Les courses sur gazon, le sujet majeur
La principale force de l’hippodrome de Cagnes est de pouvoir courir sur le gazon en plein hiver. Pourtant, ces dernières années, avec l’accumulation des courses sur la P.S.F. aux quatre coins de la France, le manque de partants commençait à se faire sentir. L’apparition des semi-nocturnes normandes a également contribué à ce déclin. En janvier 2022, 532 galopeurs s’étaient produits sur le sable de Deauville. Un an plus tard, ils étaient 682 ! En 2024, le nombre a légèrement diminué, passant à 669. En étroite collaboration avec France Galop, la Société des courses de la Côte d’Azur a donc repensé son programme. À juste titre, il a été décidé d’inverser la tendance en augmentant les courses sur le gazon afin d’atteindre une parfaite équité avec la P.S.F. Car, on le répète, la force de Cagnes, c’est sa piste en herbe. Restait à savoir si elle allait supporter ces courses supplémentaires…
Didier Prod’homme : « Le gazon serait dans le même état, même avec quelques courses en moins »
Fidèle du meeting de plat de Cagnes-sur-Mer, Didier Prod’homme, qui entraîne avec sa fille, Pauline, n’est pas mécontent de ce changement : « La piste est un peu fatiguée en cette fin de meeting. Mais je pense qu’elle serait dans le même état s’il y avait eu quelques courses en moins. À mon sens, il faut se poser la question du type de chevaux à emmener à Cagnes. Il y a quand même des opportunités sur le sable, et ce bien qu’il existe ailleurs d’autres courses sur cette surface. Nous ne sommes d’ailleurs pas obligés de courir les mêmes chevaux durant le meeting. Enfin, si l’on venait à créer deux pistes en gazon, cela reviendrait à tirer une croix sur l’obstacle à Cagnes. Ce n’est pas aux entraîneurs de décider de cela car ils n’ont pas la solution idéale. En revanche, peut-être qu’une meilleure gestion de la piste en la décordant de façon différente en début de meeting pourrait permettre de moins l’user. Sur ce point, il y a des idées à développer. Cela dit, la piste ne doit pas être si mauvaise que cela car les commissaires ont jugé utile de la décorder uniquement pour les deux dernières réunions, soit pour dix courses. »
Édouard Monfort : « Une très bonne idée d’augmenter les courses sur le gazon »
Édouard Monfort effectue chaque année le déplacement sur la Riviera. Et il est pleinement satisfait de l’augmentation des courses sur l’herbe : « C’est une excellente idée. La grande force de Cagnes, c’est de pouvoir proposer des épreuves sur le gazon en plein hiver. Malheureusement, le début du meeting a été marqué par quelques jours de précipitations, ce qui nous a contraints à courir sur une piste plus rapidement “hachée”… Mais elle reste en bon état. C’est une belle piste. Pour ma part, je n’ai pas emmené plus de chevaux cette année pour le gazon. Il faut laisser du temps aux socioprofessionnels afin qu’ils puissent s’habituer à ce nouveau programme. Sur le long terme, je suis certain que cela fera venir davantage de monde. Tout comme les courses supports d’événement pour les 4ans uniquement. Cela nous permet de ne pas affronter les vieux tout de suite ! »
Henri-Alex Pantall : « Il faudrait prévoir plus de courses pendant le meeting »
Henri-Alex Pantall connaît chaque année une grande réussite avec ses pensionnaires sur la Côte d’Azur. Toutefois, selon lui, il manque quelque chose au meeting azuréen : « Évidemment, c’est mieux d’avoir plus de courses sur le gazon. Généralement, le beau temps est de la partie, ce qui permet d’avoir une piste en bon état. Certes, ce n’est pas un green de golf mais il ne faut pas oublier que c’est une piste de meeting. En revanche, je trouve qu’il n’y a pas assez de courses. Entre le 12 février et le 19 février, il n’y a que deux réunions ! Ce n’est pas assez… À l’avenir, il faudrait peut-être augmenter le nombre d’épreuves. »
Thomas Roucayrol : « On va dans le bon sens »
