OLIVIER DU MOTTAY, UN NÉOPHYTE INVESTI
La casaque (bleu clair, épaulettes et brassards grenat, toque à damiers grenat et bleu ciel) n’est apparue sur les programmes qu’en 2024. Beaumelles Racing, c’est le projet d’un homme, Olivier du Mottay, avocat d’affaires associé sein du cabinet Latham & Watkins, et de deux de ses fils. « Nous sommes des néophytes qui avons soif d’apprendre », précise Olivier du Mottay. Néophytes, mais pas complètement novices. L’un des fils a monté en CSO à bon niveau, et il est diplômé de l’école vétérinaire d’Alfort. Olivier du Mottay, lui, a comme oncle Alain de Royer Dupré… « Mais en dehors de l’Arc, du Diane ou de quelques matinées à l’entraînement, je n’ai que peu fréquenté les chevaux de course durant ma jeunesse ! »
Tout change il y a cinq ans, quand Olivier du Mottay prend une participation dans un cheval entraîné par son oncle, en même temps quasiment qu’il devient membre d’Everest Racing. Une première expérience qui lui donne de l’appétit. « Je pense avoir une âme de constructeur, de développeur, dans ma vie professionnelle comme dans des projets plus personnels. Beaumelles, je l’ai imaginé comme un loisir à vocation familiale, mais avec une exigence en termes de méthodologie et de résultats. Sous le regard bienveillant d’Alain, nous avons ainsi choisi de nous entourer de professionnels, comme Hubert Guy ou Ghislain Bozo chez les courtiers, Pierre Groualle et quelques autres chez les entraîneurs pour apprendre de leur expertise et de leur expérience… J’ai inculqué à mes enfants l’importance de donner le meilleur de soi-même : chez les chevaux, j’apprécie qu’on mette tout en œuvre pour qu’ils expriment au mieux leur potentiel. »
Méthode et rigueur
Actuellement, Beaumelles Racing c’est une quinzaine de chevaux à l’entraînement majoritairement en association, ainsi qu’un peu de pinhooking et quatre poulinières « pour équilibrer les comptes ». « Nous achetons principalement des yearlings. En choisissant un cheval bien né, bien fait, sain, on réduit les aléas, même si on sait que lorsque l’on travaille avec de la matière vivante, ces aléas demeurent toujours. Nous les sélectionnons avec les conseils des professionnels, en faisant fi des modes. Les ventes sont une occasion formidable de se faire l’œil, d’apprendre les pedigrees, d’affiner sa lecture du cheval… Je ne cache pas avoir une certaine ambition : j’ai compris que pour jouer dans la cour des grands, c’est ce marché du yearling qu’il faut investir… »
Olivier du Mottay a aussi une vision bien précise de la relation qu’il souhaite instaurer avec ses entraîneurs. « J’ai constaté que la communication n’était pas forcément le point fort de tous les professionnels habitués à évoluer entre spécialistes. Mais de mon côté, je n’ai pas vocation à être un mécène. Ce que je veux dire, c’est que je ne peux pas être à Chantilly tous les matins, mais j’ai envie d’avoir des nouvelles de mes chevaux de façon régulière et de comprendre le projet pour chacun. En revanche, ce sont eux les professionnels : nous n’interférons pas dans leur travail quotidien, tout en souhaitant pouvoir poser des questions, être associés à des décisions comme celles concernant les engagements. Il faut travailler en confiance, dans un respect mutuel. »
De l’ambition et du partage
Olivier du Mottay ne cache pas son ambition sportive. Mais il en nourrit d’autres, comme faire découvrir cet univers à des proches et les convertir au propriétariat : « J’ai envie d’endosser ce rôle d’ambassadeur. Très peu de personnes de mon milieu professionnel connaissent vraiment les courses. Mes enfants aiment aussi faire découvrir notre passion à leurs amis. Ce milieu que l’on a coutume de présenter comme fermé ne l’est pas. En tout cas, moi, je me suis senti très accueilli. En proposant des événements comme la RDE ou la visite de leurs locaux, France Galop va dans le bon sens. Concernant les réceptifs, on est en net progrès, mais on part de loin ! Il y a cette volonté de conquête, et c’est ce qui est positif. Quand j’ai expliqué vouloir convertir des proches, on m’a tout de suite informé des outils que l’on pouvait me proposer. » Membre très impliqué d’Everest Racing, Olivier du Mottay envisage de créer sa propre écurie de groupe. « Je l’imagine avec un esprit club, avec une certaine ambition sportive, réunissant des proches prêts à investir dans des chevaux de qualité… »
Également passionné d’art, Olivier du Mottay trouve des analogies avec les courses. « Il y a ce goût de l’esthétisme en commun, le fait que les génies peuvent sortir un peu de nulle part dans les deux secteurs… Mais surtout le côté passionnel : pour investir dans l’art comme dans les chevaux, il faut réellement aimer ça, et dans le cas des courses, aimer les chevaux… Dans une écurie, on met un peu de soi… » Après deux ans d’expérience, Olivier du Mottay est prêt à donner encore plus. En fédérant !