Emmanuel Viaud : « Chacun peut trouver son bonheur dans notre catalogue »
Osarus lance la saison des breeze up européennes. Les 2ans effectueront leurs canters mardi sur la piste de La Teste avant d’être proposés aux enchères mercredi, après la réunion de courses.
Jour de Galop. – Votre breeze up est avancée cette année de quinze jours. Est-ce un choix délibéré ou contraint ?
Emmanuel Viaud. – Nous aurions bien aimé conserver notre positionnement lors de la troisième semaine d’avril, mais une agence anglaise a déplacé sa vente, ce qui nous a obligés à nous adapter. Si nous avions gardé notre date habituelle, nous aurions eu des difficultés à faire venir les Irlandais, car ils n’auraient eu qu’une journée de battement entre les deux ventes. Donc nous avons décidé de changer de date. Cela n’a pas inquiété les Irlandais. C’était même plus simple pour eux de participer à la première breeze up de l’année en Europe. En France, cela a été un peu plus délicat. Il est vrai qu’en deux semaines, les 2ans évoluent beaucoup, mais dans le même temps, sept épreuves de 2ans ont été courues en France. Chez Osarus, le chronomètre n’intervient pas vraiment dans les breezes, donc on peut préparer les chevaux “gentiment” pour ce rendez-vous. Nous avions d’ailleurs déjà organisé une breeze up début avril.
Les vendeurs irlandais sont devenus majoritaires chez vous aussi. Pourquoi aiment-ils venir jusqu’à La Teste ?
Leur présence s’est accentuée au fil du temps. John Bourke a été le premier à venir avec trois chevaux, en 2019. Cela s’est plutôt bien passé et d’autres l’ont imité, si bien que, cette année, nous avons une cinquantaine de 2ans présentés par des vendeurs irlandais. Ils aiment bien le site, le fait qu’il n’y ait pas de chronomètre, ce qui les change des exigences des ventes britanniques, et bien sûr, que les ventes précédentes aient comblé leurs attentes. Hyde Park avait notamment vendu Samedi Rien, qui a été la meilleure jument d’Espagne et qui s’est placée de Groupe à Dubaï.
Ils sont donc prêts à réaliser ce qui représente un vrai périple !
Habituellement, les chevaux arrivent à Cherbourg et on leur réserve une cinquantaine de boxes sur l’hippodrome de Graignes pour qu’ils puissent se reposer une nuit avant de continuer le voyage vers La Teste. Cette année, les conditions météorologiques ont un peu chamboulé cette organisation. Certains ont été déroutés par l’Angleterre… Ils sont tous arrivés ce week-end à La Teste en bonne forme. Mais globalement, les kilomètres ne les effraient pas !
Vous accueillez aussi des vendeurs français, dans une proportion plus importante que les autres breeze up…
Tout à fait, et nous avons même de nouveaux visages, comme celui de Steve Haes, ancien jockey qui loue l’établissement montois de Yann Creff. Il présente plusieurs chevaux du haras du Grand Courgeon, dont un mâle de Zarak. On accueille aussi pour la première fois Bruno Deniel, un préparateur de l’Ouest. Quentin Moulin, qui a découvert cette vente l’an dernier, Pascal Beyer, un habitué, Yann Creff, qui revient sous l’entité du haras de Lauze, Jean-Noël Sousa ont répondu présent. Nous avons même un vendeur venant d’Espagne. Il nous manque quelques Normands mais j’espère qu’ils reviendront l’an prochain !
Pourquoi, selon vous, les breeze up restent-elles un sport irlandais ?
Je pense qu’en France, nous ne sommes pas dans cette notion de prise de risques induite par le pinhooking. Je suis persuadé que les préparateurs français sont tout aussi compétents que les Irlandais pour préparer un poulain pour une breeze up. Mais il faut aussi le poulain fait pour ça, et pas forcément celui pour qui cette vente est une porte de sortie faute d’avoir été vendu yearling. La breeze up ne doit pas être une vente par défaut. Le contexte irlandais est aussi tel qu’il est très dur pour un jeune de s’y installer comme entraîneur, et beaucoup font le choix de se lancer dans le prinhooking et les breeze up, à défaut de devenir entraîneur. C’est le cas de Micky Cleere par exemple.
Côté pedigrees, on note quelques sires très en vue au sein du catalogue…
Nous avons quelques lots issus d’étalons comme Blue Point, Mehmas, Ten Sovereigns, Zarak, Cloth of Stars, Hello Youmzain, Wooded… Nous avons, comme chaque année, à la fois des pedigrees de chevaux précoces mais aussi des poulains que nous devrions plutôt voir s’épanouir à 3ans. Nous avons même vendu lors de cette breeze up d’excellents sauteurs comme Gold Tweet ou Capivari. Chacun peut y trouver son bonheur.
Globalement, depuis le début de l’année, les graduates Osarus ont le vent en poupe…
Nous avons été ravis de la victoire de Cylenechope (Gutaifan) dans la première course de 2ans en France, suivie par celle d’Eagle Gate (Hey Gaman) dans le Prix de Carqueiranne. Nous avons déjà quatre gagnants de 2ans vendus ou présentés chez Osarus, sans compter la belle deuxième place de Nuit de l’Homme, lui aussi par Gutaifan, dans le Prix du Premier Pas. Nous attendons avec impatience la rentrée de Tulipa Chope (Born to Sea) qui devrait avoir lieu dans le Prix de la Grotte (Gr3), dans lequel elle devrait retrouver Chic Colombine (Seahenge)…
Après l’édition inaugurale l’an passé, vous maintenez la breeze up réservée aux pur-sang arabes…
J’aurais aimé avoir une quinzaine de lots. Nous en avons neuf, mais des chevaux intéressants. Les deux chevaux vendus par Élisabeth Bernard ont gagné. Il existe une vraie demande de la part de la clientèle du Golfe pour des poulains clés en main et j’espère que cette vente va encore se développer.
Également au micro de JDG Radio
Vous pouvez aussi retrouver Emmanuel Viaud au micro de JDG Radio. Dans cette (riche) édition du Talk, on fait aussi le debrief de la réouverture de Longchamp et du grand samedi à Auteuil… tout en évoquant les rendez-vous à ne pas manquer de la semaine à venir !