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dimanche 24 novembre 2024

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Avec Amazones, Jean-Louis Gouraud rend hommage aux femmes de cheval

Avec Amazones, Jean-Louis Gouraud rend hommage aux femmes de cheval

Avec l’aide de nombreux contributeurs – chercheurs, historiens, écrivains ou encore journalistes – Jean-Louis Gouraud a abattu un travail de titan. Celui de répertorier 500 portraits de femmes, de l’Antiquité à nos jours, qui ont occupé une place primordiale dans l’histoire du cheval. Cela a donné sorti tout récemment aux éditions Actes Sud. Passionnant ! 

Jour de Galop. – Pleinement réussi et ne manquant pas de surprises, ce livre montre également à quel point la féminisation de monde du cheval s’est accélérée. Comment vous est venue l’idée ?

Jean-Louis Gouraud. – Tout au long de ma vie, j’ai vu le monde du cheval se féminiser à une vitesse absolument vertigineuse. J’ai essayé de comprendre pourquoi et comment. Il y a 20/30 ans, j’avais déjà publié un certain nombre de choses sur la question. Depuis, ce phénomène n’a cessé de s’accélérer et il m’a semblé qu’il méritait à nouveau toute mon attention…

Quelle est votre explication à cette révolution ?

Le bouleversement s’est produit avec la IIe Guerre mondiale. Il faut savoir qu’à la fin de ce conflit, on ne trouvait plus de chevaux dans l’agriculture, les transports ou même l’armée. Les hommes, jusque-là, se réservaient l’usage exclusif du cheval, ce dernier étant lui-même une représentation d’un pouvoir économique ou d’un pouvoir tout court. Puis les hommes ont trouvé d’autres instruments pour exprimer leur virilité et leur autorité : les avions, les voitures, etc. et les femmes ont enfin eu accès à cet univers. Cela a coïncidé aussi avec le moment où le cheval a cessé de devenir un instrument de travail, pour n’être plus qu’un élément de loisir, c’est-à-dire avec l’équitation, le dressage ou encore les courses hippiques.

Pour traiter la féminisation du monde cheval dans votre livre, vous avez fait le pari de tenter de répertorier toutes ces pionnières…

Oui ! C’est un peu fou ! Je me suis dit que j’allais faire l’inventaire de toutes les femmes qui, de l’Antiquité à nos jours, ont pratiqué ou utilisé le cheval. Non seulement en Europe occidentale, mais partout dans le monde, et surtout dans toutes les disciplines. Selon moi, une artiste peintre qui toute sa vie a été inspirée par les chevaux est une femme de cheval, au même titre qu’une femme qui est éleveur ou/et propriétaire et qui n’aurait jamais monté à cheval. Ce livre n’est donc pas un dictionnaire des cavalières mais une tentative d’inventaire, incomplet bien sûr, de femmes où le cheval a occupé une place primordiale au cours de leur vie. Et cet inventaire n’a été rendu possible que grâce au fait que j’ai fait appel à des dizaines et des dizaines de gens plus compétents que moi, aux meilleurs spécialistes. Soit d’une discipline, soit d’une époque, soit d’une zone géographique.

L’une des forces de votre ouvrage est que l’on y retrouve des femmes très célèbres dont on ignorait que le cheval avait eu pareille importance.

Effectivement, on y trouve des “évidences”, telles que les Amazones ou Jeanne d’Arc, mais aussi d’autres histoires autrement méconnues. C’est d’ailleurs l’une de mes satisfactions de savoir que nombre de personnes vont être surprises. Je pense notamment à Catherine de Russie, connue pour son habilité diplomatique, son autorité, mais peu de gens savent qu’elle connaissait aussi bien le sujet. Elle fut même la créatrice de certaines races de chevaux !

Ce qui frappe à la lecture de votre livre, c’est que peu de femmes occupent des postes à responsabilité dans la filière. Comment l’expliquez-vous ?

C’est exact, mais je nuancerai quand même. Nous avons par exemple Florence Mea à la tête de l’IFCE et de plus en plus de femmes occupent des postes importants au sein de la filière. À mesure que les femmes sont de plus en présentes, elles finissent par accéder aux institutions. Mais ce problème d’absence de femmes à des postes où le pouvoir s’exerce n’est pas selon moi lié au monde du cheval. C’est davantage un problème de société.

Amazones, éditions Actes Sud, 737 pages, 36,90 €, paru le 3 avril 2024.

Pour en lire un extrait, c’est ici https://www.actes-sud.fr/amazones-0

Les courses très présentes

La liste des femmes liées aux courses présentes dans cet ouvrage est longue. Très longue, même. Citons-en quelques-unes : Darie Boutboul, Élisabeth Couturié, Nathalie Desoutter, Hollie Doyle, Élisabeth Fabre, Criquette Head, La Marquise de Moratalla, Françoise Sagan, Suzy Volterra, Renée-Laure Koch ou encore Sylvia Wildenstein. La plupart des biographies hippiques sont signées d’Olivier Villepreux et de Jean-François Pré. Jean-Louis Gouraud analyse : « Il s’agit d’un premier inventaire, il est fort possible que nous en ayons oublié certaines. Surtout, à l’avenir, ce nombre va augmenter. Comme pour le reste du livre, l’angle était autant d’associer des cavalières que des femmes n’ayant jamais monté à cheval. Madame Volterra n’a jamais monté à cheval et pourtant elle fut une grande propriétaire. »

Un grand défenseur de la cause chevaline

Tout le monde connaît Jean-Louis Gouraud. Écrivain, directeur de collection, mais aussi cavalier et grand voyageur, il est l’un des défenseurs bien connus de la cause chevaline. Auteur de très nombreux ouvrages sur les chevaux, son dernier en date était d’ailleurs un manifeste, Le cheval, c’est l’avenir, lequel revenait sur la relation qui unit le cheval et l’homme.

Le récit de son voyage à cheval de Paris à Moscou, Le Pérégrin émerveillé, a reçu le Prix Renaudot Poche 2013.

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