CHELTENHAM 2025
UN APOGÉE POUR L’ÉLEVAGE FRANÇAIS ?
Ces derniers temps, il n’y a pas qu’au rugby que la France domine. En remportant 12 Groupes à Cheltenham, les FR ont conquis l’Olympe de l’obstacle européen comme jamais auparavant. Le système d’élevage et de formation français a-t-il atteint son apogée ? Est-il condamné à faire moins bien à l’avenir ?
Par Adrien Cugnasse
Si cet article avait été publié il y a dix ans, nous aurions pu écrire sans flagornerie : « C’est un petit miracle, les FR ont remporté six Groupes à Cheltenham 2016, soit le même taux de réussite que les Irlandais, qui en ont gagné 13… mais avec deux fois plus de naissances ! » C’était en effet réellement un petit miracle qu’une filière de taille moyenne, comme celle des sauteurs français, parvienne à alimenter à la fois Auteuil et Cheltenham.
Au-delà des espérances
Depuis, les choses ont largement dépassé les espérances tricolores. À partir de 2023, IE et FR ont commencé à gagner le même nombre de Groupes lors du grand festival anglais : 10 chacun. Un équilibre impressionnant. Et en 2025, la France a tout simplement dominé : 12 victoires de Groupe pour les FR, contre 8 pour les IE et 3 pour les GB. Un score qui impressionne, d’autant plus que Cheltenham réunit toutes les forces de l’élevage anglo-irlandais, à la base bien plus large que la nôtre — et ce, alors que de nombreux bons FR restent entraînés en France. Si tous les Papot, Saint-Voir, Devin ou Détré traversaient la Manche, l’écart serait encore plus grand… En considérant toutes les courses (y compris bumpers et amateurs), on obtient : 13 victoires pour les FR (dont 5 Gr1), 12 pour les IE (dont 5 Gr1) et 3 pour les GB (dont 3 Gr1). La France est donc en tête, quelles que soient les méthodes de calcul. Mais peut-on reproduire cette performance dans le futur, avec des effectifs plus réduits que ceux des concurrents ?
La machine à rêve, la machine à cash
Par le passé, nous avons pu lire que l’élevage français surperformait lorsque le mauvais temps alourdissait la piste de Cheltenham. Cette année, nous avons eu le plus parfait contre exemple, et pourtant les FR ont cartonné comme jamais. Au point que les organisateurs ont commencé à parler d’arrosage une semaine avant l’évènement et que Galopin des Champs (Timos), le meilleur des FR, a été battu dans un terrain – « Good to soft » – bien moins souple que celui de ses deux victoires dans la Gold Cup – annoncé « soft » -. Ce qui est certain c’est que les FR ont été capables d’égaler – voire de dépasser – les IE lorsqu’ils ont atteint une certaine masse critique au départ des Groupes : depuis 2023, l’élevage français est représenté par environ 120 partants dans ces épreuves. C’est moins que les Irlandais d’élevage (180 partants cette année), mais cela permet d’avoir une chance significative de gagner alors même que le côté imprévisible de l’obstacle (beaucoup de favoris ont été battus ou sont tombés cette année) exige d’avoir suffisamment de munitions pour espérer s’imposer. Pour gagner 10 courses lors de Cheltenham 2025, Willie Mullins a par exemple présenté 75 partants sur quatre jours. Que l’on soit éleveur ou entraîneur, si on veut gagner la guerre… il faut une armée. Cette montée en puissance des effectifs de FR à l’entraînement outre-Manche est une mécanique implacable : plus l’élevage français gagne lors des grands meetings, plus les propriétaires étrangers ont envie d’acheter français, plus le label FR fait grimper les prix aux ventes et plus les courtiers/pinhookers passent au peigne fin les campagnes françaises. Au-delà du sport, Cheltenham n’est pas qu’une machine à rêve, c’est donc aussi une machine à cash avec des conséquences réelles sur l’élevage et le commerce. Car dans un marché à taille constante, les parts prises par les FR se font dans une certaine mesure au détriment de l’élevage anglais et irlandais. Mais Cheltenham est aussi une machine à cash : les bénéfices énormes de ce meeting permettent au Jockey Club britannique de financer les hippodromes et réunions moins rentables (voire déficitaires). En Angleterre, c’est l’obstacle qui paye pour le plat !
