samedi 27 juillet 2024

Cottier

Nous vivons tous avec cette idée qu’il est interdit d’avoir un prête-nom (même si Jean-Paul Gallorini, par exemple, nous raconta qu’après avoir perdu sa licence, il fut reçu à la Société des steeples où on lui proposa de prendre comme prête-nom Patrice Rago, à condition de bien se tenir un mètre derrière lui le matin au bord des pistes). Mais Patrice Cottier est-il un prête-nom ? Président de la Société hippique marseillaise, et donc du centre d’entraînement de Calas où officie le tandem Cottier-Rossi, Kamel Chehboub – qui a des chevaux chez eux – prend leur défense : « Il n’y a donc aucune raison de parler de prête-nom. Patrice et Cédric ont décidé d’associer leurs qualités professionnelles. Patrice est millimétré et prudent dans la gestion de son entreprise ; Cédric est l’un des meilleurs professionnels français actuels, formé à la dure école du trot où tout est détail. Ils passent toute leur journée ensemble et personne ne prête son nom à personne. Quand le second est plus doué que le patron, faut-il parler de prête-nom ? C’est pourtant assez courant dans les entreprises… »

Oui mais depuis qu’il a recruté Cédric Rossi, celui qui végétait dans l’anonymat des classements d’entraîneurs avec une moyenne de huit chevaux et 100.000 € de gains annuels est désormais cinquième entraîneur français avec 2,80 M€ de gains ! « Je suis d’accord sur le fait qu’il a bénéficié d’une embellie en récupérant un second comme Cédric et la confiance des propriétaires qui avaient des chevaux chez Cédric. Maintenant, quand on regarde à la fois l’effectif et les engagements, sa cinquième place au classement s’explique : les chevaux sont de mieux en mieux nés et il court deux fois plus que les autres. » Comme les trotteurs. Et comme Cédric Rossi. 

La seconde question, qui agite logiquement les acteurs des courses, surtout depuis dimanche, c’est de savoir s’il est normal de laisser continuer à entraîner quelqu’un qui est sous le coup d’une mise en examen. On connaît la réponse de la Justice (la juge a dit oui). On connaît la réponse de France Galop (on ne contrôle pas le salariat des écuries). Dieu ne s’étant pas exprimé, la réponse est dans le cœur de chaque homme, ancrée dans sa conviction personnelle avec laquelle la Justice – et son J en lettre capitale – n’a pas de lien.

La troisième concerne les résultats des chevaux. Sont-ils anormaux ou pas ? Y a-t-il suspicion ? Certains entraîneurs pensent que oui, en s’appuyant par exemple sur la victoire de Sauterne au niveau Gr1 après tant de combats et tant d’allers-retours en camion avec Marseille… Mais à date, la pouliche – par ailleurs très bien née – n’a jamais été contrôlée positive ; elle a le droit d’être bonne et en acier trempé. Et surtout, de manière plus générale, rien ne prouve que Cédric Rossi a contrevenu gravement au Code des courses. D’après les premiers éléments de l’enquête, il semblait être celui qui avait le moins à se reprocher, au côté de son frère Charley et de son oncle Frédéric. Les trois cas sont d’ailleurs différents, et s’ils ne portaient pas le même patronyme, la Police des Jeux n’aurait peut-être pas eu matière à les associer dans l’affaire.

Kamel Chehboub regrette que l’on montre les chevaux marseillais du doigt : « Les résultats de Calas ne vont pas s’arrêter ! La qualité des chevaux et des professionnels augmente tous les jours. Regardez les résultats de Jérôme Reynier et de Nicolas Perret par exemple. Des courtiers français et étrangers leur envoient de plus en plus de chevaux. Et il y a des jeunes qui poussent derrière… Le monde des courses français doit s’habituer, comme il s’est habitué aux victoires d’entraîneurs du Sud-Ouest ou de Deauville dans les Groupes, à voir des victoires marseillaises dans les bonnes courses parisiennes. Skalleti et Marianafoot ont gagné au niveau Gr1 en étant entraînés à Marseille, mais ni par Patrice Cottier ni par Cédric Rossi… Cela doit montrer que le centre dans son ensemble a progressé. » 

Contactée, l’Association des entraîneurs ne fera pas de commentaire. Elle ne veut pas disserter sur une affaire dans laquelle elle s’est portée partie civile – tout comme France Galop d’ailleurs.

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