VENTE D’AOÛT ARQANA
La parole aux acheteurs
Jeudi, un soleil de plomb répandait une chaleur écrasante au sein de l’établissement Élie de Brignac d’Arqana, à Deauville. Cela n’a pas empêché les inspections de se poursuivre. Et il y avait beaucoup de monde dans les cours !
Sébastien Desmontils : « Des modèles plus matures que l’an dernier »
Sébastien Desmontils (Chauvigny Global Equine) a été notamment vu en compagnie de Norikazu Ozaki, le racing manager d’Hisaaki Saito. La casaque du propriétaire japonais a vécu un grand moment il y a quelques semaines, avec la victoire de Good Guess dans le Haras d’Étreham Prix Jean Prat (Gr1).
Jour de Galop. – Quel est votre ressenti sur le catalogue de la vente d’août 2023 ?
Sébastien Desmontils. – J’ai déjà vu beaucoup de poulains au haras et j’ai encore des lots à voir désormais aux ventes. Je trouve que nous avons un joli catalogue, avec des modèles plus matures que l’an dernier. Peut-être est-ce dû à l’hiver assez doux que nous avons eu ? Il y a une belle diversité d’étalons, confirmés ou jeunes. Beaucoup de Dubawi, Siyouni, Wootton Bassett et Frankel… Nous sommes assez gâtés par le nombre de chevaux bien nés, que ce soit côté paternel ou dans les pedigrees présents.
Pensez-vous acheter pour de nouveaux clients ?
J’ai plusieurs clients, dont Hisaaki Saito. Il n’est pas facile d’acheter à la vente de sélection, le catalogue n’est pas épais en quantité comme c’est le cas à la vente d’octobre. On peut vite se faire battre et, si on n’attaque qu’à la deuxième journée, on peut se retrouver le bec dans l’eau. C’est la première vente de yearlings européenne de l’année, tout le monde est là , c’est extrêmement compétitif. En termes de nouveaux clients, j’ai quelques internationaux principalement, mais aussi quelques français qui investissent avec moi, et nous aimerions trouver deux ou trois pouliches avec des profils intéressants. Reste la question du budget. Il faudra être opportuniste. La vente v.2 pourrait être un moyen de se racheter si nous sommes battus. En ayant fait le tour des haras, j’y ai vu des physiques vraiment plaisants et des papiers loin d’être inintéressants.
Un coup de cœur dans les étalons représentés par leurs premiers yearlings ?
Wooded. C’est marqué sur ma casquette (rires) ! Malheureusement, il n’y en a qu’un dans la partie I, l’autre étant absent. Celui qui reste, présenté par le haras d’Ellon, est vraiment sympa. Je ne suis peut-être pas 100 % objectif mais son frère [Bucanero Fuerte, ndlr] ne cesse de s’illustrer et, grâce à Frida La Blonde, la mère, cette famille française est en train d’exploser. Wooded apporte son modèle et s’il donne aussi sa vitesse et sa précocité, ce sera un étalon très intéressant à suivre, surtout au tarif proposé.
Wesley Ward : « Beaucoup de bons poulains »
Wesley Ward n’aura pas de partant cette année dans le Morny, mais l’Américain a fait le déplacement à Arqana, accompagné de Louis Dubois. On connaît bien sa spécialité : les 2ans vites et précoces et les sprinters… sur le gazon !
Jour de Galop. – Quel est votre ressenti sur le catalogue de la vente d’août 2023 ?
Wesley Ward. – J’ai déjà vu pas mal de poulains, il m’en reste encore à voir. Je dois encore réduire ma liste pour entrer demain dans la salle des ventes avec ceux qui m’intéressent le plus. Je me concentre principalement sur les physiques, je sélectionne ainsi et, après, je regarderai les pedigrees plus en détail. J’ai vu beaucoup de bons poulains et Louis Dubois, qui a travaillé aux États-Unis, est là pour m’accompagner, m’aider et vice versa. Je suis à la recherche uniquement de chevaux pour viser les courses sur le gazon, plutôt des sprinters ou même des milers… Mais, avec moi, ces derniers pourraient bien finir sur le sprint !
Sentez-vous un intérêt grandissant de vos clients américains pour des chevaux de gazon ?