Thomas Roucayrol, le directeur administratif de la Société des courses de la Côte d’Azur, n’a pas encore pu échanger avec tous les professionnels. Cependant, c’est avec un certain optimisme qu’il nous a déclaré : « La réunion de débriefing aura lieu lundi prochain. Pour le moment, certains entraîneurs nous ont demandé que l’on réalise quelques ajustements sur les conditions de courses. Globalement, ils semblent toutefois satisfaits de cette modification. La piste, elle, encaisse très bien, et ce malgré quelques épisodes pluvieux le week-end dernier. Il était d’ailleurs tombé plus de 95mm de précipitations ! Les commissaires, le personnel de l’hippodrome et les membres de France Galop qui avaient effectué le déplacement étaient très surpris de l’état de la piste car ils trouvaient qu’elle avait bien réagi aux intempéries. Bien sûr, nous sommes tributaires de la météo, mais cette année, un gros travail a été fait par les équipes. Malgré l’augmentation du nombre de courses, la piste a vraiment bien répondu. Pour le moment, le bilan est plutôt positif. En résumé, il semblerait que l’on aille vraiment dans le bon sens. »
Les autres faits marquants
Jérôme Reynier survole les débats
Ces dernières années, chez les entraîneurs, on assistait souvent à un duel entre Jean-Claude Rouget et Fabrice Vermeulen. En 2024, il n’en a rien été puisque c’est un autre homme qui a survolé les débats ! Au soir du 19 février, Jérôme Reynier a vu ses pensionnaires triompher à 17 reprises depuis le début du meeting, soit 6 victoires de plus que les pensionnaires de Jean-Claude Rouget. Et si l’on se plonge dans l’après-meeting, l’entraîneur marseillais semble disposer d’une très bonne génération de 3ans. On pense notamment à Lazzat (Territories) ou encore à  Fun with Flags (Zoffany) …
Hooking, le cheval du meeting
Jamais un cheval n’était parvenu à réaliser deux années de suite le doublé Grand Prix de la Riviera – Jacques Bouchara/Prix Saônois (Ls). Hooking (Lope de Vega), lui, l’a fait. Transcendé lorsqu’il se produit à Cagnes, le “chouchou” de son propriétaire, Antoine Griezmann, est toujours invaincu sur la P.S.F. cagnoise. Il fera l’impasse sur le Grand Prix du Département 06 qui se dispute sur le gazon.
+ 25 % de fréquentation lors de la grande journée de Cagnes
Samedi 17 février, l’hippodrome de la Côte d’Azur organisait sa traditionnelle “journée des Cagnois”. Connaissant un très grand succès, l’évènement a attiré pas moins de 2.600 spectateurs, soit une hausse de près de 25 % par rapport aux éditions précédentes !
Le Prix Policeman n’est plus…
De nombreux efforts ont été réalisés par la Société des courses de Cagnes. Pourtant, malgré une hausse de 10.000 € de l’allocation totale, de son transfert sur le gazon et d’un engagement offert au lauréat pour les Qatar Prix du Jockey Club et Grand Prix de Paris (Grs1), la nouvelle version du Prix Policeman (Classe 1) n’a pas séduit. Cette année, ils n’étaient que six au départ, soit le même nombre qu’en 2023. À chaud, il n’est pas simple de trouver une explication à cet échec. Mais avec une allocation totale de 72.000 € (avec primes), on était en doit de s’attendre à un plateau plus fourni…
Avons-nous vu le nouvel Ace Impact ?
Sur le plan sportif, on attendait également beaucoup de ce meeting puisque le dernier lauréat du Qatar Prix du Jockey Club et du Qatar Prix de l’Arc de Triomphe (Gr1), Ace Impact, avait débuté à Cagnes la saison dernière. Cette année, nous n’avons sûrement pas vu un gagnant classique sur la Riviera mais il faut tout de même s’attendre à voir des chevaux bien faire lors de la réouverture des hippodromes parisiens.
• LAZZAT (H3)
Territories & Lastochka, par Australia
Propriétaire : Nurlan Bizakov
Entraîneur : J. Reynier
Éleveurs : Sumbe
S’il n’avait été hongre, Lazzat (Territories) aurait très certainement emprunté la voie des classiques. Lauréat des Prix de Fabron (Inédits) et Joseph Collignon (Classe 1) dans la plus parfaite désinvolture, le pensionnaire de Jérôme Reynier devrait être difficile à battre dans le Prix de la Californie (L), dimanche prochain. Son entraîneur a la science de l’engagement. Il voit d’ailleurs peut-être en lui un nouveau Facteur Cheval (K) (Ribchester) qui, lui aussi, est hongre.
