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vendredi 14 mars 2025
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TITO MO CEN, LE RETOUR DE CARO ?

TITO MO CEN, LE RETOUR DE CARO ?

La lignée mâle de Caro et la France, c’est une longue histoire d’amour qui semblait un peu sur sa fin dernièrement. Dans notre pays, elle était même en train de s’éteindre… Mais ce printemps, Tito Mo Cen est un candidat classique. Et il porte en lui les espoirs de remettre son ancêtre Caro en selle !

Par Adrien Cugnasse

ac@jourdegalop.com 

La victoire de Tito Mo Cen (RS) (Uncle Mo) dans le Prix Maurice Caillault (L) a reçu un accueil mitigé. Pour les bonnes courses, certains y croient, d’autres non. Si on veut voir le verre à moitié plein, il faut dire qu’à la même date, Ace Impact (Cracksman) et Look de Vega (RS) (Lope de Vega) étaient de simples lauréats de maiden. Marhaba Ya Sanafi (Muhaarar) restait sur une victoire dans une Classe 2, tout comme Metropolitan (Zarak). Sur cette base, il paraît bien hasardeux d’écarter d’un revers de la main les espoirs de Tito Mo Cen parce qu’il n’a pas fait une démonstration dans le Maurice Caillault. Surtout s’il trouve du bon terrain dans les semaines et mois à venir. À lui de prouver sa capacité à rehausser son niveau de jeu lorsqu’il sera confronté à une opposition plus affûtée.

L’effet papillon

Évidemment, le premier bénéficiaire d’une hypothétique carrière à haut niveau sera Tito Mo Cen lui-même. Mais comme toujours en matière d’élevage, un bon cheval peut déclencher l’effet papillon. Il a suffi d’un bon cheval, No Nay Never (Scat Daddy), pour que tout le monde veuille des fils de Scat Daddy (Johannesburg) de notre côté de l’Atlantique. Dix ans plus tard, ils sont une bonne dizaine au haras en Europe et à peu près tous (à leur niveau bien sûr) ont eu un impact positif. Si Tito Mo Cen se révèle être un « vrai bon », courtiers et étalonniers ne se priveront pas de jeter un coup d’œil aux États-Unis pour voir ce qu’il est possible de récupérer parmi les fils d’Uncle Mo (Indian Charlie)… comme ce fut le cas avec les Scat Daddy il y a peu. Il faut dire qu’il y a plus de 20 étalons par Uncle Mo à la monte aux États-Unis ! L’étalon est (malheureusement) mort en décembre 2024, mais il a encore des foals et yearlings à passer en vente.

À la recherche d’un outcross

Mettre Uncle Mo et Scat Daddy sur le même plan est un peu hasardeux, je vous l’accorde. Mais tout de même, le père de Tito Mo Cen n’a pas à rougir de ce que ses produits ont réalisé en Europe avec deux lauréats de stakes sur 19 partants (10,5 %). Aux États-Unis, il a quand même donné 78 black types sur le gazon, soit environ 10 % de ses partants. À titre de comparaison, Justify (Scat Daddy), le benchmark, est à 12 %. Sans surprise, les associés de Coolmore, qui sont de tous les bons coups, ont déjà (un peu) essayé d’installer un fils d’Uncle Mo en Europe. Il s’appelait Lipizzaner (Uncle Mo) et c’était le cheval le plus chuchoté pour les premières courses de 2ans en Irlande. Comme cela arrive souvent à cet âge, Lipizzaner n’a pas forcément répété l’après-midi l’étendue du talent qu’il montrait le matin. Mais il s’est tout de même classé quatrième du Breeders’ Cup Juvenile Turf Sprint (Gr2) remporté par un autre produit de son père, Golden Pal (Uncle Mo). Dans les Norfolk Stakes (Gr2) 2020, il y avait deux Uncle Mo parmi les quatre premiers. Cela dénote d’une certaine adaptabilité au galop européen. L’élevage moderne européen est dominé par un nombre de lignées mâles très réduit. Et ce n’est pas exactement un hasard si les deux étalons du moment chez Coolmore sont Wootton Bassett (Iffraaj) et Justify (Scatt Daddy). Bien sûr, les deux ont des statistiques impressionnantes. Mais aussi (et surtout) ce sont deux outcross qui représentent une solution pour un nombre important de top-juments avec lesquelles bien des éleveurs sont « coincés » car elles ont trop d’ancêtres communs proches avec les autres top-étalons actuels. Un outcross, s’il est bon, c’est une véritable planche à billets !

