Pour la première fois, Au-delà des pistes a été contraint de refuser des chevaux
La neuvième assemblée générale d’Au-delà des pistes s’est tenue jeudi après-midi sur l’hippodrome de Chantilly. L’association qui agit pour la reconversion des chevaux des courses fait face plusieurs difficultés importantes, soit autant de challenges pour les années à venir.
La réunion a débuté par une prise de parole de la présidente de l’association, Aliette Forien. Celle-ci a tenu à alerter la filière sur les difficultés rencontrées par ADDP ces derniers mois : « En rapport avec ce service qu’on offre à la filière course, je dois aujourd’hui lancer un message d’alarme à ces mêmes professionnels qui placent leurs chevaux, principalement les entraîneurs, mais aussi les propriétaires, etc. Depuis les débuts de l’association, nous nous sommes toujours efforcés d’accepter tous les chevaux, quels que soient leur âge et leurs pathologies mais cette année pour la première fois, nous avons dû en refuser, bien à contrecœur car nous ne disposons pas de structures en nombre suffisant ayant la compétence, les installations et la trésorerie qui leur permettent d’héberger et de soigner des chevaux lourdement handicapés pour de longues périodes. Je me permets de vous rappeler que les structures labellisées par ADDP ne peuvent survivre que grâce à la vente des chevaux à l’issue de leur reconversion. Pour les chevaux nécessitant des soins, elles reçoivent une aide de France Galop qui ne suffit pas toujours, ADDP assume le reste. Mais seuls les chevaux sains ou très légèrement atteints leur permettent de gagner un peu leur vie. Donc messieurs et mesdames les professionnels, pensez aussi à Au-delà des Pistes pour vos chevaux sains à placer. Nos structures vous les achèteront (pour un prix raisonnable) et les revendront quand ils seront prêts à effectuer leur nouvelle activité. Cette façon de procéder a aussi l’avantage de ne pas confier des chevaux sortant des courses à des amateurs qui n’ont pas les capacités nécessaires et qui peuvent se décourager et se débarrasser de ce cheval sans aucune garantie sur son avenir. Avec le statut d’intérêt général, vos dons (déductibles de vos impôts) sont les bienvenus pour aider au placement de vos chevaux blessés. »
Deux cent quatre-vingt-treize chevaux pris en charge en 2023
Le chiffre est en parfaite corrélation avec celui de 2022. Autour de 300 chevaux ont été pris en charge par le réseau l’an dernier. Soit ils ont été directement confiés à ADDP (144), soit été placés en direct dans les structures (149). Cent cinquante-huit d’entre eux étaient sains et nets, sachant que ceux confiés directement à ADDP sont les plus accidentés, a constaté l’association. L’équipe opérationnelle d’AAPD a expliqué : « Quand nous savons que le cheval peut être guéri, nous agissons et c’est pourquoi il y a eu pas mal de dépenses. La participation d’ADDP aux frais de chirurgie a augmenté et cela a pour conséquences de nous faire un peu sortir du budget. »
Besoin de davantage de financements et de structures
Pour l’association dont le bien-être équin est au cÅ“ur de la mission, le maître mot est de continuer à développer son réseau, tout en revenant à l’équilibre financier. À ce sujet, l’équipe opérationnelle d’ADDP (composée notamment de Carole Desmetz, Clotilde de Barmon ou encore Megane Martins) a fait de la recherche de financement l’une de ses priorités pour 2024. « Concernant le manque de structures, l’idéal serait de référencer une nouvelle grande écurie de reconversion (similaire à l’écurie du Winkelbach qui a accueilli et soigné 95 chevaux en 2023). L’autre scénario idéal serait d’obtenir 5 écuries supplémentaires capables d’accueillir des chevaux blessés. Ces structures ont besoin de plus de chevaux sains et nets. À l’heure actuelle 36 écuries de reconversion sont référencées. »
Aller au contact de la filière
Après une année 2023 marquée par une première collaboration avec leurs homologues anglais et irlandais et des échanges avec la Japan Racing Association, ADDP entend poursuivre ce type sur cette lancée : « Le Hong Kong Jockey Club vient de prendre contact avec nous. Grâce au travail qui a été mené, notre modèle s’exporte et est reconnu. En revanche, suite à une enquête auprès des socioprofessionnels, nous avons constaté que certains méconnaissaient en grande partie notre mission. La nouveauté pour 2024 est que nous avons dû changer un peu notre fusil d’épaule sur notre manière de communiquer, en faisant quasiment du cas par cas. Nous allons davantage aller au contact de la filière. Nous l’avons beaucoup fait avec les amateurs, mais pas assez avec les socioprofessionnels. »