Samedi, Meydan accueille la Dubai Kahayla Classic, une épreuve qui existe depuis un quart de siècle et qui fait figure de précurseur dans ce qui constitue le cÅ“ur du programme international actuel. La “Kahayla” fut la première course pour pur-sang arabes avec une allocation à sept chiffres en dollars. Et ce n’est que très progressivement que les autres pays du Golfe ont proposé des grandes épreuves hivernales ou printanières avec des allocations comparables – et parfois même aujourd’hui supérieures –, comme c’est désormais le cas au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie Saoudite. Cette multiplication des courses millionnaires s’accompagne du développement d’un programme local bien construit et bien doté pour toutes les catégories dans les différents pays de la zone. Les propriétaires des pays du Golfe, outre la volonté d’avoir leurs chevaux près d’eux, sont incités à courir à domicile par des allocations généreuses “au quotidien”.
Cela pousse à se poser la question suivante : comment le programme français, voire européen, doit-il s’adapter face à cette tendance qui semble inexorable ?
De mon point de vue, la France doit continuer à creuser son sillon : celui de la sélection et des jeunes chevaux. Historiquement, dans notre pays, on courait à 3ans. C’est à cet âge que Manganate, Kesberoy, Dormane et les autres ont pu prouver en piste qu’ils avaient de la qualité. Ce que la France fait magnifiquement bien, et parfois peut-être mieux que d’autres, c’est permettre d’élever des pur-sang arabes dans les meilleures conditions possible. Puis de leur fournir un programme de courses exceptionnellement sélectif et formateur à 3ans et 4ans. Ensuite, les champions restent chez leur entraîneur français pour courir les grandes courses de ce monde. Une partie des bons sont exportés tandis que certains continuent à faire carrière en France. Enfin, les autres vont au haras ou sont reconvertis. Cette tendance, déjà à l’œuvre, a de fortes chances de continuer à s’amplifier. On voit que le marché du pur-sang arabe est en forte reprise, et en France, aujourd’hui, de nouveaux éleveurs avec des moyens se lancent depuis peu. Certains sont français, d’autres viennent du monde arabe. Une partie est là pour courir, l’autre pour vendre. Si l’on veut satisfaire ces deux catégories et maintenir la place privilégiée de la filière française du pur-sang arabe, il est nécessaire de poursuivre les efforts entrepris par l’Afac. C’est-à -dire proposer des programmes de 3ans et 4ans encore plus riches. Cela va dans le sens de l’augmentation des effectifs de jeunes chevaux à l’entraînement en France dans les premiers mois de l’année 2023. Plus d’épreuves pour les 3ans et 4ans, c’est plus d’opportunités de passer le poteau en tête pour les propriétaires et les éleveurs. À chacun ensuite de décider de la destinée locale ou internationale de son pur-sang arabe…