Les étalons
Parmi les étalons actifs dans notre pays en 2025 ayant sorti un gagnant lors du festival, il faut aussi citer Galiway (Galileo), Great Pretender (King’s Theatre), Karaktar (High Chaparral), No Risk At All (My Risk)… que des valeurs sûres ! Deux sires ont donné deux gagnants de Groupe lors de Cheltenham 2025 : le français Doctor Dino (Muhtathir) et l’anglais Golden Horn (Cape Cross). Personne n’est surpris de voir l’étalon du haras du Mesnil à un tel niveau. C’est par contre un véritable tournant dans la carrière de Golden Horn qui n’a que 13ans. Il avait cinq partants à Cheltenham : Poniros (JCB Triumph Hurdle, Gr1), East India Dock (3e du JCB Triumph Hurdle, Gr1) et Golden Ace (Unibet Champion Hurdle Challenge Trophy, Gr1). Comme vous avez pu le lire dans notre supplément obstacle, ces résultats ne sont pas exactement une surprise pour qui suit les statistiques : selon le taux de gagnants black types par partants sur les obstacles en Europe, Golden Horn faisait déjà partie du Top 10 européen l’an dernier et c’était l’un des plus jeunes à ce niveau. Certains aiment à décrire Golden Horn comme un étalon médiocre en plat. Certes il n’a jamais donné un gagnant de Gr1. Mais même avec de très bonnes juments, sortir 14,5 % de black types en plat par partants est très difficile… et la meilleure preuve vient du fait que très peu d’étalons en sont capables, même dans les grandes maisons.
La fabrique à étalons est cassée
Dans le palmarès de Cheltenham 2024, nous retrouvons plusieurs étalons ayant débuté en France, mais qui sont désormais partis en Irlande, comme Walk in the Park (Montjeu), Jeu St Éloi (Saint des Saints) ou Tirwanako (Sin Kiang). Les défunts Le Havre (Noverre) et Martaline (Linamix), qui ont actuellement des fils au haras en France, ont eux aussi fait parler d’eux : toutes les nouvelles sont bonnes à prendre quand on a un jeune sire à soutenir ! Ce qui frappe à la lecture de la liste des pères de gagnants de Groupe du festival, c’est le petit nombre d’étalons ayant débuté en Irlande sur le marché de l’obstacle. Ils ne sont que cinq ! C’est à comparer avec ceux ayant sailli leurs premières juments en France (14, dont 11 directement en obstacle), en Irlande pour le plat (3), en Allemagne (2) ou encore en Angleterre pour le plat (2). En Irlande, la machine à fabriquer des étalons d’obstacle semble donc être cassée depuis mal de temps. Mais il y a bien sûr quelques exceptions. On notera encore une fois la réussite éclatante de feu Ronnie O’Neill. À Whytemount Stud, cet irlandais a réussi à « sortir » des étalons que personne n’attendait comme Stowaway (Slip Anchor), l’étonnant Affinisea (Sea the Stars), qui semble en passe de faire mentir ses détracteurs ou encore Valirann (Nayef), le père de Lecky Watson (Broadway Novices’ Chase, Gr1). On ne s’attend pas forcément à voir un étalon par Nayef (Gulch) briller à Cheltenham ou même en obstacle tout court. Et pourtant, Valirann (gagnant du Chaudenay pour Alain de Royer Dupré) n’était pas le seul car il faut aussi noter la présence du quasi-inconnu Snow Sky (Nayef) qui a donné Sixandahalf (2e du Ryanair Mares’ Novices’ Hurdle, Gr2). Si vous avez le goût de l’aventure, les prospects étalons de Nayef ne doivent pas être bien chers…
Acquis ou inné ?
