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samedi 23 novembre 2024

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MYRIAM BOLLACK-BADEL, UN ESPRIT LIBRE

MYRIAM BOLLACK-BADEL, UN ESPRIT LIBRE

Première femme à obtenir – non sans mal – une licence d’entraîneur public, Myriam Bollack-Badel a exercé avec succès pendant près d’un demi-siècle. Le 13 juin, elle a présenté son dernier gagnant avec Pentaour (Toronado) à Longchamp. Un cheval qui porte les couleurs de Noël Forgeard et qui s’est imposé sur 2.400m… deux choses qui ne doivent rien au hasard car comme elle aime à le dire : « Avec les chevaux de tenue, on en a pour son argent ! » Fille d’un patron de presse, Myriam Bollack-Badel a le goût des mots et son histoire mériterait un livre, avec une centaine de pages sur ses anciens pensionnaires, une autre centaine sur l’Institution, un long chapitre sur le bien-être animal, et encore une quatrième partie sur les problèmes des courses. Alors qu’une page se tourne dans sa longue et belle carrière, nous avons choisi de revenir sur la carrière de certains de ses meilleurs chevaux. Mais aussi sur ce moment historique, où elle a réussi à ouvrir la voie aux femmes…

Par Adrien Cugnasse

ac@jourdegalop.com

Un premier achat extraordinaire.

Contre vents et marées, malgré la maladie et les difficultés, Myriam Bollack-Badel est parvenue à réaliser son rêve d’enfance. Celui de vivre avec les chevaux : « À l’âge de 10 ans, j’ai commencé à monter à cheval. En une minute, j’ai compris que c’était le début de ma vie et la fin de tout le reste. C’est devenu quelque chose d’obsessionnel. Nous avions des chevaux à la maison. Mon frère et moi nous en occupions au quotidien. Lorsque j’avais 17 ans, mon père m’a emmené aux ventes avec un crédit de 70.000 francs, soit environ 15.000 €. Je suis resté tout l’après-midi à regarder des yearlings, mais rien ne me plaisait. Tout à la fin de la vente, dans la section des yearlings dont personne ne voulait, on voyait des chevaux qui semblaient presque sélectionnés sur leurs failles. Après une série de rachitiques, arrive une pouliche qui me saute aux yeux. Nous avons mis une enchère à 7.000 francs, soit 10 % de l’enveloppe. C’était Prodice. »

Deuxième du Prix de Diane (Gr1), Prodice a par ailleurs remporté le Prix Saint-Alary (Gr1) et le Prix des Rêves d’Or (L) sous les couleurs d’André Bollack. Par Prominer (Beau Sabreur), un étalon rapidement tombé dans l’oubli, la pouliche avait un pedigree maternel tout aussi modeste. C’est ainsi que Myriam Bollack-Badel s’est retrouvée éleveur de Sangue (Lyphard et Prominer), lauréate du Prix de Psyché (Gr3) puis de trois Grs1 aux États-Unis. Sa propre sÅ“ur, Bubble Company (Lyphard) est devenue une grande poulinière. Elle a donné naissance à Intimiste (Arctic Tern), gagnant du Critérium de Saint-Cloud (Gr1), Bubble Gum Fellow (Sunday Silence), meilleur 2ans japonais de sa génération, et Candy Stripes (Blushing Groom), deuxième de la Poule d’Essai des Poulains (Gr1). Tête de liste des pères en Argentine à plusieurs reprises, Candy Stripes a aussi donné Invasor (Breeders’ Cup Classic et Dubai World Cup, Grs1), Leroidesanimaux (cheval de l’année sur le gazon américain en 2005) ou encore la mère de Candy Ride (stationné à 75.000 $ chez Lane’s End).

Vivre avec les chevaux

Myriam Bollack-Badel n’a été l’assistante de personne. Ce n’était pas la norme à l’époque. Son éducation hippique est venue des sports équestres – elle fut major de sa promotion lors de Monitorat d’Équitation – et de la fréquentation des écuries où ses parents avaient des galopeurs à l’entraînement : « Rapidement, j’ai compris que je ne ferais pas ma vie dans les chevaux de selle. À l’époque, c’était déjà un sport de milliardaire. Comme aujourd’hui, les chevaux de CSO de haut niveau valaient déjà plus cher que bien des galopeurs. J’avais donc une certaine lucidité et ma passion pour les courses était déjà forte. Mais comment pouvait-elle ne pas l’être après avoir vu gagner Blushing Groom ou Vaguely Noble ? Dans ce cas, on ne peut être que fasciné. À cette époque, les jeunes gens qui aimaient les courses fréquentaient les personnes ayant pignon sur rue à Chantilly, en essayant de s’inspirer de ce qu’ils faisaient. Pour le meilleur comme pour le pire ! J’étais copine avec Maurice Zilber, mais aussi avec Angel Pena, une personne admirable et un homme de cheval devant l’éternel. C’était quelqu’un de très inspirant qui adressait la parole aux gens comme moi qui étaient de minuscules calibres ! » Elle était à peine âgée de 20 ans, et sa volonté de vivre avec les chevaux a fait le reste : « J’ai voulu entraîner pour appliquer ce qui me semblait être le meilleur dans ce que j’avais pu observer. Mais aussi pour prendre le contre-pied sur d’autres points, en matière de bien-être animal, de prise en compte de la personnalité de chaque cheval… Mettre en pratique, c’était l’occasion de prouver que je n’avais pas que des idées idiotes. » Le fait de se lancer aussi jeune avait de quoi surprendre : « À quoi bon ramer en faisant des études que l’on n’aime pas, tout en espérant gagner assez d’argent pour avoir un cheval ? Dans la vie, il faut éviter de faire comme tout le monde. Mon fils a été scolarisé dès l’âge de 12 ans à la maison pour pouvoir monter à cheval car il voulait devenir jockey. » Soutenue dans sa jeunesse par ses parents, Myriam Bollack-Badel a appliqué la même méthode à son propre fils avec l’ambition d’en faire une personnalité indépendante, réfléchie et ouverte d’esprit : « Mon père, qui n’était pas quelqu’un de facile, m’a transmis

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