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dimanche 22 décembre 2024

AccueilA la uneLéo-Paul Bréchet : « Je profite de la chance qui s’offre à moi »

Léo-Paul Bréchet : « Je profite de la chance qui s’offre à moi »

Léo-Paul Bréchet : « Je profite de la chance qui s’offre à moi »

Par Christopher Galmiche

cg@jourdegalop.com

Vingt-quatre heures après sa première victoire de Listed, dans le Prix Bayonnet, avec Amy du Kiff (Kapgarde), Léo-Paul Bréchet a évoqué pour nous la façon dont ce succès s’est construit mais également son début de carrière chez les professionnels.

Il est né pour sauter. Petit-fils d’André Bréchet, gentleman-rider et entraîneur. Fils de la multiple Cravache d’or des gentlemen-riders en obstacle, Philippe Bréchet, qui a monté le quintuple lauréat du Grand Cross de Craon (L), Archy Bald (Carmont), et Urga (Baby Turk) dans les plus belles épreuves d’Auteuil, entre autres. Léo-Paul Bréchet est né pour monter en obstacle. Prévoyants et prudents, ses parents lui ont indiqué la voie des études avant celle des pistes. Le jeune homme de 20 ans a décroché un BTS commerce parallèlement à sa « carrière » de gentleman-rider qui l’a vu devenir lui aussi Cravache d’or en obstacle dans cette catégorie. Il a entamé sa carrière de jockey professionnel par un succès sur les haies nantaises avec Jarzé (Muhtathir), le 15 septembre. Puis est arrivée une première victoire à Auteuil, pour sa première course chez les professionnels sur cet hippodrome, avec Greatta (Great Pretender). Moins d’un mois après ses premiers pas chez les pros, Léo-Paul a donc enlevé sa première course principale grâce à Amy du Kiff. Un moment important qui ne l’empêche pas de garder la tête froide. « J’ai monté Amy du Kiff sans pression, j’avais confiance en lui. Ce sont des chevaux faciles et il suffit de faire corps avec eux. Je me suis vraiment fait plaisir, j’ai savouré ! Être jockey, c’est quelque chose que je veux faire depuis que je suis petit, donc je le fais sans pression. Je profite de la chance qui s’offre à moi. Ce sont de bons moments. Gagner à Auteuil, c’est un rêve d’enfant ! Qu’importe la course. D’autant que j’ai mis du temps à m’imposer là-bas. Les épreuves d’amateurs à Auteuil ne me souriaient pas vraiment, j’étais souvent deuxième. C’est certain que remporter une Listed, c’est un petit plus ! Mais j’ai monté pour mon cheval comme si c’était une course lambda. La victoire n’est que plus belle parce que c’est une Listed, mais c’est aussi le fruit du travail du matin. C’est sûr que ce succès est rapide, mais cela fait longtemps que je me « donne » le matin. Depuis ma carrière dans les rangs des amateurs… C’est donc le travail qui paye. À la base, Amy du Kiff n’est pas « mon » cheval et du fait de la chute de Felix [de Giles, ndlr], je l’ai récupéré. C’est un métier où il faut être opportuniste. »

Une lutte entre potes

Après le passage du poteau dans le Prix Bayonnet, Baptiste Le Clerc, deuxième avec Klitchko de Belair (Walzertakt), est venu féliciter Léo-Paul. Les deux jockeys se connaissent depuis longtemps, depuis la période où Armel Le Clerc et son fils Baptiste prêtaient leurs poneys à Léo-Paul. Les pilotes ont parcouru du chemin et le fait qu’ils se retrouvent au botte à botte est un souvenir particulier. « C’est le moment le plus fort de la course. À la réception de la dernière haie, Baptiste a crié « Allez Léo » et moi, « Allez Batou ». Nous nous sommes encouragés mutuellement jusqu’au poteau. Le fait de me retrouver à la lutte avec Baptiste, c’était la cerise sur le gâteau. Si nous sommes là, c’est que nous sommes des puncheurs et lorsque l’on sort vainqueur d’une lutte, qui plus est avec un ami d’enfance, ce sont de beaux moments. » Après ce premier succès de Listed, Léo-Paul Bréchet garde le cap pour poursuivre sa progression. « Je suis sérieux, je travaille, je me donne à fond en tant que jockey. Il faut monter les marches petit à petit. Ce sont les chevaux qui nous font et il faudra trouver de bons chevaux. Il ne faut pas se monter la tête et prendre les choses comme elles viennent. »

