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mercredi 2 octobre 2024
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VOICI L’HISTOIRE DU MEILLEUR CHEVAL DU MONDE

VOICI L’HISTOIRE DU MEILLEUR CHEVAL DU MONDE

Ce sera bientôt officiel. Selon les ratings, Goliath, entraîné à Chantilly, est le meilleur cheval de gazon du monde suite à son écrasante victoire dans les King George ! Voici son histoire, racontée par Adrien Cugnasse. Partie 1 ce soir : “La stratégie gagnante de Schlenderhan”. Partie 2 demain : “Un croisement bien connu des éleveurs français”.

Par Adrien Cugnasse

ac@jourdegalop.com

Ce mardi matin, notre confrère Scott Burton a titré dans le Racing Post : «Les Nassau, autre sommet britannique à tomber entre des mains françaises ?» Notre confrère faisait référence à la participation de Sparkling Plenty (Kingman), gagnante du Prix de Diane, aux Nassau Stakes (Grs1). Comme beaucoup de bons chevaux élevés par Jean-Pierre Dubois – de Sauterne (Kingman) à Stacelita (Monsun) – son origine trouve ses racines au Gestüt Schlenderhan. On peut le dire, l’année 2024 est un grand cru pour les origines façonnées par le clan Ullman. Calif (Areion) vient d’offrir le Grosser Dallmayr-Preis (Gr1) aux Lerner. Lui aussi vient de la souche des «S» de Schlenderhan. La famille des «A», celle d’Adlerflug (In the Wings), Galileo (Sadler’s Wells) et Sea the Stars (Cape Cross), continue son incroyable odyssée. Los Angeles (Camelot), qui en est issu, a remporté le Derby d’Irlande (Gr1). Toujours dans cette même lignée, le haras de Beaufay a ainsi eu le bonheur de voir son élève Rashabar (Holy Roman Emperor) remporter les Coventry Stakes (Gr2). 

Efficaces !

La victoire de Goliath (Adlerflug) dans les King George VI and Queen Elizabeth Stakes (Gr1), dans un style éblouissant, nous rappelle que les Ullman parviennent à s’asseoir régulièrement à la table des grands alors qu’ils n’ont “qu’une grosse vingtaine” de chevaux à l’entraînement et une trentaine de poulinières. Bien sûr, cela peut vous sembler beaucoup mais c’est infiniment moins que Coolmore, Darley et Godolphin…

Dans les campagnes françaises, y compris en obstacle, il y a une certaine mystique autour du nom de Schlenderhan. C’est un haras mystérieux, que peu de gens ont visité, mais dont le nom est très connu. Il faut dire que sur les 15 dernières années, les élèves ou représentants des différentes casaques de la famille Ullman ont sailli environ 2.000 juments françaises, de Mare Australis (Australia), en passant par Ivanhowe (Soldier Hollow) ou encore Manduro (Monsun)… pour ne citer que les trois plus connus. Les étalons de Schlenderhan ont eu beaucoup de fils au haras chez nous : Monsun (Königsstuhl) en a eu à lui seul une bonne vingtaine ! Et Adlerflug a trois fils stationnés en France cette année : Mendocino (haras du Lion), Dicaprio (haras du Taillis) et Savoir Vivre (haras du Taillis).

Classiques et anticonformistes

Ce qui est vraiment marquant dans l’histoire de Schlenderhan, c’est cette volonté constante d’essayer d’importer de nouvelles familles de l’étranger, tout en maintenant les lignées maison. C’est comme si Schlenderhan avait un hémisphère droit fonctionnant dans la tradition protectionniste allemande et un hémisphère gauche purement libéral ! Dans la continuité de ses ancêtres, le jeune baron Philip von Ullmann poursuit dans cette double veine. Il a par exemple acheté une nièce de Kingman (Invincible Spirit) par No Nay Never (Scat Daddy) pour 780.000 Gns il y a deux ans, lors du book 1 de Tatts. L’autre grande œuvre de disruption des Ullman, c’est d’essayer de sortir d’Allemagne pour disputer les grandes épreuves internationales. À quinze reprises, sur un siècle, ils ont couru l’Arc. Comme le disait si bien Marcel Boussac : pour vendre des chevaux de course et des reproducteurs, il faut courir sur la scène internationale car c’est la seule vitrine valable. C’est exactement ce que font les Ullman. 

Sortir de l’isolement

Traditionnellement, le galop allemand vivait en vase clos, avec les reproducteurs du cru et en visant le programme local. Mais pendant l’Entre-deux-guerres, on a commencé à voir plus de chevaux allemands à l’étranger. Puis la Seconde guerre mondiale a mis un coup d’arrêt à ces ambitions internationales, et l’Allemagne hippique a vécu quasiment en vase clos des années 1940 aux années 1980. Dans les années 1970, la victoire du Schlenderhan Priamos (Prix Dollar et Prix Jacques Le Marois) a donc fait sensation tant elle était inhabituelle. Et les Ullman, comme la comtesse Batthyány ou la famille Jacobs, ont progressivement commencé à faire sortir le sang allemand du pays, tout en important plus de juments étrangères. Au même moment, les Ullman ont vendu la célèbre Schönbrunn (Pantheon) à Daniel Wildenstein après ses victoires classiques. Il faut dire que le grand éleveur français avait les idées larges, ayant acquis un champion australien (Strawberry Road) – et même soviétique, après avoir envoyé Maurice Zilber en mission très spéciale de l’autre côté du mur pour mettre la main sur le champion russe Anilin (Element)… en vain !

