RÉFORMER LE PMU : UNE NÉCESSITÉ FACE AUX DÉFIS DU SECTEUR
Par Pierre Julienne, propriétaire et éleveur
« Je rebondis sur l’une de vos récentes réflexions concernant la structure juridique du PMU.
Il y a quelques années, l’État annonçait la privatisation de la Française des Jeux (FDJ). Il avait alors suggéré à notre filière d’envisager une démarche similaire pour le PMU. La réponse fut un « non ! » catégorique, comme à chaque fois qu’une réforme de fond est évoquée dans notre univers hyper frileux. Ce fut le cas avec les rapports Arthuis, Fillon ou Augereau, systématiquement enterrés.
Mais avons-nous pris le temps d’analyser pourquoi l’État tenait tant à cette réforme ? Il y avait sans doute une réflexion stratégique derrière cette suggestion, qui aurait mérité au moins d’être débattue. Était-il vraiment question de « brader » une filière qui génère près d’un milliard d’euros de recettes pour les finances publiques, qui dynamise nos territoires de manière remarquable et qui fait vivre des dizaines de milliers d’emplois ? (Voir l’article récent du Figaro sur la filière cheval.)
Une structure privée : des atouts indéniables
Aujourd’hui, le modèle du Groupement d’intérêt économique (G.I.E.) montre ses limites. Une structure privée présente de nombreux avantages, à commencer par la responsabilité entrepreneuriale de ses dirigeants, une meilleure réactivité et une souplesse accrue face aux évolutions du marché.
Certes, la privatisation fait peur. « On ne va quand même pas vendre les bijoux de famille ! » entend-on souvent. Pourtant, il est tout à fait possible de conserver le contrôle d’une telle structure en restant propriétaire des parts de la société ainsi créée. Un pacte d’associés peut encadrer la cession de titres éventuels à des tiers. D’ailleurs, un apport de capitaux extérieurs et de nouvelles compétences ne ferait pas de mal au PMU ! La FDJ en est un parfait exemple : depuis son ouverture au privé, elle affiche une croissance à deux chiffres depuis plusieurs années.
Un dialogue avec l’État serait une opportunité
Engager des discussions avec l’État, qui dispose dans ses rangs de hauts fonctionnaires capables de réflexions stratégiques, serait bénéfique. Cela permettrait également d’obtenir des contreparties fortes pour la filière, notamment sur les nouvelles formes de jeux, qui ont mis un temps considérable à se concrétiser.
Une entreprise privée peut aussi investir plus facilement. Elle pourrait, par exemple, emprunter pour se développer ou prendre des participations dans d’autres opérateurs de jeux, ce qui est extrêmement compliqué pour un GIE.
La concurrence : un stimulant plutôt qu’une menace
Dans une économie libérale, la concurrence est souvent un formidable accélérateur de performance. Ce qui importe avant tout, c’est que tous les opérateurs proposant des paris hippiques contribuent au financement de la filière, comme le prévoit désormais la loi sous le contrôle de l’Arjel.
D’ailleurs, de nombreuses fédérations sportives ont confié la gestion et la promotion de leur activité à des structures privées, tout en restant actionnaires majoritaires. Existe-t-il encore une seule grande entreprise commerciale dirigée par un GIE ou une administration ?
Il est temps de poser les bonnes questions et de ne plus systématiquement bloquer toute évolution. L’avenir du PMU – et plus largement de notre filière – mérite une réflexion pragmatique et audacieuse. »