mardi 16 juillet 2024
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Du cœur, de la classe et un grand écart

Longchamp, dimanche

Prix Ganay (Gr1)

Du cœur, de la classe et un grand écart

1er IRÉSINE

2e SIMCA MILLE

3e BAY BRIDGE

Irésine (Manduro) est un cheval comme on en voit peu… À l’automne dernier, il a remporté son premier Gr1 dans le Prix Royal Oak, sur 3.100m. Quelques mois plus tard, en cette fin de mois d’avril, il décroche un deuxième Gr1 dans le Prix Ganay, sur 2.100m : 1.000m en moins, mais la classe est toujours là. En Europe, il est désormais assez rare de voir une telle chose dans les Grs1, surtout dans ce sens-là (longue distance à distance intermédiaire). C’est un peu plus courant du côté de l’Australie ou du Japon – pays où il existe des courses pour chevaux de tenue mais pas vraiment de programme pour stayers à proprement parler, certains chevaux faisant donc le grand écart. Nous en avions eu un bon exemple l’an passé au Japon, quand Titleholder (Duramente) avait gagné le Tenno Sho – Printemps sur 3.200m en avril puis, fin juin, le Takarazuka Kinen (Gr1) sur 2.200m… En Europe, il n’y a guère plus de raison de tenter de tels paris… sauf peut-être avec un hongre sortant de l’ordinaire ! Et Irésine est, en ce sens, tout simplement formidable.

L’émotion de son entourage était palpable. Celle de Marie Velon, avec laquelle l’harmonie est parfaite. Celle de Bertrand Millière, chemise rose comme sa casaque, qui n’en revient pas d’avoir touché un tel cheval. Celle de Jean-Pierre Gauvin, dont l’écurie est en pleine méforme et pour lequel ce succès est une lumière dans un tunnel bien sombre.

Une victoire à la Irésine

La course a été emmenée par Sabio Cen (Zarak), le petit poucet de l’épreuve, qui a mené à un rythme régulier, suivi par Real World (Iffraaj), d’abord dans son sillage avant d’être décalé dans la fausse ligne droite, non sans gêner Simca Mille (Tamayuz). Sabio Cen et Real World ont ensuite cédé dans la ligne droite. Irésine a été monté à la Irésine, soit en dernière position, une tactique parfaite pour préserver sa pointe de vitesse. Marie Velon a patienté avant de lancer son partenaire qui, sur une première accélération dans la ligne droite, est venu sur la ligne de tête, où Bay Bridge (New Bay) et Simca Mille étaient côte à côte. Quand Marie Velon lui a donné une claque, le cheval est reparti, s’imposant d’une longueur un quart et prenant sa revanche sur Simca Mille, qui l’avait devancé dans l’Harcourt (Gr2). Ce dernier garde une tête sur Bay Bridge tandis que Vadeni (K) (Churchill) est quatrième à une longueur et demie. C’était une course de rentrée et il a été monté comme tel, revenant de plus déferré d’un antérieur. Notons que Junko (Intello) était non-partant (hyperthermie).

Du baume au cœur

Plus tôt dans la semaine, Jean-Pierre Gauvin nous expliquait ne pas douter de son cheval mais de la forme de son écurie. L’émotion était d’autant plus palpable : « Forcément, on se pose plein de questions quand l’écurie ne fait que contre-performer. Irésine va nous permettre de nous relancer. Il est hors du commun, tellement extraordinaire. Il a tout : la tenue, la vitesse, il va dans tous les terrains sauf peut-être les pistes trop fermes. Et, finalement, il est encore tout neuf à 6ans, nous l’avons toujours respecté, préservé. Il est vrai aussi qu’il est un attentiste : en courant ainsi, toujours respecté par Marie Velon, il ne prend pas dur. Irésine est dans la force de l’âge parce que nous n’avons, je crois, jamais fait d’erreur dans le programme. Par exemple, l’an dernier à l’automne, nous aurions pu voyager puisque nous avions pensé à aller à Hongkong, mais nous n’avons pas voulu prendre le risque de lui donner la course de trop, d’autant plus qu’il ne voyage pas forcément très bien : en début de carrière, il est ainsi resté à côté de la maison. Puis, quand je l’ai envoyé à Longchamp, j’ai vu que la piste lui plaisait et, depuis, il y a pris ses automatismes, sur la piste comme quand il arrive dans son box. Je crois qu’il est capable de faire tout cela parce qu’il a été préservé. »