L’homme qui a failli tuer Hitler

Pour les Wildenstein, Schönbrunn fut une réussite au haras : on lui doit notamment Sagace (Luthier) et Simply Great (Mill Reef), qui fut le grand espoir d’Henry Cecil pour le Derby 1982 après sa victoire dans les Dante Stakes (Gr2). Las ! Il “cassa” dans un galop cinq jours avant l’épreuve… Mais sa victoire dans les Dante inspira Lord Howard de Walden, qui ramena d’Allemagne une jument de la même origine Schlenderhan afin de la croiser avec Mill Reef (Never Bend) et ses fils. D’où Sandy Island (Mill Reef), gagnante des Pretty Polly Stakes, mais aussi et surtout Slip Anchor (Slip Anchor), lauréat du Derby par sept longueurs ! Cet aristocrate britannique connaissait bien l’Allemagne. Alors qu’il était étudiant en langues étrangères à Munich, il était en retard, roulait trop vite et renversa un certain Adolf Hitler, loin d’être encore à la tête du Reich… sans lui infliger de graves blessures. Plus tard, le Britannique reconnaîtra qu’il aurait certainement dû rouler encore plus vite sur les routes munichoises ! Cela aurait vraisemblablement rendu un grand service à l’humanité. Mais aussi à la chose équine. Car après guerre, une bonne partie des galopeurs allemands ont été mangés par une population affamée. D’autres ont été volés par les Russes. D’autres encore ont été bannis du stud-book international car issus de spoliations (comme pour les descendants du Boussac Pharis). C’est l’autre grande explication de l’isolement post-guerre des Allemands : il leur a fallu beaucoup de temps pour rebâtir un élevage. Mémoire vivante du galop dans son pays, Philippe von Stauffenberg explique : « D’une certaine manière, pendant des décennies, les Allemands ont préféré faire profil bas car ils n’étaient pas forcément les bienvenus à l’étranger. En outre, il y avait aussi un doute sur la véritable qualité de nos chevaux. La seule manière de lever ce doute, c’était de courir hors d’Allemagne. » Issu d’une grande lignée d’entraîneurs, Andreas Schütz se souvient : « Mon père fut l’un des premiers à beaucoup courir à l’étranger. Mais nombre de ses contemporains préféraient ne pas prendre de risque en se cantonnant au programme local. Il faut aussi dire que les allocations allemandes ont pendant très longtemps largement soutenu la comparaison avec les autres nations hippiques européennes. » 

Les bénéfices de l’ouverture

Pour ce qui est du cas particulier de Schlenderhan, il faut aussi dire que le haras a connu un manque de résultats pendant plusieurs décennies. Et ce jusqu’au changement de directeur. L’arrivée de Gebhard Apelt – encore en place à l’heure actuelle – a complètement changé la donne. C’est aussi sous son influence que les Ullman ont beaucoup fait saillir à l’étranger. Philip von Ullmann analyse : « Comme toujours, si vous voulez réussir sur le long terme, il faut être capable de discuter et de prendre des conseils. » Statistiquement parlant, un pays qui a perdu plus de la moitié de ses poulinières en deux décennies ne devrait pas continuer à exister sur la scène internationale. Surtout au moment où les grands acteurs de notre univers ont une puissance financière jamais connue auparavant : « L’argent ne fait pas tout. Sinon Coolmore et Darley gagneraient absolument toutes les courses black types du programme européen. Il y a des choses que l’Allemagne fait bien et en particulier élever des chevaux de distance. Continuer dans cette voie, c’est la seule manière de conserver l’Allemagne des courses vivantes. »

Le jour où Pat Eddery a massacré Monsun

Le problème, c’est que sortir d’Allemagne est plus facile à dire qu’à faire. Si vous êtes un passionné d’histoire, je vous conseille de regarder sur YouTube l’édition 1994 de la Coronation Cup (ici: https://youtu.be/Tzx_wQ977Po?si=TfWZPlFLn1yzEfOZ). Le légendaire Monsun courait pour la toute première fois hors d’Allemagne. Il était déjà double vainqueur de Gr1, dont l’Aral Pokal où il avait dominé George Augustus (El Gran Senor), vainqueur de la Tattersalls Gold Cup (Gr1). Le regretté Pat Eddery avait massacré Monsun en le montant comme un cheval sans chance. Et ils ont terminé sixièmes. Une expérience douloureuse. Le baron Georg von Ullmann a alors certainement décidé que, le jour venu, les fils de Monsun seraient montés par des jockeys d’Europe continentale pour leurs déplacements en Grande-Bretagne. Shirocco (Monsun) a remporté la Coronation Cup avec Christophe Soumillon. Getaway (Monsun) était monté par Stéphane Pasquier. Les trois courses britanniques de Manduro (Monsun) se sont partagées entre ces deux pilotes… et c’est Soumillon qui a monté Goliath à Ascot. 

Demain : Suite et fin

GOLIATH SUR LE TOIT DU MONDE 

Les handicapeurs de la B.H.A. ont tranché. Lors des King George VI and Queen Elizabeth Stakes (Gr1), le français Goliath a obtenu un rating de 124. Bluestocking (Camelot) a répété son 117. Rebel’s Romance (Dubawi), troisième, a performé en 115. Son rating (123) a été baissé d’une livre. En 124, Goliath est le meilleur cheval du monde sur le gazon avec une livre de plus que City of Troy (Justify) qui figure encore à 123. Les handicapeurs de France Galop affichent une valeur 56,5 (125). Le rating de 124, après conversion en kilos, correspond à 56,17 alors que 125 vaut 56,62 kilos. Le rating moyen des dix gagnants précédents des King George est de 124,2. Le Longines World’s Best Racehorse Rankings sera mis à jour le jeudi 4 août. 

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