LES COURSES EN 2024
La Conférence ne pouvait pas commencer sans un discours du président de l’Asian Racing Federation (A.R.F.), Winfried Engelbrecht-Bresges, également président-directeur général du Hong Kong Jockey Club et président de la Fédération internationale des autorités hippiques. Si l’on en croit ses proches, il adore cet exercice. En environ 45 minutes – timing respecté –, Winfried Engelbrecht-Bresges a analysé les différents aspects marqueurs de la santé des courses, et présenté quelques défis à relever.
Dans cet état des lieux, commençons par les naissances : elles sont dans l’ensemble plutôt stables dans les principaux pays de courses et d’élevage de l’Asian Racing Federation, ainsi qu’en Europe. Les États-Unis, on le sait, ne sont pas dans le même cas et font face à un vrai défi depuis de nombreuses années.
Passons aux résultats des ventes côté Asie, avec une mention très bien pour l’Afrique du Sud. Pas un hasard : les levées des restrictions sanitaires, fruit d’un très long travail, sont un grand espoir pour le développement du secteur économique des courses dans le pays. La tendance globale des principales ventes en Asie indique un haut du marché fort, un marché intermédiaire qui a tendance à stagner, voire à baisser, et un bas du marché en souffrance. La France est donc loin d’être un cas isolé…
Côté allocations, l’Asian Racing Federation se porte bien, si ce n’est très bien, caracolant loin devant l’Europe et les États-Unis. Qui dit allocations dit enjeux et sur ce point, cela se complique en Asie depuis la pandémie de Covid 19… à part au Japon, qui fait figure d’exception. Au-delà des chiffres “purs et durs”, on note aussi une baisse de la place qu’occupe l’hippisme sur le marché des paris “sportifs” au sens large du terme (incluant l’hippisme). En 2020, les courses représentaient 43 % de ce marché global ; ce n’est plus que 34 % en 2023. C’est une tendance inquiétante, au centre de cette première journée de débats : comment créer, attirer et garder les parieurs et, plus largement, les fans ?
Une autre donnée pour illustrer ce même phénomène est le nombre de spectateurs. Bonne nouvelle : les grands meetings se portent bien, très bien même, retrouvant les niveaux pré-Covid si ce n’est plus. En revanche, les chiffres de la fréquentation moyenne sur une année/saison à Hongkong ou au Japon – où l’on a parfois tendance à penser, depuis l’Europe, que tout va bien, ce qui n’est pas totalement le cas – montrent que nous sommes loin de la situation de 2019 (avant Covid). « Les attentes des clients ont évolué », souligne Winfried Engelbrecht-Bresges.
Des challenges immédiats à relever
Winfried Engelbrecht-Bresges expose plusieurs problématiques urgentes pour le monde des courses :
– La fragmentation du secteur. Comment réussir à unifier un sport qui se gère de façon fragmentée, sur la scène internationale évidemment, mais aussi parfois sur la scène nationale (l’Australie est elle-même fractionnée au niveau des États, par exemple). En allant plus loin, la situation se complique par exemple quand, comme c’est le cas en Grande-Bretagne, il faut réussir à faire s’accorder une multitude d’acteurs : propriétaires, éleveurs, entraîneurs, jockeys, hippodromes, autorités de paris, etc. Un vrai casse-tête : il faut résoudre les problèmes localement mais aussi garder en tête, pour le développement du sport, qu’il faut agir sur le plan international.
– L’acceptation par la société civile. Tous les pays hippiques ne sont pas touchés de la même manière par cette question que l’on appelle la “licence sociale” : pour exister, il faut l’accord et l’acceptation du public. Cela passe par le bien-être équin – en course comme après la carrière – mais aussi par l’humain. L’un va rarement sans l’autre. Cela passe aussi par le fait de répondre aux attentes du public sur les différents sujets de société, comme le changement climatique ou la gestion de l’eau. Il n’y a pas que l’herbe de nos hippodromes qui doit être verte ; notre sport doit l’être aussi.
– La lutte contre les paris illégaux. C’est un sujet important quand on sait que le marché illégal de paris augmente vite, bien plus vite que le marché légal. On parle de 1,7 trillions de dollars par an. Le marché illégal n’a aucune régulation et ne rend rien au sport hippique. Le marché légal, au contraire, a tendance à être en surégulation. Là encore, ce n’est pas la Grande-Bretagne qui vous dira le contraire, en cette semaine où les vérifications de solvabilité sont mises en place…
– Faire face à une base de clients vieillissante. Le sujet touche l’ensemble des juridictions hippiques.
En quelques mots : il faut accepter le changement, réviser nos classiques sans tabou et collaborer davantage.
TOTE, TAXES, TECHNOLOGIE, MARCHÉ ILLÉGAL
Le pari finance les courses. Et leurs opérateurs font face à de nombreux défis, le premier étant le développement du marché illégal. Cela a été au cœur des discussions, avec en fil directeur une autre question : comment rendre le pari mutuel, le plus vertueux pour la filière, plus attractif ?
En Australie, Tote (pari mutuel) et bookmakers (cotes fixes) se côtoient. Peter V’Landys, président-directeur général de New South Wales, penche du côté du premier système, plus vertueux : « Il faut promouvoir le Tote. On voit qu’il y a une vraie fixation sur les cotes fixes mais il faut encourager à se diriger vers le pari mutuel. En ce sens, le world pool est un très bon moyen. Il nous faut trouver une stratégie pour remettre le mutuel au cœur d’un marché obnubilé par la cote fixe. »
Sur le world pool, ce n’est pas Winfried Engelbrecht-Bresges qui dira le contraire puisqu’il s’agit de son bébé : « Le world pool est un moyen important pour créer un programme de courses plus intéressant, dans un monde où de nombreuses grandes épreuves se succèdent mais où il manque parfois un lien. Le world pool est passionnant, il permet de confronter les opinions de différents pays. Un cheval peut être favori à un endroit et pas à un autre. Il permet aussi un marché stable.
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