ÉTALONS FRANÇAIS, LE RETOUR DE LA TENUE ?
Cette année en France, la moitié des étalons de plat qui ont atteint les 100 juments (neuf sur 18) sont des chevaux avec de la tenue. L’année dernière, ils n’étaient que 33 % (cinq sur 15), tout comme en 2022 (cinq sur 15). Une situation à contre-courant de la tendance anglo-irlandaise.
La saison de monte 2024 est bel et bien terminée, avec son lot de surprises et de confirmations. Galiway (Galileo), avec 248 juments, a vraisemblablement battu le record de France. Si un de nos lecteurs se souvient d’un étalon français ayant atteint ou dépassé un tel nombre de juments, qu’il se manifeste ! De mémoire, le précédent détenteur du record appartenait à Cokoriko (Robin des Champs) qui avait sailli 234 poulinières en 2018.
Par Adrien Cugnasse
ac@jourdegalop.com
En Irlande, de tels chiffres n’émeuvent personne, mais chez nous, c’est quelque chose d’assez nouveau. Guy Pariente, le patron du haras de Colleville, analyse : « La demande a été tellement forte… que nous avons refusé environ 100 poulinières. Et nous avons déjà des précommandes de saillies pour l’année prochaine. »
Pour parvenir à 248 juments, Galiway a pu compter sur le soutien du haras de Colleville qui a mis en place une politique commerciale ambitieuse. Dans le Landerneau de l’élevage français, on parle beaucoup de la proportion de juments d’obstacle dans son carnet de bal 2024. Déterminer, simplement sur le papier, l’orientation d’une poulinière n’a rien de facile. Mais un rapide pointage montre que les “sauteuses” n’étaient pas plus d’une grosse trentaine, et ce en tenant compte de celles ayant aussi, déjà , produit un bon cheval de plat. Il faut dire que 30.000 €, cela représente un tarif jamais atteint dans le microcosme de l’obstacle où les stars saillissent (depuis peu) légèrement au-dessus de la barre des 20.000 €. Ce qui était inimaginable il n’y a ne serait-ce que dix ans.
Nous n’avons jamais vu le vrai Galiway
Le destin de Galiway – le cheval de course – est celui d’un être contrarié. Pour faire simple, on n’a jamais vu la réelle étendue de son potentiel. Si vous posez la question aux personnes qui travaillaient à l’époque chez André Fabre, ils vous diront que c’était le cheval de Jockey Club du maître cantilien cette année-là . Une information qu’il est bien sûr impossible de se faire confirmer une décennie plus tard. Dans les faits, André Fabre l’a présenté dans un Groupe en Angleterre dès sa deuxième sortie, à 2ans, ce qu’il ne fait presque jamais. Et pour cause, on ne fait cela qu’avec un sujet qui sort très fortement du lot. Par la suite, il n’a tenté cette aventure qu’avec des 2ans de la pointure d’Intello (gagnant de Listed à Newmarket pour sa troisième sortie) et Persian King (lauréat de Groupe à Newmarket en quatrième sortie). Malheureusement, la suite n’a pas été la même pour Galiway dont la carrière sportive a été perturbée. C’était donc vraisemblablement un très bon cheval qui n’a pas eu l’opportunité de montrer sa valeur en piste. Lauréat d’une Listed sur 1.800m, il est difficile de connaître les limites de son éventuelle tenue, lui qui était issu de Galileo (Sadler’s Wells) et d’une mère lauréate de Groupe sur 1.600m. Si on met de côté sa production d’obstacle, on remarquera que six de ses huit gagnants de Groupe en plat ont réalisé leur meilleure performance sur 2.000m ou plus. Mais bien sûr, cela ne l’empêche pas d’avoir “sorti” Kenway (Prix La Rochette, Gr3) ou encore Showay (Prix Imprudence, Gr3).
Une question de tenue
Le consignor Jamie Railton a lancé un podcast mensuel très intéressant – “On the Coalface” –, où des personnalités du monde hippique s’y livrent comme jamais. C’est vraiment passionnant et le dernier épisode donne la parole à Philip Newton, le président de la version anglaise de la Fédération des éleveurs (la T.B.A.). Un passage y a particulièrement attiré mon attention. L’ancien grand patron explique : « Nous sommes très préoccupés par le manque de chevaux nés pour aller sur 2.000m et plus. Ce serait honteux de perdre toute la tenue de notre population. En sachant que 25 % de l’ensemble de notre programme se court sur 2.000m ou plus. Mais seulement 14 % des foals anglais sont issus d’un étalon ayant gagné sur (au moins) 2.000m. » Le contexte anglais est bien sûr très différent du nôtre et la T.B.A. a mis en place un certain nombre de bonus et primes réservés aux jeunes chevaux de tenue. Si on regarde les épreuves black types sur 2.000m et plus en Europe (de tous âges), on voit clairement deux groupes très distincts. Sur le continent, elles représentent près de la moitié du programme, avec 57 % des stakes en Allemagne et 49 % en France. De l’autre côté de la Manche, on tombe à 37 % en Angleterre et seulement 34 % en Irlande.
La France à contre-courant
Cette année, l
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