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vendredi 22 novembre 2024

AccueilA la uneMaxime Cesandri : « À 1.000 € près, j’ai failli passer à côté d’Engaliwe ! »

Maxime Cesandri : « À 1.000 € près, j’ai failli passer à côté d’Engaliwe ! »

Maxime Cesandri : « À 1.000 € près, j’ai failli passer à côté d’Engaliwe ! »

Par Thomas Guilmin

tg@jourdegalop.com

Dimanche dernier à Deauville, Maxime Cesandri a remporté le deuxième Groupe de sa carrière d’entraîneur grâce à Engaliwe (Galiway) dans le Prix Minerve (Gr3). Un succès intervenu dix-neuf ans après celui de Comète (Jeune Homme), lauréate du Prix du Pin (Gr3). Rencontre avec un homme passionné, né d’une famille d’immigrés d’origine italienne, qui ose provoquer son destin…

Avant qu’elle ne remporte son Groupe, Engaliwe est passée par la catégorie des handicaps, où elle s’est imposée à deux reprises sur le sable. Maxime Cesandri a pourtant toujours cru en elle : « J’ai toujours pensé qu’Engaliwe avait du potentiel. Il n’est jamais simple de la situer car elle a une certaine nonchalance. Mais oser, c’est gagner. Les absents ont toujours tort. C’est pour ces raisons que je me suis permis de la courir à un tel niveau après avoir performé dans les handicaps. Son premier essai dans une course black type s’est soldé par une victoire dans le Prix de la Seine (L). J’avais longuement hésité entre cette course et le Prix Caravelle (L), à Toulouse. Mais j’ai fait le bon choix, pensant que la pouliche serait mieux sur le tracé de Longchamp. Juste avant sa victoire dans le Prix Minerve, elle avait confirmé dans le Prix de Royaumont, même si le terrain était plus léger. »

Le rêve de courir un Gr1

Dimanche, à son retour aux balances, le Qatar Prix de Royallieu (Gr1) a rapidement été évoqué. Mais après réflexion, la pouliche devrait également être engagée dans une autre épreuve lors du week-end du Qatar Prix de l’Arc de Triomphe (Gr1) : « Après la course, un ancien jockey célèbre, Dominique Bœuf, m’a dit d’arrêter de dire qu’elle était courageuse, mais plutôt qu’elle était bonne. Mais ma modestie m’en empêche (rires). Pourtant, c’est lui qui a raison. Avec ses propriétaires, nous allons discuter longuement mais je pense qu’elle va être engagée dans le Prix Chaudenay (Gr2), ainsi que dans le Prix de Royallieu (Gr1). Que cela soit 2.800m ou 3.000m, à mon sens, c’est presque pareil, d’autant plus qu’à cette période, les pistes sont souvent bien souples. Elle aime ça. »

Et dire qu’à 1.000 € près, ils ont failli ne pas l’avoir !

Engaliwe est passée deux fois en vente. La première fois, elle avait été présentée par le haras de Gassard à la vente de yearlings de novembre, où elle avait été achetée 8.500 € par Pegasus Bloodstock. Ensuite, elle était repassée sur le ring de la vente d’été d’Arqana lors de breeze up. Lorsqu’il l’a rachetée, l’entraîneur lyonnais a dû négocier avec le vendeur : « Lorsque j’ai eu la chance que ses propriétaires me proposent un cheval à entraîner, je n’ai pas hésité une seconde. Le bonheur a fait qu’ils m’ont proposé d’aller acheter un cheval à Deauville. Ce jour-là, j’en ai acheté deux, dont elle à la breeze up d’Arqana, en juillet. Son galop m’avait beaucoup plu, tout comme son comportement. Mais sur le ring, j’ai longtemps bataillé avec son vendeur, avant que je ne décide d’arrêter à 14.000 €. Mais quelques instants plus tard, j’ai appris qu’elle avait été rachetée. Le vendeur, Sherbourne Lodge, m’a alors dit qu’il en voulait 15.000 €. Et après réflexion, j’ai accepté. À 1.000 € près, j’ai donc failli passer à côté de cette belle histoire ! »

Comète, son premier gagnant de Groupe

Cela faisait dix-neuf ans que Maxime Cesandri n’avait pas remporté un Groupe. Son dernier succès avait été acquis dans le Prix du Pin (Gr3) avec Comète, une jument qui avait également fait ses armes dans les handicaps au tout début : « Comète a été la première pouliche qui m’a permis de remporter mon premier Groupe. Avant cela, elle avait gagné trois Quintés. De ce fait, j’avais vivement conseillé à son propriétaire de tenter quelque chose au niveau black type car, dans la vie, il faut oser les choses ! J’avais le choix entre une Listed à Craon ou le Prix du Pin. Et visiblement, j’ai fait le bon choix car elle a gagné facilement, étant montée par Davy Bonilla. »