Il faut aussi dire que Cheltenham 2025 a un peu semé le doute dans nos convictions bien françaises. Les études statistiques de notre ami Bryan Mayoh attestent d’un effet positif de la sélection des étalons en obstacle et de la formation précoce des sauteurs, « à la française » donc. Ses conclusions sont irréfutables. Mais il ne faut pas confondre tendance et martingale. Et par exemple lors de Cheltenham 2025, si 19 étalons différents ont donné un gagnant de Groupe, seulement trois de ces sires ont eux-mêmes gagné sur les obstacles. Il sera intéressant de suivre dans les années à venir l’impact de l’utilisation massive des étalons passés par Auteuil sur la compétitivité de l’élevage français. Beaucoup de monde, y compris Willie Mullins, est persuadé que la formation des 2ans et des 3ans à la française a un effet bénéfique pour la carrière des meilleurs d’entre eux. En 2020, nous avions listé le parcours des 10 FR ayant gagné un Groupe à Cheltenham : sept avaient quitté la France déjà dressés sur les obstacles (70 %). Cette année, c’est cinq sur 12 (40 %). Entre-temps, le circuit des point-to-points irlandais a fait feu de tout bois et, commercialement parlant, il gagne du terrain tous les ans. C’est bien simple, sur l’ensemble des épreuves du festival, neuf gagnants, dont quatre lauréats de Gr1, sont passés par le circuit des point-to-points de 4ans. C’est tout simplement désormais le circuit de formation dominant, devant les bumpers de 4ans (six gagnants), les courses de 3ans sur les haies (quatre gagnants), le plat (trois gagnants) ou encore les bumpers de 5ans (deux gagnants). La réussite des FR, ce n’est donc pas que la résultante de la qualité de l’entraînement français car ceux formés en Irlande sont au rendez-vous des grandes échéances. Il y a forcément aussi une part génétique. Il est d’ailleurs intéressant de noter le profil des mères ayant donné un lauréat de Groupe à Cheltenham 2025 (quel que soit son pays de naissance) : quatre sont des juments de plat, quatre sont des juments nées pour l’obstacle en Irlande… et 15 sont des juments françaises ! Il doit y avoir quelque chose de bien pensé dans la sélection de la voie femelle dans notre pays ! Deux gagnants de Gr1 nés en Irlande et en Angleterre, The New Lion (Kayf Tara) et Inothewayurthinkin (Walk in the Park) sont d’ailleurs issus de juments françaises… Lors de Cheltenham 2025, trois étalons sont les pères de mères de deux gagnants de Groupe : Astarabad (Alleged), Vidéo Rock (No Lute) et Stowaway. Deux français et un irlandais.
L’Irlande riposte
Ces bons résultats ne doivent pas nous donner la gloriole : en matière d’élevage rien n’est éternel et la réussite est un combat permanent. Dans l’après-guerre, l’élevage français avait fait une véritable razzia sur les classiques anglais en plat, Marcel Boussac étant même sacré tête de liste outre-Manche. La situation a depuis bien changé ! Avec le recul, on voit que dans les années 1950, l’Angleterre devait faire face aux conséquences d’exportation massive de ses bons chevaux et reproducteurs hors d’Europe durant la période de conflit. Le galop anglais a mis des années à s’en remettre… avant de momentanément redevenir dominateur à domicile et d’être finalement très fortement concurrencé par les Irlandais. En obstacle, la France connaît actuellement un apogée en matière d’élevage qui est la conséquence de choix fait il y a cinq ou dix ans. Mais l’Irlande ne reste pas inerte et le programme pour les jeunes chevaux se développe réellement, notamment via les point-to-points, mais aussi avec la création d’un plus grand nombre d’épreuves officielles. Horse Racing Ireland a ainsi fait le choix de lancer des épreuves pour les 3ans sur les haies. À petite échelle dans un premier temps, avant d’éventuellement développer plus largement ce programme.
De même, tous les ans, les Irlandais achètent des juments et étalons en France. Et certains connaissent une réussite formidable (Walk in the Park, Blue Brésil…) On voit aussi que Coolmore, d’une part, et Willie Mullins, d’autre part, essaient de fabriquer eux-mêmes leurs étalons d’obstacle. Le Mullins Dead Cert (No Risk At All) a perdu Rachael Blackmore au dernier saut du Prix Rush, mais il était de toute manière déjà battu. Cet entier devra faire mieux pour gagner sa place au haras, mais on ne peut pas condamner un 3ans sur ses débuts. En attendant, c’est le Coolmore The Mighty Celt (RS) (Walk in the Park) qui a gagné le Rush, faisant un premier pas important en vue de devenir (un jour) étalon. C’est le deuxième 3ans entier qui gagne cette année en France sous la casaque de Susan Magnier… Les Irlandais n’attendent donc pas les bras croisés (voir encadré) ! Dans le même temps, une crise frappe le marché de l’obstacle car les principaux acheteurs ont réorienté leur budget des sujets d’élevage vers les chevaux à l’entraînement (que ce soit en course officielle ou dans les point-to-points). Les éleveurs de France, d’Irlande ou d’Angleterre sont donc tous en difficulté depuis l’année dernière car ils ont du mal à vendre leurs foals. En Irlande, on peut s’attendre à une réelle baisse des naissances. La contraction de l’offre est-elle annonciatrice d’une embellie commerciale pour les éleveurs français d’ici à quelques années ? C’est à voir car en France aussi les éleveurs d’obstacles semblent réellement réduire la voilure, surtout ceux qui n’ont pas les moyens de faire courir les invendus (et ils sont majoritaires). Et dans le même temps, les FR sont devenus extrêmement chers du point de vue des acheteurs étrangers. Ce qui alimente la baisse des exportations.
