuré après cette course ! Pour le turfiste que j’ai été avant de devenir propriétaire, présenter un poulain invaincu dans l’une des plus grandes courses françaises, c’est le rêve absolu. Pascal a sans doute été touché par ce qu’il a vu ce jour-là. Il a évoqué sa championne Divine Proportions. J’imagine que pour lui, entraîner un tel cheval à ce stade de la carrière, c’est quelque chose de fort. »

Comme la naissance d’un enfant…

Quand Jean-Louis Bouchard a acheté Feed the Flame, via son courtier de toujours, Gérard Larrieu, le souvenir de son frère, Sacred Life, était encore bien présent dans l’esprit du propriétaire. Invaincu à 2ans, empêché de courir le Critérium International, Sacred Life a connu un destin peu banal. En 2019, alors que le cheval a 4ans, Jean-Louis Bouchard décide de le céder aux États-Unis. « Je ne suis pas un homme qui vit dans le passé. Je ne ressasse pas. Sans doute que si Sacred Life avait gagné son Gr1 à 2ans, Feed the Flame aurait été beaucoup plus cher et je n’aurais pas pu l’acheter ! »

« Ce sont les meilleurs moments. Parce qu’on ne connaît pas ses limites. Parce que tout reste à découvrir… »

Jean-Louis Bouchard aime les comparaisons. Si les courses sont une tragédie, l’achat d’un poulain, pour lui, s’apparente à la naissance d’un enfant. « Et c’est quelque chose que je connais, car j’ai huit enfants ! Quand vous apprenez la grossesse de votre femme, en tant qu’homme, vous êtes finalement assez passif. Vous vous réjouissez, mais il ne se passe pas grand-chose. Quand vous achetez un yearling, il existe également toute cette phase où vous êtes spectateur. On arrive au mois de mars ou d’avril de ses 2ans. Les premiers galops. Le poulain va bien. Juin, juillet, il progresse encore. Le ventre de votre femme s’arrondit. Vous pouvez sentir le bébé bouger. On pense l’engager dans le Prix de Crèvecœur. Mais le poulain grandit, grandit. Il faut attendre, encore. Le printemps de ses 3ans. Les galops sur le gazon. C’est le moment de débuter. J’étais présent ce jour-là. J’ai demandé à Pascal de regarder la course en bord de piste. Je voulais le voir passer devant moi pour aller au départ. J’aime le bruit que font les chevaux au canter d’essai. Nous sommes restés au pied des tribunes pour regarder la course. La victoire. Une naissance ! On entre dans le concret. Puis la deuxième course. Là, on voit vraiment quelque chose de peu commun. On sait qu’on a un champion en herbe. Ce sont les meilleurs moments. Parce qu’on ne connaît pas ses limites. Parce que tout reste à découvrir… » Après la dernière démonstration de son poulain, Jean-Louis Bouchard n’a pas hésité. Feed the Flame n’avait pas été engagé dans le Jockey Club. Il fallait supplémenter. « C’est une chance d’avoir un tel cheval. J’en parlais au café avec John Hammond il y a quelques jours. John Hammond, c’est Montjeu, un cheval qui m’a vraiment marqué. Et il m’a dit qu’il y avait longtemps qu’il n’avait pas vu cela… »

Au plus près des chevaux

Jean-Louis Bouchard aime fondamentalement les courses, « ce jeu social que j’ai découvert via le pari, auquel j’ai pris goût parce que je retrouvais mes amis sur les hippodromes, que l’on partageait un bon moment, autour d’un bon repas, que l’espace de la course, nous étions propriétaires du cheval que nous avions joué… » Mais il aime avant tout les chevaux. C’est parce qu’il habitait à Gouvieux, voisin de François Boutin, qu’il s’est lié d’amitié avec Gérard Larrieu et Pascal Bary, qu’il a aimé les petits matins dans la rosée du gazon. Désormais, il aime passer du temps dans son haras normand, acheté il y a cinq ans. « J’ai dix poulinières au haras. Pas plus, sinon je les confonds ! Le printemps en Normandie, c’est un émerveillement. La nature se réveille. Les chevaux évoluent de jour en jour. J’aime passer du temps là-bas. Rentrer les poulinières, manipuler les foals… Vivre à Chantilly me manque aussi, mais on ne fait pas toujours ce que l’on veut ! » Dimanche, vingt-neuf ans après le succès de Celtic Arms, c’est bien à Chantilly que Jean-Louis Bouchard se rendra, le cœur plein d’espoir. Son neuvième enfant a grandi, il n’est plus question d’accouchement mais de concours d’entrée aux grandes écoles. Il se défend d’être superstitieux. Mais quand on lui demande s’il a déjà réservé une table dans un restaurant dimanche soir… « Non, quand même pas ! Disons que j’espère que nous nous reparlerons dimanche. Cela voudrait dire que nous sommes à l’arrivée, non ? » À l’arrivée et, pourquoi pas, major de promo…

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