L’enfance de Maxime Cesandri

Lorsque Maxime Cesandri évoque son arrivée en France, ainsi que son enfance, on ressent une certaine émotion : « À l’époque, le regroupement familial n’existait pas. Mon père n’avait donc pas eu d’autres choix que de trouver un travail stable en France avant que l’on puisse le rejoindre progressivement. Mon frère aîné est arrivé le premier. Ensuite, ma sœur cadette et moi sommes arrivés en même temps à Lyon, une ville que je qualifie comme étant un coup de cœur. J’avais sept ans. Les débuts ont été compliqués… Enfin, je dirais que ce n’est pas comme maintenant. On ne cherchait pas à nous faire apprendre le français, c’était à nous de nous débrouiller. Pendant plus de trois ans, je n’ai pas vu mes parents car j’étais en pension. »

Son arrivée dans le monde des courses

À l’époque, le jeune homme qu’il était n’avait aucune idée de ce que pouvait être le monde des courses. Tout est parti d’une rencontre : « On dit souvent que le hasard se provoque. Moi, en réalité, je n’ai absolument rien provoqué (rires). J’ai suivi un parcours scolaire classique jusqu’à mes 14 ans. Je suis d’ailleurs fier de dire que j’ai obtenu mon certificat d’études ! Et un jour, à quatorze ans et demi, je croise un de mes anciens camarades de classe dans les rues de Lyon. Nous échangeons sur notre parcours, et il me dit qu’il est apprenti jockey. Il m’a expliqué en quoi cela consistait, et j’ai rapidement souhaité faire cela. Mon père, à l’époque, m’avait fait comprendre que ce n’était pas un métier, une réaction tout à fait normale lorsque l’on n’est pas issu du sérail. Petit à petit, ma mère a dû essayer de le convaincre de me faire découvrir cet univers. Elle a joué un rôle très important. Car, un matin, mon père m’a demandé de m’habiller rapidement. Après quelques minutes de route, il m’a déposé dans une écurie sur l’hippodrome de Lyon-Parilly, et il est parti ! Si vous faisiez ça maintenant, les gens appelleraient la DDASS ! Mais un an plus tard, après avoir fait mes preuves, je montais ma première course pour cet entraîneur, monsieur Di Cicco. Dans les années 1950, il avait quand même remporté plus de 400 courses en tant que jockey avant qu’il ne s’installe entraîneur. »

Sa carrière de jockey

Jockey reconnu dans le Centre-Est, Maxime Cesandri n’a jamais hésité à prendre la direction des hippodromes parisiens lorsqu’il avait l’opportunité : « Ma carrière de jockey a duré environ trente et un ans. Même si j’étais basé dans le centre-est de la France, j’ai eu la chance de monter de temps en temps à Paris. Cela commençait à être l’époque où l’on pouvait se déplacer assez facilement. Car avant, lorsque l’on parlait de Paris, c’était le graal ! Maintenant, c’est un peu plus différent. J’ai été pendant dix-huit ans le premier jockey d’Alain Lyon. Ensemble, nous avions à cÅ“ur de faire du bon travail, tout en étant un peu prétentieux dans nos déplacements parisiens. Aujourd’hui, nous n’avons plus le préjugé de dire que c’est plus difficile à Paris. Bien sûr, cela reste compliqué, mais c’est comme partout. Honnêtement, je n’ai jamais ressenti un quelconque a priori entre les provinciaux et les parisiens. Que vous soyez plombier, charpentier ou électricien, il y aura toujours des personnes qui se prendront pour quelqu’un d’autre. Cela fait partie de l’humanité. »

Son installation en tant qu’entraîneur

Après une riche carrière de jockey, l’envie de devenir entraîneur s’est fait ressentir : « Je me suis installé entraîneur lorsqu’Alain Lyon a quitté la région lyonnaise pour venir s’installer à Maisons-Laffitte. Étant donné que je suis fidèle, j’ai voulu rester dans le Centre-Est, où je me sens bien. À Lyon, les gens me connaissaient, j’avais toutes les cartes en main pour réussir là-bas. Et c’est un endroit stratégique. De Lyon, vous pouvez aller partout en France car c’est à peu près le même temps de trajet. Avec le TGV, vous n’êtes qu’à deux heures de Paris. En camion, il faut compter quatre heures trente, cela reste relativement proche. Il y a pire comme endroit (rires). »

Ses plus beaux souvenirs

Lorsque l’on demande un souvenir à la plupart des personnes, ils citent un moment bien précis ou bien une histoire qui les a marqués. Pour Maxime Cesandri, c’est tout autre chose : « Mon plus beau souvenir en tant que jockey, c’est d’avoir pu monter durant plus de trente et un ans. En tant qu’entraîneur, mon plus beau souvenir, c’est d’entraîner depuis plus de vingt-cinq ans. Les courses ont toujours été ma passion. En premier lieu, ce que j’ai aimé plus que tout, c’était le côté sportif. Maintenant, je retiens surtout le côté passionnel… »

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