Impossible à reproduire ?
Les résultats de Cheltenham 2025 sont exceptionnels. Pour autant, sera-t-il possible de faire aussi bien dans l’avenir ? Rien n’est à exclure, mais la baisse des exportations ne nous facilitera pas la tâche. Car dans quelques années, on aura probablement en piste des générations où moins de FR ont été importés en Irlande ou en Angleterre. Tous les ans, Weatherbys publie son précieux Fact Book avec les données essentielles sur l’élevage et le commerce de la saison précédente en Angleterre et en Irlande. Un document indispensable pour comprendre l’évolution de la filière des deux côtés de la Manche. Un des éléments les plus frappants concerne les importations de chevaux en provenance de France : elles sont en très forte baisse. Entre 2021 et 2024, après quatre années de baisse continue, les importations de hongres (en majorité pour l’obstacle) de la France vers l’Angleterre sont passées de 441 chevaux à 160 ! Sur le même laps de temps, en Irlande, on est passé de 376 hongres français importés en 2021 à 103 en 2024. Là encore, la baisse a été continue sur quatre saisons. Pendant des années, certains se lamentaient du grand nombre d’exportations de sauteurs français. Désormais, il va falloir apprendre à vivre avec la baisse de ces exportations… et cela va bien sûr faire naître d’autres problèmes.
LES GROUPES DE CHELTENHAM 2025 (EN OBSTACLE)
Journée | Courses | Niveau | Gagnant | Pays | Père | Père de mère | Éleveur(s) |
1 | National Hunt Challenge Cup Amateur Riders’ Novices’ Chase | Gr2 | Haiti Couleurs | FR | Dragon Dancer | Argument | Famille Simon |
1 | Supreme Novices’ Hurdle | Gr1 | Kopek des Bordes | FR | No Risk At All | Cadoudal | Famille Hanquiez |
1 | Mares’ Hurdle | Gr1 | Lossiemouth | FR | Great Pretender | Gentlewave | Élevage des Vallons et Ian Kellit |
1 | Arkle Challenge Trophy Novices’ Chase | Gr1 | Jango Baie | FR | Tiger Groom | Kapgarde | André-Jean Belloir |
2 | Coral Cup Handicap Hurdle | Gr3 | Jimmy du Seuil | FR | Galiway | Equerry | Catherine Boudot |
2 | Jonnhy Henderson Grand Annual Challenge Cup Handicap Chase | Gr3 | Jazzy Matty | FR | Doctor Dino | Video Rock | Famille Magnien |
3 | Golden Miller Novices’ Chase | Gr2 | Caldwell Potter | FR | Martaline | Laveron | François-Marie Cottin |
3 | Ryanair Chase | Gr1 | Fact to File | FR | Poliglote | Trempolino | Michel Pehu |
3 | Brow Advisory & Merriebelle Stable Plate Handicap Chase (Magners Plate…) | Gr3 | Jagwar | FR | Karaktar | Video Rock | Jacques Cyprès & Laurent Couétil |
4 | Mrs Paddy Power Mares’ Chase | Gr2 | Dinoblue | FR | Doctor Dino | Astarabad | ML Bloodstock Ltd |
4 | Randox Health County Handicap Hurdle | Gr3 | Kargese | FR | Jeu St Éloi | Shaanmer | Thierry Cyprès |
4 | Albert Bartlett Novice’s Hurdle | Gr1 | Jasmin de Vaux | FR | Tirwanako | Grand Seigneur | Didier Desrayaud |
1 | Champion Hurdle Challenge Trophy | Gr1 | Golden Ace | GB | Golden Horn | Dubawi | Meon Valley Stud |
2 | Turners Novices’ Hurdle | Gr1 | The New Lion | GB | Kayf Tara | Astarabad | Robert et Jackie Chugg |
4 | JCB Triumph Hurdle | Gr1 | Poniros | GB | Golden Horn | Lope de Vega | Wilgerbosdrift Limited |
1 | Boodles Juvenile Handicap Hurdle | Gr3 | Puturhandstogether | IE | Caravaggio | Galileo | Noreen McManus |
1 | Ultima Handicap Chase | Gr3 | Myretown | IE | Dylan Thomas | Oscar | Longrove Stud |
2 | Betway Queen Mother Champion Chase | Gr1 | Marine Nationale | IE | French Navy | Definite Article | JB Bloodstock Ltd |
2 | Broadway Novices’ Chase | Gr1 | Lecky Watson | IE | Valirann | Stowaway | Ronnie O’Neill |
