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mercredi 19 février 2025
AccueilA la uneET LE PMU DANS TOUT ÇA ?

ET LE PMU DANS TOUT ÇA ?

ET LE PMU DANS TOUT ÇA ?

Oublions un temps les divergences entre trot et galop pour nous concentrer sur la seule chose qui nous intéresse vraiment : le PMU. Pour objectiver l’inquiétude de beaucoup d’acteurs des courses, nous sommes partis des chiffres, en compulsant tout ce que nous avons pu trouver.

Pour commencer, en 2024, l’opérateur (après avoir revu ses objectifs en cours d’année) a réalisé un résultat 2024 stable à 837 M€ (légère hausse technique de 2 M€ en réalité, sur les 835 de 2023). Dans un contexte difficile comprenant les JO, l’Euro de football, et la crise économicopolitique (l’inflation, la dissolution de l’Assemblée nationale, une journée filière morte, la guerre en Ukraine, etc.), ce n’est pas un mauvais résultat. Beaucoup d’entreprises aimeraient délivrer un résultat positif, même légèrement, dans la période actuelle…

En revanche, puisque tout n’est jamais tout noir ou tout blanc, l’activité (le chiffre d’affaires) est en repli de 2 % sur la France. C’est même -2,5 % sur le réseau en dur, que ne minore qu’en partie la petite poussée sur le digital (en 2024, le PMU a gagné 2 points de parts de marché face à ses concurrents sur le hippique online)… sur un marché digital global où le pari sportif performe beaucoup plus fort. Dans les éléments en vert au bilan, il y a aussi l’international, avec une croissance portée par le Galop, dont les courses se vendent bien à l’étranger notamment en Asie.

On a beaucoup entendu que le PMU se serait écroulé en janvier 2025. Ce n’est pas le cas. Le premier mois de cette année est en réalité sur la même tendance que l’année 2024 : à la fois en baisse sur les enjeux France (-2 %) et en croissance sur la contribution nette, ce qui est très important puisque c’est l’argent qui sera reversé aux sociétés de course (+1,5 M€ en janvier par rapport à janvier 2024). Après trente et un jours en 2025 (il en reste 334…), le verre est donc à moitié plein et à moitié vide, avec moins d’enjeux mais plus de contribution filière.

Cette année, le PMU s’est engagé à reverser 8 M€ de plus à la filière : il lui reste donc onze mois pour gagner 6,5 M€, en plus des 1,5 M€ déjà gagnés. C’est de l’ordre du faisable. Si l’on parle en pourcentages de croissance, le PMU a promis aux sociétés mères de faire +1,8 % de contribution sur l’activité France ; dans une année impaire (sans JO, Mondial ou Euro de football, etc.), le PMU va déjà mécaniquement gagner 1 %. Il ne lui reste donc plus que 0,8 % à aller chercher pour atteindre l’objectif fixé.

L’autre élément assez préoccupant, quand on regarde les données chiffrées, c’est le nombre de parieurs. Pendant dix ans, le PMU a perdu des millions de clients ! Sur le sujet, il y a du mieux depuis deux ans, puisque le PMU en recrute 200.000 par an. Cela ne sera pas suffisant pour atteindre les taux de la FDJ (50 % de Français consomment ses produits, contre 7 % pour le PMU), mais la courbe est enfin réorientée vers le haut, même si c’est encore modeste.

