L’ascension d’Antonio Orani
À bientôt 25 ans, Antonio Orani fait partie des meilleurs jockeys sur notre sol. Septième au classement en 2023, il est bien parti pour concrétiser un pari qu’il avait pris dix ans en arrière : quitter son Italie natale pour réussir en France…
Par Thomas Guilmin
tg@jourdegalop.com
Jour de Galop. – En 2023, vous avez remporté 101 courses en France, un record. Comment expliquez-vous votre progression constante ?
Antonio Orani. – Je dois cette réussite aux entraîneurs et propriétaires qui me font confiance. Notamment à mes patrons, Jérôme Reynier et Jean-Claude Seroul. Il y a environ sept ans, je suis arrivé dans cette écurie mais je ne montais pas beaucoup en courses. Au fil du temps, Jérôme Reynier a commencé à m’accorder de plus en plus d’opportunités. Cela m’a permis d’être un peu plus exposé à la vue de tous. Mon ascension a donc débuté à cet instant. En revanche, lorsque j’ai perdu ma décharge, il a fallu que je redouble d’efforts pour me faire davantage remarquer. Cette année, j’ai remporté pas moins de six courses black types dont un Gr2 avec Skalleti (Kendargent) en Italie [le Premio Presidente Della Repubblica – Universita’ Campus Bio-Medico, ndlr].
Au quotidien, vous travaillez au service de Jérôme Reynier. Quelle est votre relation ?
L’entente est bonne. Certes, cela reste mon patron mais c’est une personne que j’aime beaucoup. Au quotidien, il est gentil. C’est quelqu’un de bien. Nous n’avons pas un grand écart d’âge et je pense que cela nous aide à être sur la même longueur d’onde.
Comment s’organisent vos montes pour l’extérieur ?
Pour cela, je fais un appel à un agent, Jonathan Daussy, avec qui je collabore depuis environ six ou sept ans. Il a la charge de me trouver des montes pour une clientèle extérieure à celle des messieurs Reynier et Seroul, qui sont bien évidemment prioritaires. Étant assez léger, je peux prétendre à un large panel de chevaux. L’objectif est de pouvoir monter les meilleures chances possibles. Cela dit, même lorsque vous montez un outsider, il peut y avoir quelques surprises. Je refuse donc rarement les montes que l’on me propose. Je suis plutôt un jockey de « Province ». Il est donc difficile pour moi de monter sur des hippodromes parisiens quand je ne suis pas en selle pour mes patrons. Aujourd’hui, il est de plus en plus compliqué de monter à Paris car la plupart des jockeys parisiens ont également une écurie attitrée. Chaque matin, je suis également pris à l’écurie afin de travailler les pensionnaires de monsieur Reynier. Il a toujours besoin de moi, et je trouve cela normal. Je pense qu’il est mieux d’être à l’écurie pour préparer les prochaines courses.
Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
Avant mon arrivée en France, je faisais du poney sur mon île, la Sardaigne. J’ai toujours été en contact avec les chevaux car mes parents étaient propriétaires. Malheureusement, lorsque j’ai voulu rejoindre l’école des courses en Italie, elle venait de fermer. Je suis donc arrivé en France à l’âge de 14 ans. J’ai rapidement intégré l’Afasec de Calas-Cabriès. Mon premier employeur a été Michel Planard. J’ai une grande admiration pour cet homme car il m’a tout appris et il a été le premier à me faire monter en courses. Je le remercie énormément pour cela. Ayant été jockey en Italie, il parlait couramment italien. Cela a grandement facilité nos échanges car je ne parlais pas français à cette époque. Ensuite, lorsque vous avez une écurie comme celle de Jérôme Reynier de Jean-Claude Seroul qui vous sollicite, il est difficile de dire non au vu du nombre de chevaux important.
Vous êtes dans le métier depuis plus de dix ans désormais. Selon vous, comment les courses évoluent en France ? Et en Italie ?
Honnêtement, je trouve que les courses françaises évoluent dans le bon sens. Depuis mon arrivée ici, je ne regrette pas une seule seconde mon choix. Aussi bien dans le Sud-Est qu’en France dans sa globalité, le niveau ne fait qu’augmenter à mon sens. C’est un système qui fonctionne très bien. En revanche, en Italie, c’est beaucoup plus difficile. C’est vraiment différent de la France. Certes, lorsque vous avez les journées avec les grandes courses, tout va bien. Mais lorsque l’on se plonge dans l’étude des handicaps ou des réclamers, on se rend compte que c’est plus difficile. J’espère vraiment que le pays finira par se sortir de cette crise et que tout redeviendra comme avant…
Avez-vous un modèle dans la profession ?
Je n’ai pas de modèle en particulier. En revanche, j’essaie de m’inspirer de toutes les vedettes de la profession. Je visionne énormément de bonnes courses avec comme objectif d’apprendre encore plus.
Quels sont vos objectifs pour cette année ? Un premier succès au niveau Groupe en France ?
Pour le moment, le meeting de Cagnes-sur-Mer débute sur les chapeaux de roue pour l’écurie et pour moi-même. Je suis à six gagnants en 2024. L’année dernière, je n’avais pas prévu de dépasser 100 victoires. Je visais plutôt 80 ou 90 succès. Lorsque je suis arrivé entre 85 et 90 gagnants, j’ai commencé à penser à la 100e victoire. Pour moi, je pensais plutôt atteindre ce score en 2024. Cette saison, j’espère donc que je vais faire aussi bien, voire mieux. Cela serait super d’arriver autour de 120 victoires. Cela serait également super de pouvoir remporter un premier Groupe en France. Pour le moment, j’ai remporté trois Gr2 en Italie. En France, j’ai déjà été placé de Groupe, mais je n’ai pas encore pu trouver mon jour… C’est un objectif pour les mois à venir. Jérôme Reynier a de bons 3ans qui vont débuter prochainement, il y a de l’espoir. Puis, 2024 sera dans tous les cas une bonne année car je vais prochainement devenir papa. Cela sera sûrement une année riche en émotions !