Options (très) ouvertes

On entend régulièrement la déclaration : « Tout le programme lui est ouvert ». Pour Irésine, ce n’est pas galvaudé ! Avec cette victoire dans le Prix Ganay, le cheval s’ouvre un programme français, européen, voire asiatique, sur toutes les distances allant de 2.000m à plus de 3.000m. Son entourage va donc avoir l’embarras du choix. Jean-Pierre Gauvin nous a dit : « Le prochain objectif serait le Grand Prix de Saint-Cloud (Gr1), en espérant que la piste ne soit pas trop ferme. Nous allons en tout cas nous diriger vers cette course, peut-être en passant par le Grand Prix de Chantilly (Gr2) si le cheval nous indique qu’il en a besoin. Ensuite, à l’automne, les options sont ouvertes. Il n’aime pas forcément les voyages mais nous aimerions tenter l’aventure à l’étranger une fois. L’an dernier, nous pensions au Hong Kong Vase (Gr1) et cette option tiendrait la course, mais il y a aussi la possibilité d’aller en Angleterre, par exemple. »

Un propriétaire aux anges

Bertrand Millière n’en revient toujours pas ! Copropriétaire d’Irénine avec Jean-Paul, Jean-Pierre, Marion et Fabien Gauvin, ainsi qu’avec Christian Goutelle, il vit un rêve éveillé avec Irésine et nous a dit : « Il n’y a pas de mot, c’est un truc de dingue ! Au pavillon, je me suis dit qu’il était loin. Puis il a enclenché et est venu sur la ligne de tête. C’est amusant car il est d’abord resté là et je peux vous dire que j’ai hurlé (rires) ! Puis Marie lui a donné une claque et voilà le résultat. Irésine a été acheté à un prix ridicule aux ventes. Jean-Pierre avait acheté un lot de quatre chevaux et Irésine était dedans. Quand ma fille l’a vu, elle est tout de suite tombé amoureuse de lui : un beau cheval noir, avec du blanc… C’était tout de suite son cheval (rires) ! Je me souviens qu’il devait faire ses débuts à Aix-les-Bains et, finalement, Jean-Pierre a décidé de le faire non-partant car le terrain était léger. Ce jour-là, je me suis dit que c’était peut-être un signe, qu’il voyait certainement quelque chose en lui. Mais jamais je n’aurais pu imaginer qu’il ferait une telle carrière. Tout s’est enchaîné. Tombé sur un tel cheval, capable de gagner le Royal Oak et le Ganay, c’est incroyable en terme de probabilité. Côté émotions, c’est indescriptible. »

Le deuxième Gr1 de Marie Velon

Irésine est le cheval de cœur de Marie Velon. Les deux s’entendent parfaitement et, dimanche, la jeune femme décroche son deuxième Gr1… Victoire qu’elle avait annoncée en descendant de cheval après le Prix d’Harcourt. Chose dite, chose faite ! Elle a indiqué au micro d’Equidia : « C’est énorme. Il est incroyable. Nous avions à chaque fois des doutes sur ses lignes mais il battait ce qu’il avait à battre. Aujourd’hui, il y avait de la « vraie came » et il a fait ce qu’il sait faire de mieux : accélérer et déposer ses adversaires. Dans l’Harcourt, il était très bon deuxième. Nous étions un peu déçus d’être battus mais il avait fait une rentrée sage et il nous le rend aujourd’hui. Après l’Harcourt, mes premiers mots avaient été que nous allions gagner le Ganay. Aujourd’hui, avec le terrain plus souple et un cheval à 100 %, cela donne un résultat merveilleux. On est toujours un peu déçu dans le parcours d’être aussi loin car cela fait du chemin à refaire mais il montre que sur 2.000m ou 3.000m, il faut le monter ainsi, à l’économie. Il a un changement de vitesse impressionnant. Jean-Pierre sentait le cheval : nous avions un doute sur la forme de l’écurie mais il n’a jamais douté de la forme de son champion et le résultat est là. »

Simca Mille confirme

La piste était plus souple pour le Ganay qu’elle ne l’était pour l’Harcourt et, à ce petit jeu, Irésine avait cette fois un avantage sur Simca Mille, certainement meilleur en bon terrain. Le représentant du haras de la Pérelle ne démérite pas dimanche, devançant un lauréat de Champion Stakes. Il avait, comme Irésine, l’avantage d’avoir déjà couru par rapport à des lauréats de Gr1 comme Bay Bridge, Vadeni ou Place du Carrousel. Mais l’histoire de Simca Mille est belle et elle se poursuit dans les Grs1, où il a toute sa place.