Et l’avenir ? Finalement, c’est la principale question que l’on peut se poser. Nous voulons tous savoir s’il y aura encore des courses dans cinq ans comme les plus pessimistes l’annoncent ! Il est exact que le PMU fait face à de vraies difficultés. Avec une clientèle plutôt CSP, il affronte des sujets qui ne dépendent pas de lui : ceux du pouvoir d’achat, du chômage, etc. Les catégories sociales les plus fragiles sont en effet les plus exposées à la conjoncture. C’est leur consommation qui baisse quand la situation économique se tend. Pour pallier cela, le PMU a besoin de réinvestir dans le sport et dans le poker, en redevenant un opérateur multijeux, car c’est là que se trouve la fameuse clientèle plus jeune et plus aisée qui lui manque. À cet effet, un plan a été mûri depuis deux ans et est développé depuis cette année avec des investissements qui sont les plus élevés au sein du PMU depuis 2013 (nouvelle plateforme multijeux, nouveaux équipements, points de vente, etc.). Cela a commencé il y a deux semaines avec le poker. L’opérateur veut récupérer le fruit de ce redéploiement à partir de 2026.

En attendant, il faut travailler aussi le sujet du « course par course ». Car les clients du PMU restent moins longtemps dans les points de vente. D’où l’opération lancée cette semaine dans les commerces PMU pour faire gagner des bons de jeu utilisables dans la journée.

L’autre sujet épineux, connexe, est celui du réseau CHR (cafés-hôtels-restaurants), les établissements sans tabac. Le PMU est très exposé sur ce réseau qui a beaucoup souffert, en particulier avec le Covid (remboursement des prêts garantis, défaillances…). En valeur, les ouvertures de points de vente ne remplacent pas les fermetures des gros commerces historiques. Le PMU compense les fermetures mais cela ne tire pas assez la croissance.

Et puis il y a les sujets porteurs de gros espoirs, comme ces nouveaux jeux validés jeudi soir par le Conseil constitutionnel, où le lobbying des sociétés mères a payé. En plusieurs occasions, le PMU a parlé « d’énergiser les territoires d’offre ». En français, cela signifie : proposer de nouvelles manières de parier, en allant au-delà d’une simple amélioration des jeux existants – comme le PMU l’a fait tout au long de son histoire, par exemple en passant de deux à trois chevaux (Tiercé), puis quatre (Quarté+) puis cinq (Quinté+). Un exemple de ces nouveaux territoires d’offre : la nouvelle législation pourrait par exemple permettre aux joueurs de se réunir en pool, comme autour d’une table de poker, et de faire des pronostics sur une course à venir, le meilleur pronostiqueur raflant la mise globale, après déduction de la marge opérateur. C’est vraiment une approche très disruptive qui peut plaire à un public plus jeune, habitué à ce genre de mécanismes de risques/gains et de défis entre joueurs. Dans le combat pour l’élargissement de la clientèle, cela peut être game changer et représenter, à terme, plusieurs centaines de millions d’euros d’enjeux.

En consultant les archives des comptes du PMU, nous avons également cherché une autre donnée dont il a beaucoup été question ces derniers temps : le PMU a-t-il sabré ses dépenses de promotion pour pouvoir délivrer un meilleur résultat à la filière, au risque de compromettre l’avenir en ne mettant pas les moyens suffisants pour continuer à recruter et à fidéliser ? La réponse est plutôt non puisque depuis 2018, la réduction moyenne des charges commerciales du PMU a été de 1 M€/an. Pourquoi cette baisse ? Principalement parce que le PMU a abandonné certaines formes de promotions historiques (comme les partenariats onéreux avec de grandes compétitions ou institutions sportives) pour miser sur les nouveaux médias et le digital qui sont moins chers mais performent potentiellement mieux.

Enfin, parmi les choses qui nous semblent porteuses de redéveloppement, il nous semble qu’il faudrait continuer à augmenter le taux de retour joueurs, le fameux TRJ. C’est important car on sait que plus de TRJ égale plus de recyclage égale plus d’enjeux. Or depuis la réforme fiscale, le retour aux joueurs est financé en grande partie par la fiscalité, puisque le PMU n’est plus taxé sur son chiffre d’affaires mais sur sa marge. Si l’on donne plus aux joueurs, on paie moins d’impôts. Et les parieurs jouent plus. À court terme, ce serait la meilleure chose à faire.

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