MON NOUVEL AUTEUIL
[LES GRANDS ENJEUX 2025] Par Christopher Galmiche. En préambule, j’aimerais rappeler qu’Auteuil est le temple de l’obstacle depuis sa création en 1873, comme Longchamp l’est pour le plat depuis 1857. Auparavant, l’obstacle et le plat avaient d’autres hippodromes phares et les disciplines se sont adaptées à un site pour façonner nos chevaux. Mais Auteuil est devenu vital pour les éleveurs, leurs croisements, pour les entraîneurs, dans la manière de « fabriquer » des sauteurs et pour les joueurs puisque c’est sur la butte Mortemart qu’ils jouent le plus en obstacle. La première chose à écrire avant tout est qu’Auteuil doit être pérennisé. Nous ne pouvons pas passer d’« Auteuil sera refait », avec un comité dédié, à des rumeurs de projets qui nous semblent stupides… Auteuil n’est pas une variable de gestion ! Remettre en cause son existence serait une première pierre vers la fin du galop tel qu’on le connaît. En Angleterre, il y a Cheltenham et on court même en obstacle jusqu’à Ascot, pourtant temple du plat… L’obstacle français, le meilleur du monde sur de nombreux plans, DOIT conserver sa vitrine. Il a déjà donné sa part aux économies (Enghien), maintenant, ça SUFFIT ! La deuxième chose à écrire est qu’Auteuil peut très bien se réinventer sans une rénovation complète, qui coûterait un budget pharaonique comme son voisin de l’autre côté du bois de Boulogne.
Comment ?
En faisant simple ! Faire bien avec peu. Cela se fait dans tous les domaines du monde, de la cuisine au sport. Regardez par exemple le budget de l’équipe de football de Brest et son parcours en Ligue des champions. Tout est dans la tête ! Où peut-on prendre les bonnes idées pour un nouvel Auteuil ? En province ! Nos hippodromes provinciaux font généralement du très bon travail avec un budget limité. Exemple ? Pau. J’ai échangé récemment avec un confrère qui s’est rendu sur l’hippodrome de Pau le 11 décembre, pour le coup d’envoi du meeting d’obstacle. Il n’avait pas été au Pont-Long depuis une dizaine d’années. Il a été particulièrement séduit par ce que proposait le site palois me disant : « À Paris, il faudrait prendre exemple sur Pau, où les espaces de restauration sont variés, où l’on peut manger rapidement tout en profitant des courses. » Pau a un stand de la chaîne réputée Gueuleton, entre les écuries et le rond de présentation, il y a aussi le bar, un espace restauration à l’entrée et le restaurant panoramique, sans oublier les mets sucrés. Les dirigeants palois ciblent des dates et proposent des animations spécifiques sur celles-ci (Noël, équipes sportives de la ville, etc). Et ça marche ! Alors nous voyons déjà les Parisiens nous dire : à Pau c’est plus facile, il y a moins de divertissements et de concurrence. À ceux-là je dirai qu’il faut dépasser le périphérique et aller à Pau ! Il y a de quoi faire aussi en termes d’animations entre le Zénith, le Palais des sports, les nombreuses équipes sportives, les sports d’hiver, l’océan qui n’est pas si loin… Pau doit donc être pris en exemple pour faire le nouvel Auteuil. Comment ? En proposant des animations ciblées et thématiques sur certaines dates. Exemple ? Réouverture le 15 février, animations autour du ski, troc ou vente de vêtements pour le ski, voyage à gagner à la montagne. Lors du week-end du Grand Steeple, essayez de faire venir les équipes sportives voisines d’Auteuil (Stade Français et PSG, voire PFC) avec dédicaces. Pour la première réunion du mois de septembre, le samedi, pourquoi ne pas organiser un troc pour les affaires scolaires et un forum pour les enfants sur les activités sportives proposées autour d’Auteuil. Lors des 48 h de l’obstacle, ou pour le dernier dimanche d’Auteuil, on pourrait avoir un grand marché de Noël. Nous n’avons pas du tout laissé le temps aux Samedis d’Auteuil de s’installer. Lors du lancement, en 2021, nous étions en périodes de Covid. Il n’y a qu’une saison où ils ont eu lieu vraiment, c’était en 2022… Ces réunions thématiques marchent en province, et au trot. Pourquoi pas au galop ?
Faire venir la province
D’après l’interview que nous a accordée Frédéric Landon, vice-président de France Galop en charge de l’obstacle, avant les 48 h, les bénévoles de province pourraient être invités à Auteuil lors des grands week-ends, tout comme le public provincial, en s’appuyant sur notre réseau PMU. C’est ce qu’il faut faire ! Nous avons environ 14.000 points de vente PMU. Il y a forcément sur chacun d’entre eux au moins une dizaine de gens vraiment passionnés, prêts à venir en bus à Auteuil si l’on organise le voyage. Avec Karly Flight ou, plus près de nous, en Anjou, nous avons vu que les supporters peuvent venir de province et mettre de l’ambiance.Â
Le musée ? À réouvrir !
Ma première visite à Auteuil date du 15 juin 1997. Je suis arrivé par le souterrain et j’ai débouché à côté de la rivière des tribunes. Entendre les chevaux arriver sur la rivière et la sauter… Quelle sensation ! Mon amour de l’obstacle date de cette période. Je ne connais pas le détail des termes du contrat avec la ville de Paris, mais peut-être nous accorderait-elle la possibilité de placer des gradins démontables, les jours de Grand Prix, aux abords de certains obstacles ? Autre impératif qui ne nous coûterait pas cher : remettre en état et réouvrir le musée d’Auteuil. C’est aussi un lieu qui crée et entretient la passion. Et il a l’avantage d’occuper les néophytes pendant les longs intervalles entre les courses. À l’époque, nous pouvions y voir le squelette de Katko, des documents et des photos d’époque… Aujourd’hui, en passant devant, il est fermé avec des tas de cartons dedans. Dommage de se priver de cet atout, d’autant plus lorsqu’on sait qu’il est le seul musée des hippodromes de France Galop. On peut penser à le réouvrir et, pourquoi pas, faire un musée du cheval car, à ma connaissance, il n’y en a pas dans Paris. Il pourrait être agrandi et monté sur plusieurs étages. Cela ferait vivre la tribune public hors jours de courses en imaginant que le snack et le restaurant panoramique soient ouverts tous les jours comme le musée.
Le cas du restaurant panoramique
Longchamp propose un restaurant ouvert quasiment tous les jours. Pourquoi ne pas en faire de même avec Auteuil. Nous avons un restaurant panoramique qui propose une vue sur de la verdure et la tour Eiffel et nous nous en privons… Dommage là encore ! Pourquoi ne pas faire comme à Longchamp et ouvrir le restaurant tous les jours. Avec une bonne carte, sans les prix excessifs que l’on peut trouver parfois, cela fera vivre Auteuil. Le restaurant, le musée du cheval et la tribune public peuvent commencer à se rentabiliser. Sans oublier la location de salles. Pau le fait très bien là encore, en louant ces espaces à des entreprises privées. À mon sens, ce n’est pas l’écrin qui est important, mais ce que l’on y propose. Les Jeuxdis auraient certainement marché aussi dans l’ancien Longchamp. Plutôt que dépenser de l’argent pour des simples coups de pinceau, activons certains leviers très simples et efficaces comme les animations thématiques, le restaurant panoramique, le musée. Ce sera un bon début pour faire comme les enjeux en obstacle : remonter la pente !