À cheval chez trois entraîneurs

Installé dans l’Ouest, Léo-Paul Bréchet travaille chez Gabriel Leenders, Patrice Quinton et Pascal Journiac. Il nous a expliqué : « Gabriel m’a proposé de monter chez lui au moment où Clément Lefebvre et lui s’étaient séparés. J’avais mes études à finir, mais j’ai tenu parole. Dès que je les ai terminées, j’ai entamé une collaboration avec lui. Gabriel souhaitait que je sois là deux jours dans la semaine et naturellement, j’ai décidé également de monter pour Patrice Quinton le matin. C’est lui qui m’avait lancé dans le rang des amateurs. Je travaille aussi pour Pascal Journiac. C’est un peu un coup de cœur ! Je m’entends très bien avec lui et il partage avec moi son expérience. Ces trois entraîneurs ont des méthodes complètement différentes, avec des pistes différentes. C’est très enrichissant. Je n’aime pas forcément la routine, j’aime être en éveil. Ce format de travail me plaît bien. Ça me pousse à être constamment concentré et à la recherche de tout ce que je peux améliorer. »

Des modèles à suivre

Avec un père qui détient un tel palmarès, Léo-Paul Bréchet prend forcément conseil auprès de ce dernier mais il a également un modèle qui a fait rêver tous les passionnés : « Mon père est mon mentor. Il m’a tout appris. Je discute d’abord avec mes entraîneurs, puis avant et après les courses, j’échange avec mon père. Il ne me donne pas un avis tactique, qui se travaille avec les entraîneurs, mais plutôt ses recommandations sur les profils des pistes et les principales difficultés de celles-ci. Ensuite, le jockey et je dirais même le cavalier que j’admire le plus, c’est Jonathan Plouganou. J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour lui, son équilibre, sa main, sa polyvalence… Il m’a marqué. C’est une référence pour moi. »

Programmé pour être jockey

Passionné par les courses depuis son plus jeune âge, Léo-Paul Bréchet a suivi la voie qui a souri à bon nombre de grands jockeys, notamment en obstacle, ces dernières années : les courses de poneys, puis celles de gentlemen-riders. « Je ne me suis jamais imaginé faire autre chose que jockey. Mes parents m’ont inculqué la culture de l’amateurisme. Ils voulaient que je voie autre chose. Cela m’a permis de « pousser » plus loin dans les études. C’est quelque chose que je ne regrette pas, même si je voyais performer mes amis qui étaient devenus jockeys. Ils étaient sur le devant de l’affiche. Mais aujourd’hui, avec cette belle victoire, je me dis que tout peut aller très vite. Je n’ai pas perdu de temps et mes études me serviront peut-être un jour. De plus, elles m’ont ouvert au monde. Les courses de poneys représentent la meilleure formation. J’ai monté dans la Fédération des courses de poneys de l’Ouest. En plus des épreuves sur les hippodromes, il y avait des courses sur des poneysdromes, des champs de courses éphémères sur des pistes de 500m ou 600m de tour. On apprend alors vraiment à reprendre, à gagner du terrain. Sur un hippodrome, ce sont des grandes lignes, donc c’est généralement le meilleur poney qui l’emporte. Mais sur les poneydromes, ce sont les qualités des jockeys qui sont mises en valeur. Ensuite, on arrive dans les pelotons et on a assimilé plein de réflexes et d’automatismes pour les courses professionnelles. Un jeune qui débute à 16 ans, alors qu’il a commencé à 10 ans en courses de poneys, finalement, il a déjà six ans d’expérience derrière lui. Par la suite, j’ai eu la chance de beaucoup monter avec les professionnels lorsque j’étais gentleman, et ainsi de prendre mes marques dans le vestiaire, de me faire un prénom, sans pression, jusqu’à monter le Président cette année, ce qui était déjà une belle récompense. C’est toujours important d’inscrire son nom au départ de ces courses. »

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