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vendredi 22 novembre 2024

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Hubert Tassin : « France Galop doit redevenir une société au service des acteurs des courses »

TETIERE SPECIALE ÉLECTIONS

Hubert Tassin : « France Galop doit redevenir une société au service des acteurs des courses »

Membre au Comité depuis la création de France Galop en 1995, Hubert Tassin est tête de liste au collège des propriétaires pour la liste de l’association P.P – Province Paris pour le galop français. À l’approche de l’échéance électorale, il a répondu à nos questions.

Jour de Galop. – La rumeur courait que vous n’alliez peut-être plus porter la liste des P.P. – Province Paris pour le galop français …

Hubert Tassin. – Effectivement, la question s’est posée car il est vrai que Jean d’Indy et moi sommes en train d’organiser la transmission au sein des P.P. Une nouvelle génération arrive, constituée de propriétaires et éleveurs âgés de moins de 40 ans que l’on verra sur nos listes. Mais la candidature de Jean d’Indy à la présidence de France Galop a fait évoluer mes intentions et j’ai donc également décidé de m’investir dans la campagne en étant tête de liste. Lorsque je me compare avec les personnes en vue, j’estime que mes compétences et mon expérience peuvent encore apporter, et beaucoup plus ! Sous la présidence de Jean-Luc Lagardère, nous avons participé au redressement du galop et des courses en général en imposant l’augmentation de l’offre de paris via ce qu’on a appelé la décentralisation. Cela a continué les années suivantes. Mais, durant les quatre dernières années, celles que nous avons vécues depuis 2019, pour diverses raisons, les courses ont “glissé”. Nous, nous avons déjà organisé un redressement à une reprise  et sommes capables d’en organiser un à nouveau. Avec de la volonté et de la vision.

Quelles sont les mesures phares de votre programme ?

Nous voulons que France Galop redevienne une société de service des acteurs des courses, et plus seulement une administration. France Galop est, certes, un organisme de contrôle, mais il faut que la société-mère soit réellement au service des propriétaires, des éleveurs, des entraîneurs, des jockeys et des sociétés de courses. Il existe ce sentiment que la technostructure a pris le pouvoir aux dépens des membres de l’association. Il faut que le Comité ne soit plus une simple chambre d’enregistrement des décisions validées en Conseil d’administration, mais une chambre de décision. On ne peut plus s’asseoir sur les instances. S’inspirer de l’Assemblée nationale ou du Trot, avec des commissions ou des groupes de travail, me semble une bonne idée. Cela permettrait que les textes soient préparés en amont par les membres, et non plus par les administratifs avec une simple validation par le Conseil d’administration.

Il faut, selon vous, revoir le fonctionnement de France Galop ?

Il faut construire en commun. On doit retrouver ce fonctionnement associatif et coopératif. Le malaise suscité par les suppressions de courses en régions l’année dernière en est la parfaite illustration. Les régions ont été mises devant le fait accompli alors qu’elles auraient pu construire et c’est inacceptable. C’est ensemble que nous arriverons à reconstruire les courses. Nous souhaitons davantage de transparence : au niveau des finances et de la lutte contre le dopage, via la création d’un passeport biologique du cheval dès lors qu’il est destiné aux courses.

« On a manqué d’argent, car on a laissé tomber le PMU »

Vous disiez que les courses ont “glissé” ces dernières années. C’est-à-dire ?

On a manqué d’argent, car on a laissé tomber le PMU. C’est là où j’en veux le plus, sur ces quatre dernières années, aux administrateurs des sociétés-mères et à ceux du PMU : la stratégie Linette/Méheut au PMU s’est vite avérée perdante et il aurait fallu rapidement y renoncer et ne pas s’y accrocher comme on l’a fait. Baisser l’offre de courses aura été une énorme erreur. A-t-on déjà vu la Française des Jeux dire on va faire moins de tirages du Loto ? … À cette faute stratégique est venue s’ajouter une faute de management car, lorsqu’un de vos employés “pète les plombs”, vous êtes censés le voir venir. Qui plus est quand cet employé est le patron et est correctement rémunéré… Nous n’aurions jamais dû arriver à une situation aussi loufoque dans le GIE dont dépendent tous les acteurs des courses.

Les courses manquent donc d’argent, selon vous ?

Vous pouvez prendre le problème dans le sens que vous voulez mais quand il y a moins d’argent en haut, on ne répartit que la pénurie. C’est là que la société-mère s’est montrée clivante. Elle l’a été sur les investissements, avec une très forte baisse des investissements sur les hippodromes de province, car il a fallu dans le même temps financer les éclairages de Deauville et de Vincennes. Et elle l’a été aussi sur la répartition des allocations. En opérant un recentrage vers le haut, les équilibres ont été cassés et la conséquence est qu’il y a moins de chevaux à l’entraînement. Des chevaux qui faisaient la recette…

Le sujet central pour vous est donc le PMU ?

