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dimanche 5 janvier 2025

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LÉGENDES DES COURSES HIPPIQUES FRANÇAISES

HALL OF FAME

LÉGENDES DES COURSES HIPPIQUES FRANÇAISES

En cette fin d’année, JDG crée le premier « Hall of Fame des courses hippiques françaises ». Un projet pour honorer les grands acteurs du galop. Découvrez chaque jour les premiers intronisés… 

Aujourd’hui : Edmond Blanc (1856 – 1920)

Né le 22 février 1856 à Paris, Edmond Blanc est issu d’une famille bourgeoise et influente. Il est le fils du richissime François Blanc, fondateur de la Société des bains de mer de Monaco, qui a construit et exploité le casino et des hôtels de luxe à Monte-Carlo. Edmond grandit donc dans un milieu aisé lui permettant de recevoir une éducation de qualité. Dès son plus jeune âge, il développe une passion pour les chevaux, passion qui façonnera sa vie. Il révèlera un jour comment il remporta sa première course, alors qu’il était encore lycéen : “J’étais encore à Condorcet, je montais à cheval et j’avais une folle envie d’avoir un hack de pur sang. Mon père ne voulait rien savoir pour me l’acheter, mais un jour, ma mère me l’offrit. C’était une petite jument appelée Aubade. C’était une jument de selle parfaitement désagréable du reste. Je regrettais déjà le vieux poney qu’elle avait remplacé et je songeais à m’en débarrasser, lorsqu’un jour, j’eus l’idée de lui faire sauter quelques petits obstacles… elle les passa comme si elle n’avait fait que ça toute sa vie ! Alors, sans en rien dire naturellement à mon père ni à ma mère, je la mis à l’entraînement chez un petit entraîneur, Wilkinson. Quelque temps après, je l’engageai dans une course à la Marche… elle gagna la queue en trompette !” De cette première victoire avec Aubade, le 29 octobre 1876, à celle de Filon II le 8 novembre 1920 à Saint-Cloud, la célèbre casaque orange toque bleue ne quittera plus les champs de courses durant quarante-quatre ans. Et cette passion de jeunesse va contribuer à l’essor de l’élevage français dans le monde.

Héritier d’une fortune considérable à vingt et un ans, lorsque son père meurt en 1877, Edmond Blanc emploie donc son héritage à fonder un empire hippique. Ce cavalier accompli, parieur invétéré, fait alors l’acquisition de deux jeunes galopeurs. Parmi ces deux yearlings, Nubienne, achetée auprès de l’éleveur Léonce Delâtre, est un vrai coup de chance. En 1879, à l’âge de trois ans, Nubienne remporte tout d’abord le Prix de Diane, qui est tout simplement la meilleure compétition réservée aux pouliches. Elle s’impose ensuite face aux mâles dans le Grand Prix de Paris. Pour la petite histoire, Edmond Blanc double son allocation en jouant sa pouliche chez un bookmaker.

L’heureux propriétaire veut désormais élever les chevaux qui représentent ses couleurs comme le font les “grandes casaques”. C’est ainsi au même Léonce Delâtre qui lui a vendu Nubienne qu’il achète son premier haras en 1883, à La Celle-Saint-Cloud. Avec déjà une soixantaine de poulinière, l’espace manque, et son élevage s’étend aux haras de Villebon, de Jardy, de la Fouilleuse, de la Châtaigneraie et de Pouzac. Autre révolution pour l’époque, Blanc importe d’Amérique l’étalon Energy afin d’apporter du sang neuf dans la race française. Jardy devient l’un des haras les plus réputés d’Europe, grâce à la qualité des chevaux qui y sont élevés. La machine est lancée et le nouvel éleveur se consacre à l’amélioration des lignées de pur-sang, en utilisant des méthodes rigoureuses de sélection. Ses efforts portent leurs fruits et ses représentants commencent à remporter de nombreuses courses prestigieuses, tant en France qu’à l’étranger. Parmi les chevaux célèbres qu’il a élevés, on trouve Flying Fox, Ajax et Sardanapale, tous trois devenus des légendes des courses hippiques. Ses compétiteurs sont tellement dominants que leurs succès contribuent à renforcer la réputation de la France dans le monde des courses, jusqu’alors dominé par les Britanniques.

Cependant, on reproche à Edmond Blanc de subordonner ses investissements hippiques à des arrière-pensées politiques. Il est alors un homme public, patron de titres de presse conservateurs comme L’Écho de Paris et engagé dans le camp républicain de Jean-Casimir Périer. En 1890, il devient maire de La Celle-Saint-Cloud, là-même où il possède un haras, et se fait élire député des Hautes-Pyrénées en 1893, où il vient également d’acheter un haras dans le village de Pouzac. Pendant son mandat, il s’intéresse particulièrement aux questions agricoles et à l’amélioration des conditions de vie dans les campagnes.

