Wathnan Racing, Al Shaqab Racing… au Qatar, les lignes bougent
Le Qatar est plus que jamais un acteur majeur du galop à travers le monde. Deux nouvelles d’importance sont tombées cette semaine, l’identité du propriétaire de Wathnan Racing et le nom du nouvel entraîneur privé d’Al Shaqab Racing au Qatar.
Par Adrien Cugnasse
ac@jourdegalop.com
Jeudi après-midi, nos confrères du TDN ont envoyé une alerte diffusée par email et sur les réseaux sociaux avec ce titre : « L’émir du Qatar est le propriétaire de Wathnan Racing. » L’annonce s’est rapidement propagée et elle a notamment été reprise par International Thoroughbred, The Racing Post, Nick Luck Daily, Equos… et même dans la presse généraliste (The Telegraph et The Sun par exemple). Depuis l’automne dernier, la question était devenue un véritable secret de polichinelle et, en l’absence de confirmation officielle, la presse hippique respectait la volonté de discrétion de l’équipe de Wathnan Racing. Ce qui a changé, donc, c’est qu’Emma Berry (TDN) a été la première journaliste à réussir à se faire officiellement confirmer que Wathnan Racing était l’entité hippique de l’émir du Qatar. C’est-à -dire le cheikh Tamim bin Hamad Al Thani. Vendredi matin, le courtier Richard Brown (qui a acheté Courage Mon Ami) a déclaré au micro de Nick Luck : « Malheureusement, l’Emir n’a pas venir à Ascot lui-même, mais des représentants e Wathnan Racing étaient là . J’espère que nous le verrons sur un hippodrome britannique à l’avenir, ce serait formidable. » L’information avait déjà fuité à plusieurs reprises çà et là dans la presse hippique internationale. La première fuite – totalement involontaire – remonte au 16 février dernier, dans une interview accordée au site d’information hippique Asian Racing Report. Le jockey Alberto Sanna y annonçait : « Pour être au top au Qatar, il faut être le jockey de l’écurie Wathnan, celle de l’émir. Ils ont le meilleur entraîneur, Alban de Mieulle, et il a ses jockeys, Ronan Thomas et Soufiane Saadi. C’est comme conduire une Ferrari contre une Toyota. » Asian Racing Report s’adressant principalement à une audience australienne et asiatique, la nouvelle était passée inaperçue chez nous et n’avait pas été reprise par les médias hippiques européens.
D’un monarque à l’autre
En Angleterre, la présence du roi Charlesâ—‹III et de la reine Camilla lors du meeting de Royal Ascot est perçue comme un soutien très fort et indispensable pour l’avenir des courses. Wathnan Racing a gagné deux Groupes lors du meeting de Royal Ascot, la Gold Cup (Gr1) avec Courage Mon Ami (Frankel) et le Queen’s Vase (Gr2) avec Gregory (Cracksman). Le cheikh Tamim bin Hamad Al Thani est un homme jeune – il est né en 1980 – et c’est l’un des leaders les plus influents du monde arabe. Assurément, pour les courses, c’est un atout énorme de pouvoir compter sur sa présence. Notamment vis-à -vis des pouvoirs publics occidentaux, qui ont la volonté de maintenir de bons rapports avec le Qatar. On connaît tous l’implication des membres de la famille Al Thani au galop en France (nombreux sponsorings, haras, chevaux à l’entraînement…) et en Europe via Qatar Bloodstock, Al Shaqab Racing, Al Shahania Stud, Umm Qarn… Le Qatar a considérablement investi à domicile pour développer son programme local, avec la construction d’un deuxième hippodrome et une augmentation spectaculaire des allocations. Pour se faire une place dans cet univers très compétitif, Wathnan Racing a dépensé (sans compter les amiables comme Courage Mon) 1,75 million de Gns chez Tattersalls pour des chevaux à l’entraînement, 340.000○€ à la vente de l’Arc et 1,34 million lors de la vente de pur-sang arabes de Saint-Cloud. Les achats ont été supervisés par Olly Tait (également racing manager), Richard Brown et Alban de Mieulle. Wathnan Racing est le propriétaire tête de liste au Qatar lors de la saison 2022-2023. Et sous cette casaque et l’entraînement d’Alban de Mieulle, Abbes (TM Fred Texas) a remporté HH The Amir Sword (Gr1 PA), épreuve majeure du calendrier international pour les pur-sang arabes.
La nouvelle vie de Jean de Mieulle
Installé dans l’ouest de la France, Jean de Mieulle a réalisé un bon début de carrière en tant qu’entraîneur, en remportant notamment plusieurs Groupes chez les pur-sang arabes à l’international. Le jeune entraîneur nous a confié cette semaine : « Au lendemain du Qatar Prix de l’Arc de Triomphe, je vais devenir entraîneur privé pour Al Shaqab Racing. En début de saison, l’effectif devrait être composé de 45 chevaux au Qatar, des pur-sang arabes et des pur-sang anglais. Mon centre d’entraînement actuel – à Morannes dans le Maine-et-Loire – deviendra un centre de pré-entraînement. Les chevaux feront la navette entre les deux pays. Je serai sept mois au Qatar et cinq en France mais je ferai des allers-retours pour voir où en sont les chevaux. Fin avril, lorsque la saison au Qatar se termine, je reviendrai à Morannes avec ceux éligibles pour courir en France. Et les chevaux qui seront au pré-entraînement travailleront un peu plus sérieusement pour préparer les saisons suivantes au Qatar. Une équipe sera constamment dans le Maine-et-Loire avec comme responsable Angelo Gasnier. Au Qatar, mon assistant sera Elvis Armas. Je suis vraiment ravi. Au moment où l’écurie est en plein boom, nous avons de bons résultats et pourtant je n’arrive pas à recruter. En parlant avec mes collègues entraîneurs, nous remarquons que nous avons tous le même problème. Au Qatar, c’est un problème que je n’aurai presque plus. Le Qatar, c’est ma deuxième maison, j’y ai travaillé pendant cinq ans. Lorsqu’Alban de Mieulle, mon oncle, entraînait des chevaux pour Al Shaqab Racing, j’ai pu rencontrer le cheikh Joaan bin Hamad bin Khalifa Al Thani à plusieurs reprises. Je suis ravi de me lancer dans l’aventure à ses côtés. Un centre privé est en construction au Qatar. Nous aurons toutes les clés pour gagner de bonnes courses… »