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lundi 23 décembre 2024

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Ce rhume qui empoisonne la vie des écuries

Ce rhume qui empoisonne la vie des écuries

ERVB. Ces quatre lettres, qui désignent l’Equine Rhinovirus de type B, font trembler les professionnels de toute la France. C’est le virus qui affecte l’écurie de François Nicolle, mais le professionnel royannais est loin d’être le seul touché. Pierre-Hugues Pitel, directeur du pôle santé de Labéo Frank Duncombe, nous en dit plus sur ce qui s’apparente au rhume du cheval.

ERV pour equine rhinovirus

« L’ERV est l’acronyme pour equine rhinovirus. Il ne faut pas confondre ce virus avec celui de la rhinopneumonie, qui appartient aux herpès virus et qui est bien plus dangereux pour le cheval. Il existe deux types d’ERV : le A et B. Le type A est très peu présent en Europe. Le type B est bien plus fréquent. Généralement, ce sont des virus que l’on rencontre en période hivernale, et le fait qu’il attaque au printemps est plus rare. Cela peut toutefois s’expliquer par les changements brutaux de températures auxquels les chevaux sont parfois soumis. Leur appareil respiratoire n’est pas fait pour cela ! »

Les symptômes

« Pour faire simple, l’ERVB c’est le rhume du cheval. Les symptômes sont donc assez similaires à ce que l’on rencontre chez l’homme, et ils sont plus ou moins prononcés selon les individus et leur immunité : jetage, toux, fièvre plus ou moins forte. Mais il peut passer aussi quasiment inaperçu. Le virus s’attaque aux cellules ciliées et aux cellules à mucus qui forment l’épithélium respiratoire du cheval. Or les cellules ciliées servent à faire remonter les impuretés que le cheval inhale en respirant. Sans ces cellules, il est beaucoup plus sensible aux surinfections bactériennes par exemple. Le cheval produit aussi beaucoup plus de mucus, ce qui gêne sa respiration au moment de l’effort par encombrement des voies respiratoires. »

Le traitement

« Il faut avant tout diminuer drastiquement le travail des chevaux touchés, le temps que le corps combatte le virus, et que les cellules du système mucociliaire se recréent. On peut les aider avec de la vitamine C, des anti-inflammatoires ou des anti-oxydants. La détection du virus est possible et facile, par écouvillon naso-pharyngé ou lavage trachéal, puis test PCR. »

Un virus très contagieux, et pour lequel il n’existe pas de vaccin

« Comme les autres virus respiratoires, l’ERVB est très contagieux. Il peut se transmettre de cheval à cheval, par voie respiratoire, mais l’homme peut aussi être un vecteur. L’idéal, pour enrayer la propagation, c’est de mettre le cheval malade en quarantaine, et d’effectuer le circuit de soin en marche en avant, c’est-à-dire en s’occupant d’abord des chevaux sains et en dernier du ou des chevaux malades. Évidemment, il faut stopper les déplacements de ces individus touchés pour ne pas propager le virus. Il n’existe pas de vaccin pour ce virus, j’imagine pour des raisons économiques. Priorité a été donnée à des virus plus agressifs comme la grippe ou les herpès virus, même si les rhinovirus peuvent avoir de lourdes conséquences financières sur les écuries touchées. »

Sonia Wittreck : « Nous appelons à la vigilance »

Le Dr Sonia Wittreck, responsable du département livret et contrôles de France Galop, explique : « Le virus ERVB circule sans doute plus largement qu’on ne le pense. Ce n’est pas une nouveauté : en 2016, nous avions connu pareille épidémie, et les conditions climatiques – une météo froide et parfois humid – sont assez similaires. Nous avons communiqué à destination des entraîneurs pour les inciter à tester leurs chevaux, pour l’ERVB mais aussi pour HVE 1 et 5. Recenser les cas est fondamental pour pouvoir lutter correctement. »

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