Depuis quelques jours, des comptages non officiels circulent. Ils émanent tous des candidats ou de leur entourage. Et ils ont presque systématiquement ce point commun : celui de donner gagnant le candidat soutenu par l’émetteur du “sondage” ! Le message du bon sondage est : « Mon candidat va gagner », ou : « Mon candidat est celui qui progresse le plus. »
C’est peut-être vrai. Ou faux. Il y a évidemment une part d’intox, dont le but est à la fois de s’encourager soi-même/ses électeurs et de décourager ses adversaires/les électeurs de ses adversaires. C’est stratégique et psychologique : beaucoup d’électeurs – même dans la “grande” politique – aiment voter pour le gagnant ; en proclamant que l’on va gagner, on espère glaner quelques votes supplémentaires. Et puis il y a aussi le cas des votants dont la liste a décidé de soutenir unitairement un candidat mais qui, dans le secret de l’isoloir, ne respecteront pas la consigne unitariste. C’est beaucoup plus fréquent qu’on le croit. Et après tout, c’est leur droit !
« En proclamant que l’on va gagner, on espère glaner quelques votes supplémentaires »
Mais à mon sens, ces sondages aux conclusions parfois assez différentes témoignent surtout d’une vérité : un certain nombre de votants (pour ne pas dire un nombre certain) ont promis leurs voix à deux candidats, voire à trois. Certains l’ont fait sans arrière-pensée : ils soutenaient au départ un candidat (qui a noté leur vote dans sa colonne) et quand un second les a appelés, ils ont été convaincus et ont changé de point de vue (d’où le fait qu’ils apparaissent à présent dans deux colonnes). D’autres l’ont fait pour avoir la paix : dire oui à tout le monde est encore la meilleure façon pour que l’on vous laisse tranquille. D’autres enfin sont toujours indécis à une semaine du scrutin.
Tous ensemble associés – ceux qui ont changé d’avis, ceux qui disent toujours oui et ceux qui n’ont pas décidé – ils forment un groupe significatif, qui rend l’élection 2023 particulièrement incertaine.
« Ils ont des personnalités et une manière de voir l’exercice de leur pouvoir très différentes. Pour ne pas dire opposées »
Sur le fond, d’où vient l’incertitude ? À 100 % du fait que les trois candidats sont extrêmement différents. De manière un peu simpliste, il a été relevé que les trois étaient issus du corps des membres associés*. C’est vrai, mais c’est (quasiment) leur seul point commun ! Ils n’ont pas les mêmes idées, même s’ils en partagent parfois. Et surtout, ils ont des personnalités et une manière de voir l’exercice de leur pouvoir très différentes. Pour ne pas dire opposées. Ce qui veut dire que France Galop, en fonction du choix qui sera fait le 12 décembre, peut prendre trois trajectoires très différentes. L’inventaire des possibles est si large que cela en est un peu vertigineux. Les votants du 12 vont avoir une responsabilité énorme. Et je comprends très bien que cela ne fasse que renforcer l’indécision. Les candidats aussi auront la pression, le 12, où le traditionnel discours de candidature s’annonce plus que jamais décisif. Mais là encore, cela nous ramène à la personnalité des trois candidats car en réalité, il n’y a pas de bon ou de mauvais discours comme il n’y a pas de bon ou de mauvais candidat. Il y a cinquante-six êtres humains enfermés dans une salle, dont vingt-neuf devront avoir été convaincus par un homme et un seul. Et peu importe que ce soit il y a six mois ou trente secondes avant de déposer un bulletin dans l’urne.
* Les associés sont souvent appelés – y compris dans nos colonnes – “cooptés”. C’est une erreur. De qui parle-t-on en les évoquant ? De personnes à qui l’on a proposé de venir s’associer à la gestion du galop français. Le mot associé décrit l’engagement (durable). Alors que le mot coopté ne décrit que le processus de désignation (éphémère).