Ce n’est pas le seul, mais il est très important en effet. Car, pour retrouver l’équilibre, cela passe par un dynamisme financier. Concernant le PMU : il faut refaire de l’offre et innover assez massivement. Le pari hippique n’est pas fichu, contrairement à ce que disent certains au PMU. Il faut croire au pari hippique ! Il faut augmenter l’offre de pari des courses premium, faire du P.M.H. déporté sur toutes les courses de province et développer la cote fixe. Enfin, le PMU a fait un cadeau considérable à ses concurrents en renonçant aux paris sportifs. C’est par exemple ce qui a permis à ZEturf de faire sa clientèle. Le PMU doit revenir sur cette stratégie d’échec.

Quel est votre sentiment sur l’arrivée de la Française des Jeux dans les courses ?

La Française des Jeux ne doit pas être un concurrent, mais un partenaire avec lequel les courses ont beaucoup à gagner. Je rappelle que la Loterie nationale a été partenaire des courses de 1933 à 1973. Marcel Boussac a créé le Sweepstake alors qu’il n’était même pas à la Société d’encouragement et cela a amené de l’argent. La loi de 1891 n’interdit pas que la Française des Jeux prenne des paris pour nous. Ce sont les décrets qui ne le prévoient pas. Nous devons avoir un partenariat avec la Française des Jeux qui nous amène à la croissance. Il ne doit pas s’agir pour eux de proposer nos paris actuels, ceux du PMU, mais d’autres paris à travers une nouvelle offre sur la base d’un accord de frontières. Cela profiterait aux courses, à la FDJ et à l’État. Tout le monde serait gagnant. Dans les prochaines années, c’est donc de nouvelles ressources qui peuvent arriver, ce que j’appelle du new money.

« Courir la même journée à Auteuil et à Vincennes n’a aucun sens »

Pour les P.P., la relance passe aussi par les courses elles-mêmes et donc par les hippodromes. Doit-on conserver autant d’hippodromes sur notre sol ?

Les hippodromes sont au cÅ“ur de notre stratégie. Sauf pour des raisons de sécurité : il ne faut en fermer aucun. Ce sont sur les hippodromes que nous recrutons des propriétaires et des bénévoles, pas dans des “course par course”. En fermant des sociétés de courses, on perd aussi des décideurs, des élus capables d’apporter leur soutien aux courses. De toute façon, taper sur la province est contreproductif. De même, courir la même journée à Auteuil et à Vincennes n’a aucun sens. Cela renvoie surtout le message que nous n’en avons rien à faire de courir devant des tribunes vides…

Depuis longtemps les P.P. prônent un rapprochement entre le galop et le trot. Est-ce toujours votre conviction ?

Ce rapprochement est à faire, car le fait que les sociétés-mères occupent un immeuble commun n’a en réalité pas rapproché les deux associations, si ce n’est physiquement. Il faut être conscients que les modèles économiques du trot et du galop n’ont rien à voir, avec des marchés très différents. Il est donc concevable qu’il n’y ait pas de direction unique, même si les deux gèrent le PMU et Equidia. En revanche, il est à mon sens nécessaire de rapprocher certaines fonctions supports. Le premier projet est de bâtir une informatique technique et de gestion qui soient commune. Cela a un coût, qu’il faudra partager. En revanche, au niveau du marketing, il faut à la fois définir une stratégie commune et décentraliser en laissant davantage d’autonomie aux hippodromes.

Naturellement, les élus au Comité issus des listes P.P. soutiendront Jean d’Indy. Un mot sur sa candidature ?

Par rapport à d’autres, Jean d’Indy a une très grande connaissance de l’Institution, de Paris comme de la province, et de leur fonctionnement qui est assez complexe. Et nous avons vu que d’autres ne savent pas comment fonctionne réellement l’Institution. D’autre part, c’est quelqu’un qui peut être président à 100 %. Et, vu les circonstances, je ne crois pas que l’on puisse être président sans avoir 100 % de temps à consacrer à l’Institution. Surtout, il n’y a pas d’intérêt financier : si ses chevaux ne gagnent pas, cela ne change rien pour lui. En résumé, en plus d’être à l’écoute, il a la connaissance, la disponibilité et l’indépendance. Jean d’Indy est par ailleurs quelqu’un qui saura probablement réunir l’ensemble de la famille des courses : les grands, les petits, le plat, l’obstacle, Paris, la province… Il sait rassembler autour de lui. Il a aussi un accès privilégié aux pouvoirs publics, aux élus, aux forces économiques. Par exemple, c’est lui qui a amené le Medef à Longchamp.

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