mardi 16 juillet 2024
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Douglas McMillan, heureux comme un Anglais en France

Douglas McMillan, heureux comme un Anglais en France

Gentleman farmer, dans la plus pure tradition britannique, Douglas McMillan nourrit une grande passion pour l’obstacle. Après avoir posé les valises (de son élevage) en France, il s’apprête à vivre un grand moment de sport samedi à Auteuil.

Par Adrien Cugnasse

ac@jourdegalop.com

Milanne (Turgeon) sera samedi au départ du Prix des Drags (Gr2) sous les couleurs de Douglas McMillan, son coéleveur, qui en partage la propriété avec Gabriel Leenders et madame Pierre de la Guillonnière. Le Britannique n’aime pas particulièrement la lumière et lorsqu’il explique ne pas rechercher la publicité, on sent qu’il ne s’agit pas d’une précaution oratoire. Au sujet du premier essai dans un Groupe du meilleur cheval de sa carrière d’éleveur-propriétaire, il confie : « Que vous dire si ce n’est que nous y allons avec une certaine confiance. On élève en espérant avoir ce type de chevaux pour Auteuil ou Compiègne. » À 7ans, Milanne a un profil tout à fait inhabituel (en France) : seulement six courses, mais cinq victoires (elle s’est classée deuxième pour ses débuts au mois d’août de ses 4ans). Douglas McMillan réagit : « Elle a eu un problème de santé à 5ans qui l’a tenue éloignée des pistes longtemps, avant de revenir cette année à 7ans. C’est la moins riche des partants du Prix des Drags. Et contrairement à la plupart de ses adversaires, elle n’a jamais vu le rail-ditch and fence. Dès lors, courir ce Groupe, c’est lui demander un effort particulier. Mais nous pensons qu’elle mérite qu’on lui donne sa chance, elle qui saute naturellement très bien. Jusqu’à présent, elle a battu tout ce qu’on lui a proposé de battre. Bien sûr, le favori des Drags – Spes Militurf (König Turf) – mérite clairement ce statut. Mais un peu de black type ne ferait pas de mal à Milanne et à sa famille. Tout le monde vient pour gagner, y compris nous, mais une place serait également très bonne à prendre… »

À cheval entre Écosse et Pays de la Loire

« Il y a dix ans, nous avons déménagé en Écosse. Mais élever dans cette partie du Royaume-Uni est compliqué. L’herbe arrive avec deux mois de retard. J’avais aussi des chevaux chez Lucinda Russell [qui est installée en Écosse, ndlr]. Le FRBC l’a invitée en France et j’ai fait le voyage avec elle. Ma chance est d’avoir alors rencontré des gens fiables avec lesquels j’ai pu me lancer dans votre pays. À commencer par la famille Leenders et la famille la Guillonnière. Sans eux, je n’aurais pas développé quelque chose en France. J’ai donc élevé, à partir de ce moment, au haras de la Rousselière et à Bourg-Saint-Léonard, près du Pin-au-Haras, chez Christine Leenders. J’ai ainsi saisi l’opportunité d’avoir plus de chevaux – en association et en France – car cela me donnait une plus grande probabilité de réussite. Avoir de nombreux « bouts », c’est mieux qu’un ou deux animaux en entièreté. Et être éleveur-propriétaire au Royaume-Uni, c’est désormais tout à fait déraisonnable. D’un point de vue économique, cela ne fait pas sens. Sous ce profil, il ne reste vraiment que les gens qui courent les point-to-points, en parallèle d’une autre activité rurale. »

L’aventure française

« Cela étant dit, on ne peut pas résumer aux seules questions financières le fait de me concentrer sur la France. C’est aussi le fait d’opportunités et de rencontres. Je me rends très souvent chez vous et j’ai d’ailleurs pris une maison en location à Jarzé, près de l’endroit où les Leenders entraînent. J’aime beaucoup la diversité des obstacles et des parcours français. Les jockeys doivent développer des compétences bien spécifiques. J’ai connu Felix de Giles très jeune, alors qu’il venait chasser avec nous. James Reveley est issu d’une famille très connue dans les courses anglaises. Je connaissais sa grand-mère d’ailleurs. Cela étant dit, pour un Britannique, se lancer en France c’est perdre en grande partie ses repères. Et il y a aussi la barrière de la langue dans bien des cas. Ce n’est pas facile. »

La passion de l’élevage

« Connaître le succès en tant qu’éleveur et propriétaire, c’est un objectif de longue date. Mais chaque jour est un apprentissage. Je n’ai pas la prétention de connaître aussi bien la question que les « tout meilleurs ». Cela étant dit, le chemin, la découverte… c’est quelque chose de passionnant. J’ai commencé à élever et à faire courir il y a très longtemps déjà en Angleterre. J’ai aussi une licence d’entraîneur et fais courir en point-to-point. J’en ai gardé un fort intérêt pour suivre l’évolution des jeunes chevaux à l’entraînement. Mon plaisir, c’est de faire partie de l’histoire d’un cheval. Il est difficile de dire dans quelle mesure cela m’influence dans ma réflexion d’élevage. Par contre, j’ai aussi eu des bovins en Grande-Bretagne. Et je crois qu’il est important d’être un stockman [que l’on peut traduire par « animalier », ndlr]. Si vous l’êtes avec les vaches, vous l’êtes avec les chevaux. Et ça, c’est en partie de la pratique et en partie de l’instinct. » Si l’on est tout à fait objectif, à l’exception de Simon Munir et Isaac Souede, les poids lourds de l’obstacle anglo-irlandais seront toujours des raretés dans le paysage français. On trouve deux profils parmi ceux qui tentent l’aventure française : les acteurs de taille intermédiaire à la recherche d’un contexte moins onéreux (allocations, primes… ) et ceux qui ont un projet d’élevage. Douglas McMillan correspond à ce second profil : « Je suis arrivé en France avec deux pouliches relativement bien nées. Une n’était pas vraiment bonne et nous ne l’avons pas fait saillir. L’autre n’a jamais couru. C’est Return to Milan (Milan), la mère de Milanne. Ce n’est pas une peinture, mais elle est athlétique. La jument produit bien mieux que ce à quoi beaucoup auraient pu s’attendre. Elle nous a déjà donné deux gagnants à Auteuil et elle a des produits à suivre. » C’est Richard Venn qui avait signé le bon à 8.500 £ pour Return to Milan chez DBS en 2014.

La jeunesse

Douglas McMillan a actuellement quatre chevaux en association dans notre pays. Ils sont confiés à Gaby Leenders, Étienne d’Andigné et Hugo Merienne. Le Britannique réagit : « J’aime beaucoup les jeunes entraîneurs. Et, à l’élevage, Jean de la Guillonnière fait bouger les lignes. Il apporte l’énergie et les idées d’un homme jeune. » Au sujet du mentor de Milanne, Gaby Leenders, il conclut : « C’est quelqu’un d’organisé et d’intelligent. Il est capable de situer assez rapidement le niveau des chevaux, ce qui me semble important. Enfin, il a une bonne équipe et un bon leadership. Ses résultats parlent pour lui. »

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