Alain de Chitray : « Ni remords, ni regrets »
Lauréat au plus haut niveau et notamment de quatre Groupes, dont l’édition 2012 du Prix Ferdinand Dufaure (Gr1) en selle sur Teejay Flying (Tiger Groom), Alain de Chitray raccroche ses bottes. À l’âge de 34 ans, un nouveau chapitre s’ouvre à lui…
Par Rose Valais
rv@jourdegalop.com
Jour de Galop. – Pour quelles raisons mettez-vous un terme à votre carrière ?
Alain de Chitray. – Je n’étais plus à 100 % ! L’année dernière, je suis tombé à Moulins. J’ai souffert de cinq fractures costales ainsi que d’un pneumothorax, ce qui m’a contraint à être plus de six mois sur la touche. Cet accident a été un déclic. Lorsque nous sommes jeunes, nous réussissons à nous remettre rapidement de ce type de chute. En revanche, avec l’âge, cela devient bien plus difficile, les doutes s’installent et les sensations s’en vont… J’aurais souhaité terminer ma carrière sur une victoire mais il était temps que je me consacre à 100 % à ma reconversion. Je suis heureux d’avoir arrêté maintenant.
Quels sont vos projets pour l’avenir ?
Pour l’instant, rien n’est encore établi. Je suis toujours à la recherche d’un nouveau métier dans le monde des courses. Devenir entraîneur n’est pas une profession que j’ai immédiatement envisagée. En revanche, devenir responsable d’une écurie pourrait m’intéresser. En attendant, je pense que je vais remonter le matin, ce qui va me laisser le temps de réfléchir aux différentes opportunités. Actuellement, je vis en Mayenne mais je pourrais parfaitement déménager pour un nouveau travail. Tout dépendra du projet.
Un souvenir se détache-t-il plus qu’un autre ?
Non. Je retiens des journées aux courses, des moments passés, des ambiances particulières que j’ai pu retrouver lors de grands cross à Pau où à Craon. Détacher une victoire est vraiment délicat. Depuis que j’ai cessé de monter, je ne ressens aucune aigreur à me rendre sur les hippodromes. Je prends du plaisir à regarder les belles épreuves, je suis en paix avec ce que j’ai pu faire. Je n’ai pas plus de remords que de regrets, hormis peut-être un : ne pas avoir monté en Angleterre. J’ai pu participer à des courses en Norvège, en Suisse et à Pardubice notamment, mais jamais en Angleterre. En tant que jockey français, lorsque nous regardons Cheltenham, nous avons envie d’y monter car ce sont de très grands moments de sport.
Et une rencontre ?
C’est un peu comme les souvenirs, il n’y a pas une personne à détacher particulièrement. J’ai fait de très belles rencontres, notamment de personnes qui ont pu m’aider tout au long de ma carrière et qui se reconnaîtront. Certains ont eu plus d’impact que d’autres. Je souhaite d’ailleurs les remercier : entraîneurs, propriétaires, turfistes ainsi que l’Association des jockeys.
Si l’on se penche sur vos débuts, comment êtes-vous arrivé dans le milieu ?
Mon père élève des trotteurs, mais moi, j’ai immédiatement préféré le galop. Petit, j’allais monter à cheval chez Étienne Leenders. J’ai rapidement pris goût à la compétition grâce aux courses de poneys et je suis rentré à l’Afasec de Gouvieux. Dans un premier temps, j’ai réalisé mon apprentissage chez Henri-Alex Pantall, pour qui j’ai pu monter en course. Finalement, je devais être destiné à évoluer sur les obstacles et je suis parti chez Jehan Bertran de Balanda à Maisons-Laffitte, puis j’ai travaillé aux côtés de Thomas Trapenard et enfin chez Guy Cherel. Ma fin de carrière, je l’ai réalisée en freelance.
Alain de Chitray a gagné 395 courses tout au long de sa carrière et a remporté, en plus du Prix Ferdinand Dufaure (Gr1), le Prix du Président de la République en 2016, le Prix Montgomery en 2017, et le Prix d’Indy (Grs3) en 2020.