Oui. Je leur donnerai les chevaux que j’aime bien et nous aviserons ensemble. Évidemment, le prix sera un élément déterminant. Il y a un beau programme aux États-Unis pour les chevaux de gazon, avec des allocations fortes. Par rapport aux courses de dirt, le gazon est plus “doux”, les chevaux peuvent courir plus souvent, avec moins de pépins et donc être compétitifs jusqu’à 5ans ou 6ans.
Un coup de cœur dans les étalons représentés par leurs premiers yearlings ?
J’ai bien aimé les produits de Pinatubo, ainsi que les Persian King et les Sottsass.
Charlie Gordon-Watson : « Un catalogue bon et solide »
En 2019, Charlie Gordon-Watson avait été troisième au classement des acheteurs, où il avait agi pour Lady Bamford. Habitué de Deauville, il est de nouveau présent cette année.
Jour de Galop. – Quel est votre ressenti sur le catalogue de la vente d’août 2023 ?
Charlie Gordon-Watson. – Il est bon, solide. Les poulains sont physiquement plaisants. Côté étalons, il y a beaucoup de Dubawi et de Siyouni mais pas assez de Sea the Stars ! Je note aussi trois pouliches par Frankel, ce qui est plutôt bien car, dans le book 1 de Tattersalls et malgré le volume de la vente, il n’y en a que quatre au catalogue. C’est intéressant. Les chevaux élevés en France connaissent une belle réussite, tout comme ceux entraînés ici, vous réalisez une très belle année dans vos Grs1.
Pensez-vous acheter pour de nouveaux clients ?
Je serai actif pour mes clients habituels.
Un coup de cœur dans les étalons représentés par leurs premiers yearlings ?
J’ai été séduit par les produits de Persian King que j’ai vus, ils me plaisent bien. Les Hello Youmzain aussi, ils ont bien pris du côté Kodiac.
Nicolas de Watrigant : « J’ai rarement vu autant de monde et autant de nationalités différentes dans une enceinte de vente »
Little Big Bear, Sea la Rosa, Place du Carrousel… Voici quelques gagnants de Gr1 dénichés dans les toutes dernières années lors de la vente de yearlings d’août Arqana par Nicolas de Watrigant (Mandore International Agency).
Jour de Galop. – Quel est votre ressenti sur le catalogue de la vente d’août 2023 ?Â
Nicolas de Watrigant. – Je crois que nous avons un grand cru. Le travail de sélection effectué par Arqana et excellent et il faut vraiment féliciter les équipes pour le travail qu’elles ont réalisé. J’ai rarement vu autant de monde et autant de nationalités différentes dans une enceinte de vente. Ce travail remarquable est le résultat des investissements et efforts des éleveurs pour renouveler leur stock de poulinières et obtenir une jumenterie de qualité. J’ai vu de très beaux modèles. Les résultats sont là chaque année, la vente sort de très bons éléments. Pour ne parler que de chevaux achetés récemment, j’y ai déniché Little Big Bear, Place du Caroussel et Sea La Rosa… ainsi qu’Unquestionable, qui a été malheureux dans les Phoenix Stakes (Gr1) il y a quelques jours. C’est une vente que j’apprécie énormément. Et il est aussi possible d’y trouver son bonheur à un budget raisonnable, comme on le voit avec les 2ans au départ des courses d’inédits des Arqana Series. J’ai acheté la deuxième des Arqana Series Pouliches, Atlantic Ways, à 55.000 € à la vente de yearlings d’août l’an passé, pour Sol Kumin en partenariat avec Al Shaqab. Quant à la vente v.2, elle ne fait que gagner en intensité et elle révèle régulièrement de bons chevaux, à l’image d’Olmedo. Cette année, le catalogue de la v.2 propose de beaux physiques, des poulains taillés en chevaux de course, et les investisseurs, notamment français, peuvent y trouver de très bons chevaux à un budget très raisonnable.
Pensez-vous acheter pour de nouveaux clients ?
J’ai des clients qui me font confiance, qui me suivent depuis de nombreuses années et je les en remercie. Par mon travail, je souhaite surtout les fidéliser. C’est mon objectif et, pour cela, il faut les résultats en piste à l’image des seize gagnants de Gr1 que j’ai achetés pour et avec eux. J’essaye par ailleurs de convaincre les investisseurs étrangers travaillant avec moi de laisser les chevaux en France. C’est le cas avec Sol Kumin par exemple, qui a envoyé Atlantic Way chez Yann Barberot et il en est récompensé avec cette belle deuxième place dans le Arqana Series Pouliches. La France a tant d’atouts ! De belles courses, un beau programme, les primes…
Un coup de cœur dans les étalons représentés par leurs premiers yearlings ?