Une réussite impressionnante et protéiforme

Tito Mo Cen est un descendant par la voie mâle de Caro (Fortino), lequel a dans un premier temps fait la monte au haras du Bois Roussel de son éleveur et propriétaire Margit Batthyany. Tête de liste des first crop sires français, Caro a été sacré tête de liste des pères de gagnants en France pour la saison 1977 grâce à Crystal Palace (Prix du Jockey Club) et Madelia (Poule d’Essai des Pouliches, Prix Saint Alary & Prix de Diane). Exporté aux États-Unis, il a donné Winning Colors (Caro), une des rares femelles à avoir remporté le Kentucky Derby (Gr1), ou encore Cozzene (Breeders’ Cup Mile). Ce qui est assez fou avec Caro, c’est qu’il est certainement l’un des seuls – si ce n’est le seul – étalon à avoir brillé dans des contextes aussi différents. Jugez plutôt : en obstacle, il a donné le très bon étalon Turgeon (Caro) et c’est l’ancêtre direct de Blue Brésil (Smadoun), sans oublier son fils Bruges (Caro), lauréat du Prix Ferdinand Dufaure (Gr1). En CSO, il a donné plusieurs chevaux de haut niveau, comme Ping Pong (Caro) et Tashiling (Caro), qui ont porté les couleurs de l’équipe américaine en Coupe des Nations.

Mieux encore, Caro a donné des améliorateurs aux quatre coins du monde. S’il n’a pas forcément été un grand étalon, Nebos (Caro) a tout de même été tête de liste des pères de gagnants en Allemagne pour la saison 1987, c’est-à-dire l’année où Lebos (Nebos) est devenu le premier de ses deux gagnants du Derby allemand (Gr1). Cozzene (Caro) a été tête de liste des pères de gagnants aux États-Unis en 1996, avant que son fils Mizzen Mast (Cozzene) ne prenne le relais. En Amérique du Sud, la lignée de Caro est aussi bien vivante, avec par exemple Parade Marshal (Caro) qui a été tête de liste en Argentine, tout comme son fils Not for Sale (Parade Marshal). Une telle réussite – sur des plans aussi différents – est quelque chose de rarissime. Mais en France, sa patrie d’origine, après les miracles de Kaldoun (Caro) – qui a été tête de liste dans notre pays – et les gagnants classiques de la production de son petit-fils Chichicastenango (Smadoun), la lignée semblait être en train de s’éteindre… sauf si Tito Mo Cen lui permet de repartir !

Caro aurait aimé le nouveau Jockey Club

En bon petit-fils de Grey Sovereign (Nasrullah), Caro a fait une bonne carrière à 2ans. Après avoir gagné au printemps, il s’est classé quatrième du Prix Robert Papin, mais aussi deuxième des Prix d’Arenberg et Eclipse. Son papier maternel apportait beaucoup de tenue et Caro a progressé à 3ans puis à 4ans. Ayant hérité sur tapis vert de la victoire dans la Poule d’Essai, il a prouvé qu’il n’était pas un usurpateur en remportant le Prix d’Ispahan sur 2.100m. Deuxième des Eclipse Stakes (Gr1), il n’a jamais eu la tenue pour gagner une course sur 2.400m, se classant troisième du Prix du Jockey Club et quatrième de l’Arc de Mill Reef (Never Bend). Voilà un cheval qui aurait apprécié le Jockey Club sur 2.100m ! Jean-Pierre Deroubaix, dont le père était directeur du haras du Bois Roussel pour Margit Batthyany, se souvient bien de Caro. Il nous a récemment confié : « C’était un grand cheval gris, pas très harmonieux. Il n’était pas méchant, mais il avait le caractère affirmé de la lignée Grey Sovereign. L’étalon avait fait l’objet d’une première offre de monsieur Yoshida père qui était venu au haras avec toute une délégation. Ils prenaient des touffes d’herbes, de l’avoine et de la luzerne dans des petits sachets pour les analyser… ce qui ne manquait pas de faire rire le personnel du haras. Mais la comtesse Batthyany n’était pas ravie à l’idée que son cheval parte dans ce pays qui n’avait rien à voir avec le Japon d’aujourd’hui. Cela aurait été, à cette époque, comme le vendre aujourd’hui en Chine ! Une offre à peu près équivalente est arrivée de Spendthrift Farm et Caro s’est donc envolé pour les États-Unis… » L’arrivée de la comtesse Batthyany en France dans les années 1960/1970 avait fait sensation. Avec ses moyens considérables, elle avait alors connu une réussite impressionnante dont le point d’orgue fut la victoire de San San (Bald Eagle) dans l’Arc 1972. Ce n’est pas sans rappeler l’arrivée tonitruante de Leopoldo Fernandez Pujals (Yeguada Centurion) dans notre pays un demi-siècle plus tard. Le voir briller avec Tito Mo Cen, un descendant de Caro, soit la grande réussite équine de la Comtesse, ne fait que renforcer cette impression de déjà-vu !

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