Mantahare déploie ses ailes

À cette période de l’année, les courses de jeunes chevaux sont d’autant plus passionnantes qu’on voit certains fleurir et dévoiler un potentiel très supérieur à celui qui semblait être le leur précédemment. C’est le cas de Mantahare (AF Albahar). Les parieurs français n’ont pas manqué de sagacité en la laissant s’élancer en milieu de tableau, aux alentours de 8/1, alors que sa compagne d’entraînement Marwa (Al Mouwaffak) était leur grande favorite. Mantahare n’avait jusqu’alors pas montré la classe qui lui a permis de remporter avec de la marge le Sheikh Mansoor Festival – Prix Nefta (Gr2 PA). En débutant, elle avait gagné de peu sur la P.S.F. de Pau, avant d’être battue dans le lourd à Toulouse au début du mois de mars. Dimanche, les conditions étaient bien différentes, en terrain bon souple. Et la méthode Rohaut, qui consiste à ne pas trop mettre la pression aux jeunes chevaux, a encore une fois porté ses fruits.

La future lauréate a galopé en avant-dernière position, juste devant la favorite Marwa. Africa de Monlau (Af Al Buraq) a animé à un train régulier, sans plus. L’animatrice s’est retrouvée à la peine en entrant dans la ligne droite et elle a été débordée de toute part. C’est à cet instant que Mantahare est venue à sa gauche (vers le centre de la piste) en faisant très nettement la différence lorsque Maxime Guyon l’a sollicitée. Un peu regardante aux abords de la ligne d’arrivée, elle s’impose de deux longueurs, mais en toute décontraction pour Son Excellence la cheikha Reem Al Thani et Son Altesse le cheikh Mohammed bin Khalifa Al Thani. Asslan Al Shahania (Af Al Buraq) est bonne deuxième, elle qui n’avait pas été revue depuis Saint-Cloud à l’automne dernier. Marwa a mis du temps à enclencher dans la phase finale et termine troisième, à une longueur et demie. Elle n’avait pas couru depuis le mois d’octobre.

François Rohaut, entraîneur de la première et de la troisième, a déclaré : « Mantahare montre un changement de vitesse assez impressionnant. Elle avait néanmoins l’avantage d’avoir déjà effectué sa rentrée. Marwa n’est pas encore sortie de l’hiver et sera plus efficace durant l’été. Un peu timide, elle court bien pour sa rentrée. Elle est un peu plus compliquée que Mantahare. Il y a encore quelques réglages à faire. Elles avaient besoin de courir le Groupe d’aujourd’hui pour pouvoir aller vers celui du mois de juillet. » Xavier Thomas-Demeaulte est l’entraîneur de la deuxième, Asslan Al Shahania. Il nous a confié : « Elle court bien, c’est une bonne rentrée. La pouliche avait besoin de courir et elle montre qu’elle est bien de ce niveau-là. Face à des chevaux qui avaient déjà couru, ce n’était pas simple. Mais l’important, c’était de faire une rentrée en douceur, avec un cheval qui n’était pas à 100 %, afin de lui permettre de progresser sur cette sortie. » Africa de Monlau, quatrième, ne montre pas le même visage que l’année dernière. Et Xavier Thomas-Demeaulte précise : « Depuis le début de l’année, elle ne montrait pas grand-chose le matin. Dans ce contexte, Africa de Monlau court plus que correctement. »

Élevée par l’Earl Champ Ginoux (Bruno Bellaud), Mantahare est une fille du regretté d’Af Albahar (Amer) qui n’en finit pas de donner des gagnants ! La mère, Mantalo (Al Sakbe), a couru une fois en France sans succès. Elle a donné deux autres black types, avec Diabolo Hipolyte (Nashwan Al Khalidiah), lauréat de dix courses au Maroc, dont le Grand Prix de Son Altesse Royale le prince héritier Moulay El Hassan (Gr3 PA), et Evrest Hipolyte (Nizam), également gagnant de dix courses du même Gr3 PA à Casablanca. La deuxième mère, Menine (Manganate), est une propre sœur du champion et grand étalon Dormane (Manganate). Au haras, Menine a donné (en première génération) Sousoff (Sousse), gagnant du Prix de Carthage (Gr2 PA). Menine est la deuxième mère d’une petite dizaine de black types, dont le très bon Manark (Mahabb), un bon 3ans (gagnant dès le mois de mars) qui a progressé avec l’âge pour remporter la Dubai Kahayla Classic (Gr1 PA). Il fait la monte au haras de Thouars.