Wooded, évidemment ! C’est le cœur qui parle car il a été acheté par mes soins auprès du haras d’Étreham lors la vente de yearlings d’octobre pour 90.000 €. Mais, objectivement, il a de beaux yearlings et j’espère qu’il va transmettre sa qualité à ses produits.
Barry Mahon : « Je pense que nous nous dirigeons vers une vente très forte »
En 2022, Juddmonte a acheté deux yearlings lors de la vente d’août Arqana. Les équipes de la famille Abdullah sont à pied d’œuvre aux inspections et Barry Mahon, directeur général Irlande et pour les courses européennes de l’opération, nous a donné son sentiment sur l’édition 2023.
Jour de Galop. – Quel est votre ressenti sur le catalogue de la vente d’août 2023 ?
Barry Mahon. – C’est un catalogue de grande classe, avec des yearlings très bien élevés et magnifiquement présentés par les principaux consigners. On trouve à la fois des étalons confirmés et beaucoup de jeunes sires prometteurs. J’ai vu de très beaux yearlings, il y a du monde, et je pense que nous nous dirigeons vers une vente très forte.
Juddmonte sera-t-il actif du côté des vendeurs cette année ?
Nous l’espérons. L’an dernier, nous avions acheté deux yearlings : Pergamon, un fils de Frankel acheté auprès du haras de Saint-Pair et à l’entraînement chez André Fabre, et Evergreen (Night of Thunder). L’année précédente, nous avions acheté Amneris (Dubawi), qui a gagné il y a quelques jours à Clairefontaine. Beaucoup d’éleveurs français nous font confiance et envoient des juments à nos étalons. La famille Abdullah souhaite les remercier en les soutenant aux ventes. Nos étalons sont bien représentés à la vente d’août cette année, avec de très beaux Frankel ou Kingman notamment… ainsi qu’Oasis Dream, lequel continue de donner de beaux poulains.
Un coup de cœur dans les étalons représentés par leurs premiers yearlings ?
J’ai aimé la production de Pinatubo et de Sottsass. De façon générale, je trouve que les yearlings issus de jeunes étalons sont plaisants. Il y a une belle diversité de jeunes sires, et il est très positif pour la France que d’avoir dans le pays des sires comme Persian King ou Hello Youmzain, dont les premiers yearlings sont aussi séduisants.
Hubert Guy : « La qualité des chevaux présentés a réellement beaucoup progressé depuis trois ou quatre ans »
Mageva et San Huberto à la vente de yearlings d’août ou encore Pizzicato à la vente v.2… Ces dernières années, Hubert Guy, à cheval entre les États-Unis et la France, a connu de la réussite du côté de Deauville.
Jour de Galop. – Quel est votre ressenti sur le catalogue de la vente d’août 2023 ?
Hubert Guy. – Je suis très agréablement surpris ! Sur le papier, le catalogue était très bon, mais je dois dire que les modèles sont à la hauteur. La qualité des chevaux présentés a réellement beaucoup progressé depuis trois ou quatre ans, le travail de sélection d’Arqana est très bon et les éleveurs se sont beaucoup professionnalisés. Désormais, la vente d’août n’a rien à envier au book 1 de Tattersalls ou aux premiers books de Keeneland. Elle se situe dans les plus hauts standards internationaux.
Pensez-vous acheter pour de nouveaux clients ?
Je devrais acheter des chevaux pour des clients américains mais pour rester courir en France, ainsi que pour une clientèle française assez diversifiée. Je fais aussi un peu de pinhooking, pour passer à la breeze up l’an prochain ici. Acheter un yearling en Europe en vue des breeze up américaines, c’est trop différent…
Un coup de cœur parmi les étalons représentés par leurs premiers yearlings ?
J’ai été assez impressionné par les produits d’Hello Youmzain, par l’homogénéité de leur physique et de leur locomotion. Tous les Sottsass que j’ai vus marchent remarquablement bien ! J’ai bien aimé aussi les Persian King, les Kameko, qui ne sont pas nombreux, et les Pinatubo, qui font très précoces.Â