3 | Pertemps Network Final Handicap Hurdle | Gr3 | Doddiethegreat | IE | Fame and Glory | Sleeping Car | Kenneth Alexander |
3 | Dawn Run Mares’ Novices’ Hurdle | Gr2 | Air Of Entitlement | IE | Westerner | Stowaway | R. H. Lalor |
3 | Stayers’Hurdle | Gr1 | Bob Olinger | IE | Sholokhov | Zaffaran | Kenneth Parkhill |
4 | Gold Cup | Gr1 | Inothewayurthinkin | IE | Walk in the Park | Califet | Noreen McManus |
GERRY AHERNE (COOLMORE) : « ON NE PEUT PAS DOUTER DES RÉSULTATS OBTENUS PAR LES FRANÇAIS »
Notre ami et confrère James Thomas a publié ce mardi matin une excellente interview de Gerry Aherne dans Good Morning Bloodstock. Il détaille le plan de Coolmore qui envoie des entiers par Walk in the Park (Montjeu) à l’entraînement à Chantilly afin d’en faire des étalons. Membre de l’équipe de Coolmore, Gerry Aherne explique : « C’est l’idée d’un seul homme… et c’est celle du patron, Monsieur Magnier. Walk In The Park est cher à son cÅ“ur et nous savons tous à quel point c’est un bon étalon. Il s’est dit : « Comment allons-nous trouver un de ses fils pour essayer de perpétuer cette lignée ? Le but ultime serait de trouver un fils de Walk In The Park afin de le ramener à Grange Stud. C’est ce que nous aimerions faire car c’est un étalon incroyable. Monsieur Magnier, David Wachman en ont discuté avec moi. Nous sommes allés aux ventes et en avons acheté quelques-uns, puis nous les avons placés chez de très bons gars en Irlande. Damian Murphy m’a dit au milieu de l’été dernier, si je le laissais courir The Mighty Celt dans le Dewhurst, il battrait les poulains d’Aidan ! Évidemment, c’était dit en plaisantant, mais il a pu me dire que c’était un très bon cheval alors qu’il n’avait que 2ans. J’ai toujours été un grand partisan du système français, et on ne peut pas douter des résultats obtenus ainsi. Mais cela prouve qu’il s’agit plus d’acquis que d’inné. » On notera cependant que lors des débats et tables rondes organisées à ce sujet en Irlande, les éleveurs irlandais ont souvent exprimé leurs craintes de voir les souches traditionnelles de sauteurs de leur pays ne pas parvenir à s’adapter à un entraînement plus précoce. En effet, ces chevaux ont été sélectionnés pendant des décennies pour débuter bien plus tard que les Français. Certains s’adapteront, d’autres non. Et cela entraînera forcément une perte de valeur pour une partie des éleveurs irlandais. De la même manière, Horse Racing Ireland va devoir trouver des financements pour ces courses et essayer de trouver une place dans le programme. Les agences de vente essayent d’anticiper la question, en ouvrant de nouvelles sections dans leurs ventes dès 2025. Gerry Aherne poursuit : « Nous avons beaucoup travaillé lorsqu’ils étaient jeunes ; ils ont été débourrés à la fin de leur année de yearling, ils sont allés au travail chez Damian et Ciaran pendant l’automne de leur année de yearling et jusqu’au printemps à 2ans. Ensuite, nous les avons laissés tranquilles pendant l’été et nous les avons ramenés chez les deux « gars » avant d’en déplacer quatre ou cinq chez Noel et Amanda en septembre […] Ce ne sont pas des chevaux qui ont été débourrés il y a six semaines, ils ont déjà beaucoup travaillé. C’est ce que les Français font depuis 50 ans. Nous n’avons pas réinventé la roue, mais cela pourrait faire réfléchir et inciter es Irlandais à entreprendre les chevaux dès l’âge de yearlings […] Les propriétaires seront heureux de voir la vérité plus tôt. Les entraîneurs également. Les éleveurs le seront aussi car le pedigree de leur jument sera éventuellement valorisé plus vite. Plus besoin d’attendre qu’un cheval ait 6 ou 7ans pour savoir où l’on en est… »