Son élection à la députation en 1893 est à ce titre contestée et la gauche, menée par Jean Jaurès, fait grief à Edmond Blanc d’avoir corrompu ses électeurs : des fêtes pantagruéliques, le rachat de journaux locaux et le don de poulinières à des éleveurs locaux. Dans un long réquisitoire à l’Assemblée nationale le 17 mars 1894, Jaurès dénonce avec ironie le fait qu’Edmond Blanc “se transporte dans la circonscription de Bagnères-de-Bigorre, […] y fait simplement un acte d’industriel honnête, et en même temps, par une coïncidence heureuse, […] se trouve qu’il est candidat au bout de quelques mois dans la même circonscription”. Si la commission d’enquête infirme ses accusations, son élection est invalidée en 1894. Il est réélu aux élections législatives partielles qui se tiennent dans la foulée, ainsi qu’à la législature suivante en 1898. Son action dans l’hémicycle est d’ailleurs fortement imprégnée de son attrait pour les chevaux et va dans le sens de son activité de propriétaire-éleveur. Il milite pour une augmentation du prix des saillies des étalons nationaux et une augmentation des allocations des grandes sociétés de courses.

Ses activités législatives en faveur des courses hippiques n’empêchent pas l’écurie Blanc d’être en tête des propriétaires et des éleveurs français dans les classements du début du XXe siècle. En 1903, trois de ses pensionnaires (Quo Vadis, Caius et Vinicius) forment le trio du Grand Prix de Paris. En 1904, il obtient le record français de sommes gagnées en course, 1.631.678 francs. La tâche est cependant plus ardue outre-Manche, où ses pensionnaires finissent à trois reprises deuxièmes du Derby d’Epsom. La domination est toujours britannique. Ses talents d’acheteur, déjà prouvés dans sa jeunesse avec l’acquisition de Nubienne, ne se démentent pas. Il se fait l’acquéreur de Flying Fox, qu’il importe d’Amérique pour une somme folle d’un million de francs. Ce pari se révèle une nouvelle fois gagnant. Flying Fox finit tête de liste des étalons en France.

Mais Edmond Blanc doit tenir un rang, celui d’un homme qui est à la fois propriétaire-éleveur et homme politique. À l’aube du XIXe siècle, les trotteurs appelés alors “demi-sang” courent à Vincennes et Neuilly-Levallois. Le second hippodrome ferme ses portes en 1894 et laisse donc un vide dans les courses hippiques de trot, alors bien en peine face aux courses hippiques de galop, qui ont un grand succès à l’hippodrome de Longchamp. Il se porte acquéreur du domaine de La Fouilleuse, sur le territoire de Saint-Cloud et de Rueil-Malmaison, sur lequel il fait aménager l’hippodrome de Saint-Cloud et un centre d’entraînement, inaugurés en 1901. Le champ de courses est alors ouvert aux trotteurs et aux galopeurs. Ce sera l’une des plus grandes réalisations d’Edmond Blanc.

Idéalement situé à l’ouest de Paris, l’hippodrome clodoaldien est rapidement devenu l’un des lieux les plus prestigieux pour les courses de chevaux en France. Blanc voulait créer un espace moderne qui répondrait aux plus hauts standards du sport hippique. C’est une réussite. L’hippodrome de Saint-Cloud se distingue notamment par sa large piste en herbe, longue de 2.500 mètres, un arrosage automatique dont l’eau vient de la Seine, l’usage de boîtes de départ et des installations luxueuses. Il devient un lieu incontournable pour l’aristocratie et la bourgeoisie parisiennes. Le roi d’Angleterre Édouard VII visite même le champ de courses en 1905, ce qui est une forme d’aboutissement, quand on connaît le peu d’intérêt des britanniques pour les courses françaises de l’époque…

Pour Blanc, cette création a de nombreux avantages, certains étant totalement révolutionnaires. Son premier désir est de concentrer dans le voisinage de la capitale, élevage et entraînement de ses chevaux. Le second est de pouvoir entraîner sa cavalerie sur des pistes en gazon, rares à cette époque, les principaux sites proches de massifs forestiers devant se contenter d’allées sablonneuses. Ce qui fut longtemps considéré comme une des raisons de la domination des concurrents britanniques. Enfin, tout cela est rentabilisé par la location du site comme hippodrome.

Edmond Blanc meurt de maladie à Neuilly en 1920. Propriétaire et éleveur, fondateur d’hippodrome et homme politique, sa figure rappelle celle du duc de Morny. Comme lui, une course porte son nom. Le Prix Edmond Blanc se dispute chaque année sur l’hippodrome qu’il a fondé (le Prix Morny se courant à Deauville). C’est son épouse qui reprend son effectif. Et ce sont ses écuries de La Fouilleuse qui abritent le champion Ksar, qu’il avait acheté yearling. Ce dernier remporte à deux reprises, en 1921 et 1922, une course qui vient d’apparaître dans les programmes… le Prix de l’Arc de Triomphe. La domination se poursuit et aujourd’hui encore, son nom est toujours associé à l’excellence dans le monde des courses hippiques. Son influence perdure également dans les lignées de chevaux de course qui continuent de dominer les compétitions internationales. Son travail pionnier dans l’élevage de chevaux et dans l’organisation des courses a marqué durablement l’histoire du sport hippique en France.

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