Stéphane Wattel, son entraîneur, nous a dit : « Je suis super content de la performance du cheval. Il a montré qu’il pouvait continuer face à ces chevaux-là. Alexis Pouchin lui a donné un parcours parfait et nous sommes juste battus par Irésine, qui est formidable. Il y a quand même quelques clients derrière nous. Évidemment, il y avait peut-être un avantage aux chevaux qui avaient déjà couru mais c’était malgré tout un vrai lot de bons chevaux. Je ne sais pas encore ce que Simca Mille va courir ensuite. On m’a détaillé le programme en Angleterre, avec des noms qui me font rêver (rires) ! Nous aviserons. »

Bonne rentrée de Bay Bridge

Physiquement, Bay Bridge ne passait pas inaperçu au rond de présentation, ressemblant déjà presque plus à un étalon qu’à un pur-sang à l’entraînement, avec des points de force impressionnants. Étant donné son modèle, cette rentrée devrait faire le plus grand bien à ce lauréat des Champion Stakes (Gr1), d’autant plus qu’il a été un peu brillant en tout début de parcours.

Copropriétaire de Bay Bridge, James Wigan nous a dit : « Il a couru avec courage pour sa première course de l’année. Il est venu comme pour gagner. Comme vous l’avez vu, c’est un grand et fort cheval. Je pense qu’il avait tout simplement besoin de courir et va progresser là-dessus. Ses prochains objectifs pourraient être la Tattersalls Gold Cup ou les Princes of Wales’s Stakes (Grs1). Peut-être reviendra-t-il plus tard en France. »

Vadeni revenu déferré

Quatrième, Vadeni est revenu avec un fer en moins à un antérieur. Le cheval faisait une rentrée et devrait progresser sur cette sortie. Jean-Claude Rouget nous a dit : « Je suis très satisfait de la performance de Vadeni. Avant le coup, je m’attendais exactement à ce qu’il coure comme cela. Je le voyais battu mais proche des premiers. Christophe Soumillon n’a pas été dur avec lui. De plus, il s’est déferré d’un antérieur durant la course, visiblement dans la fausse ligne droite. Nous allons continuer gentiment notre route. La prochaine étape sera certainement le Prix d’Ispahan (Gr1). Il sera peut-être encore battu car il peut tomber sur un bon cheval de 1.600m. Ensuite, ses deux gros objectifs seront les Prince of Wales’s Stakes et le Prix de l’Arc de Triomphe (Grs1). Et s’il parvient à gagner ces deux épreuves, tout le monde aura oublié qu’il avait été battu dans le Prix Ganay (rires). »

Sa mère est la propre sœur d’In Chambers

Irésine est un élève de Marie-Louise van Dedem et Pierre Joyaux. C’est un fils de Manduro (Monsun) qui officiait au haras du Logis lors de sa conception. Assurément, Irésine est le meilleur cheval de distance intermédiaire de la production de son père en Europe. Jean-Pierre Gauvin a signé le bon à 6.000 € en octobre 2018, chez Arqana, où il était présenté par le haras de Montaigu.

La mère, Inanga (Oasis Dream), une élève de la marquise de Moratalla, a couru sept fois sans s’illustrer. Irésine fut son premier gagnant. Elle a aussi donné Ilex (Style Vendôme), non placé en trois sorties et Purple Lady (Joshua Tree), lauréate en valeur 28,5 sur 2.400m. Elle a un 2ans, nommé Cedrus (Chemical Charge), et un yearling, Morus (Mondialiste). En 2023, Inanga été saillie par Intello (Galileo).

La deuxième mère, Cas Royaux (Woodman), a donné neuf gagnants sur 12 partants, le meilleur étant In Chambers (Oasis Dream), deuxième des Prix de Guiche et Daphnis (Grs3). Cas Royaux est aussi la grand-mère de trois autres black types : Earth Amber (Hurricane Run), deuxième des Sagaro Stakes (Gr3, 3.200m), Double Look (Mastercraftsman), troisième des Prix Roland de Chambure, Maurice Caillault, du Critérium du Languedoc (Ls), et de Scarlet Honey (Holy Roman Emperor), deuxième du Prix Caravelle et troisième du Prix des Lilas (Ls).

L’héritage Aland

La troisième mère, Rêve de Reine (Lyphard), a terminé deuxième du Prix Vanteaux (Gr3). Elle a produit Roi de Rome (Time for a Change), gagnant du Prix de Guiche (Gr3) puis étalon (d’obstacle) en France. C’est une famille qui fait partie de l’héritage que l’écurie Aland – Alec Head et Roland de Chambure – ont « légué » à l’élevage français…

LES CHRONOS

TEMPS PARTIELS

Du départ à 1.000m : 1’13 »03

De 1.000m à 600m : 25 »08

De 600m à 400m : 11 »93

De 400m à 200m : 11 »48

De 200m à l’arrivée : 11 »87

Temps total : 2’13 »39

Königsstuhl

Monsun

Mosella

Manduro

Be my Guest

Mandellicht

Mandelauge

IRESINE (H6)

Green Desert

Oasis Dream

Hope

Inanga

Woodman

Cas Royaux

Rêve de Reine

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