• FUN WITH FLAGS (F3)
Zoffany & Marie Céleste, par Galileo
Propriétaire : Mme Erika Gilliar
Entraîneur : J. Reynier
Éleveurs : Mme Sonia Rogers
Fun wth Flags (Zoffany) n’a pas attendu le meeting de Cagnes-sur-Mer pour se révéler au grand jour : elle avait fait forte impression pour ses débuts à Marseille-Borély, fin octobre. Ensuite, la pouliche d’Erika Gilliar n’a fait que confirmer en survolant le Prix Louis Gautier Vignal (Classe 2), l’une des préparatoires à la Californie. Toutefois, Jérôme Reynier, qui présentera déjà Lazzat dans la Listed, a préféré orienter Fun with Flags vers le Prix Rose de Mai (L), le 7 mars. Elle est également engagée dans l’Emirates Poule d’Essai des Pouliches ainsi que dans le Prix de Diane Longines (Gr1).
• SIBAYAN (M3)
Blame & Sirrin, par Sea the Stars
Propriétaire : S.A. l’Aga Khan
Entraîneur : J.-C.. Rouget
Éleveurs : S.A. l’Aga Khan
Irréprochable en trois sorties avant son entrée dans un meeting azuréen où il a remporté en bon poulain le Prix Sky Lawyer (Classe 1), Sibayan (Blame) aurait très certainement triomphé dans le Prix Policeman (Classe 1) puisqu’il venait de dominer le lauréat, Trafalgar Square (Kendargent). Son entourage, qui a fait l’impasse sur cette épreuve, voit peut-être en lui un prospect classique car le poulain est engagé dans le Qatar Prix du Jockey Club ainsi que dans le Grand Prix de Paris (Grs1). Il y a de la tenue dans son pedigree et Sibayan devrait s’épanouir sur 2.000m et plus. Va-t-il pouvoir marcher dans les traces d’un cheval comme Vadeni (K) (Churchill) à l’avenir ? Pas sûr, mais il devrait tout de même pouvoir remporter son Groupe.
• KERAN (K) (M3)
Blue Point & Kerasona, par Oasis Dream
Propriétaire : S.A. l’Aga Khan
Entraîneur : J.-C.. Rouget
Éleveurs : S.A. l’Aga Khan
Jean-Claude Rouget tient peut-être là l’un des 3ans les plus rapides d’Europe. Keran (K) (Blue Point) a fait forte impression lors de sa troisième sortie dans une Classe 2 sur les 1.300m de la P.S.F. cagnoise. Engagé dans la foulée dans l’Emirates Poule d’Essai des Poulains (Gr1), le protégé de Son Altesse l’Aga Khan suscite cependant quelques interrogations quant à sa tenue. En compétition, ses parents n’ont jamais dépassé la distance de 1.400m. Keran, lui, pourrait peut-être nous donner une partie de la réponse s’il venait à courir le Prix Djebel (Gr3). Cette épreuve est une suite logique…
• VALZAK (K) (M3)
Zarak & Val Bever, par Denon
Propriétaire : Écurie Antonio Caro
Entraîneur : J.-C.. Rouget
Éleveurs : Haras de Saint Julien et Mme Regula Vannod
Il avait laissé beaucoup de regrets lors de ses débuts dans le Prix Ace Impact (Inédits), où son compagnon d’entraînement Arrow Eagle (K) (Gleneagles) s’imposait. Bloqué derrière un rideau de chevaux jusqu’à mi-ligne droite, Valzak avait fini fort mais trop tard. Troisième, il a ensuite rapidement rectifié le tir en survolant le Prix de la Mer (Maiden) face au prometteur Forever Given (Sea the Stars), qui venait de le dominer lors de leurs débuts. Valzak n’a pas été engagé dans les classiques par son entourage. Pour autant, au vu de ce qu’il a montré, le pensionnaire de Jean-Claude Rouget aura assurément les moyens de figurer au niveau black type.