Vente de yearlings : la France à plus de 90 millions

Il s’agit d’une croissance énorme pour une filière qui a beaucoup changé au cours des dernières décennies. Les ventes de yearlings sont le pivot de l’élevage, elles fixent le prix des saillies, la valeur des poulinières, mais leur poids sur le marché est devenu moins lourd. Un poulain ou pouliche avec un pedigree correct, qui se déplace bien, peut multiplier sa valeur par dix s’il arrive à se montrer assez bon pour les Groupes, ou par cinquante s’il gagne des courses de haut niveau et devient étalon. La page de catalogue est importante, la préparation aux ventes aussi, mais l’hippodrome est le lieu où se fait la sélection. C’est l’effet de la globalisation qui a ouvert d’autres marchés en plus des États-Unis : les pays du Golfe, Hongkong, et pour les chevaux capables de tenir plus de 900m, l’Australie.

Les ventes de yearlings gardent leur rôle mais les 90 millions de chiffre d’affaires représentent une petite tranche du marché et le poids de la France sur le marché européen, qui a progressé cette année (22,8 % du total alors qu’en 2022, il était de 18,5 %), dépend beaucoup des exportations. Cette année, 109 lots issus de saillies à plus de 100.000 € sont passés sur le ring en France ; 95 ont été vendus et ils ont généré 32,42 millions de chiffre d’affaires (un peu plus d’un tiers du total). Parmi eux, 64 ont été achetés par des propriétaires étrangers qui ont investi 24,19 millions. Il faudra attendre quelques semaines pour savoir combien resteront à l’entraînement dans l’Hexagone, mais la croissance française depuis 2021 (17,6 millions) est presque entièrement liée à la vente d’août qui, avec une offre plus réduite, a progressé de presque 16 millions, et à la v.2 qui, pour la première fois, a franchi le cap de cinq millions. La vente d’octobre a confirmé sa force et représente près de 30 % du marché français, mais il ne faut pas oublier que par rapport à 2019, avant le Covid, le chiffre d’affaires a progressé de 49 % et le prix moyen de 8 % alors que le taux de vendus est passé de 73 % à 86 %. Le marché français des yearlings a trouvé sa formule et son équilibre. Il est moins soumis aux vagues que dans les îles britanniques.

L’évolution du marché français des ventes de yearlings

Les étalons français sont l’une des forces de l’élevage et des ventes. Cette année, ceux qui ont eu dix yearlings vendus ou plus sont au nombre de 42 et parmi eux, 31 ont officié en France en 2021. Le patron est évidemment Siyouni (Pivotal). L’étalon de Son Altesse l’Aga Khan a eu 30 yearlings proposés aux ventes en France, dont 27 ont trouvé preneurs au prix moyen de 326.333 € pour un chiffre d’affaires de 8,81 millions. Les acheteurs étrangers ont fait le déplacement pour trouver les meilleurs produits de Siyouni.

Le score des étalons ayant eu au moins 10 yearlings présentés en France

Les premiers produits conçus en Irlande par Wootton Bassett (Iffraaj) à 100.000 € sont passés cette année aux ventes de yearlings. Le risque était une offre trop large, avec 109 yearlings sur 205 conçus proposés sur le marché. Le score en Europe de Wootton Bassett affiche un prix moyen de 299.871 € pour 97 vendus et la France a été très importante dans la réussite de l’étalon lancé par le Haras d’Étreham. Vingt-six de ses yearlings (sur 28 présentés) ont été vendus en France et le prix moyen est de 335.961 € pour un chiffre d’affaires de 8,73 millions. Il faut noter aussi que quatre parmi les cinq Wootton Bassett les mieux vendus sont passés sur le ring de Deauville.

Un autre étalon français a affiché un prix moyen à six chiffres dans les ventes en France. C’est le regretté Le Havre (Noverre) qui a eu 24 vendus sur 29 présentés pour 108.416 € de prix moyen. Zarak (Dubawi) vient à la quatrième place avec 24 vendus sur 27 au prix moyen de 81.375 € . Ils sont le fruit de saillies à 12.000 € et ils ont affiché un retour de presque sept fois le tarif de monte. Le meilleur des jeunes est Hello Youmzain (Kodiac) qui avait 64 yearlings sur le marché français, dont 61 ont trouvé preneurs à 74.418 €, soit près de trois fois la saillie. Galiway (Galileo) a officié à 12.000 € en 2021. Les éleveurs qui lui ont fait confiance ont eu raison avec 42 yearlings vendus en France au prix moyen de 59.726 €. Les deux top prices sont passés à Tattersalls en affichant 260.000 Gns (314.600 €) et 200.000 Gns (242.000 €). Le premier n’était autre que le frère des gagnants de Gr1 Sealiway et Galiway.