Samuel Legrix, des bancs de l’université anglaise aux pelotons
Samuel Legrix, fils de l’ancien jockey et entraîneur au Maroc Éric Legrix, n’avait pas comme projet de devenir jockey… Premier de sa promotion à l’école de business de la Reading University, près de Londres, c’est désormais dans les pelotons du Qatar que le jeune pilote de 22 ans se forme. Il a d’ailleurs signé ses deux premiers succès il y a quelques jours.
Les voyages forment la jeunesse
« J’ai toujours voulu travailler dans le monde des courses mais je ne voulais pas spécialement être jockey. J’ai grandi en Asie avec mes parents et, dans cette région, qu’elles aient lieu à Macao, Singapour ou à Hongkong, les courses sont interdites aux mineurs… Par conséquent, je regardais mon père gagner à la télé. Ma mère était première femme jockey à Hongkong mais elle a dû arrêter suite à une chute. Lorsque je suis rentré en France, à 10 ans, j’avais énormément de lacunes à combler car les programmes en Asie ne sont pas les mêmes. Jusqu’à mes 16 ans, ma scolarité a eu lieu en France. Puis, je suis parti au Maroc pour terminer le lycée. J’ai pu obtenir mon bac avec la mention bien et j’ai eu l’opportunité de rejoindre l’Angleterre pour réaliser mes études supérieures à l’université. J’y ai d’ailleurs terminé premier de ma promotion en business et management sur près de 300 élèves. Dans la culture chinoise, ainsi que dans les pensées de mes parents, il était important de recevoir une bonne éducation. Ils ont toujours été derrière moi mais ils m’ont laissé l’opportunité de faire ce que je souhaitais. J’ai toujours parlé anglais, français, je comprends le cantonais et l’espagnol mais il m’a fallu beaucoup travailler pour avoir un bon niveau à l’écrit… »
Le Covid, élément déclencheur
« Ma première année d’études supérieures a été marquée par la Covid, ce qui m’a permis de rentrer au Maroc, puisque tous mes cours étaient en ligne. Au cours de cette période, j’ai pu me libérer du temps et j’ai commencé à monter à cheval tous les matins, chez mon père. J’avais 17 ans. En un mois, j’ai beaucoup appris. Je souhaitais devenir gentleman-rider mais je n’ai pas eu l’opportunité de monter le dossier en France lorsque j’étais étudiant. Après mes études, il était trop tard car je n’étais pas employé. J’ai rencontré les époux Fabre chez qui j’ai pu apprendre pendant trois mois. Puis, je suis parti une première fois au Qatar, sans pouvoir obtenir ma licence d’apprenti. Je suis donc revenu en France, de nouveau chez monsieur Fabre. J’ai énormément appris chez lui, j’ai eu la chance de pouvoir galoper de nombreuses fois et d’être formaté « course ». Depuis le 5 octobre dernier, je suis au Qatar. J’ai obtenu ma licence d’apprenti en novembre et je travaille chez Julian Smart, pour qui j’ai pu gagner ma deuxième course. »
Le Qatar avant la France
« Si je devenais apprenti en France, il me serait impossible de bénéficier de la décharge pendant un an car je n’ai pas étudié à l’Afasec alors qu’au Qatar, j’ai une décharge de 4 kg ! Lorsque je rentrerai en France, j’aurai le titre d’apprenti avec la décharge qui va avec. Mon patron le sait, je suis ici pour monter et emmagasiner le maximum d’expérience afin de revenir en France. Je travaille énormément mais j’ai beaucoup de lacunes car je n’ai pas suivi de formation d’apprenti. Je devrais rentrer dans l’hexagone fin mars et je souhaiterais de nouveau travailler au côté de monsieur Fabre. Mes parents sont derrière moi. Mon objectif est de devenir la meilleure version de moi-même et de n’avoir aucun regret. J’essaye de tout faire pour réussir. Ces deux premiers succès me motivent encore plus et j’ai éprouvé beaucoup d’émotions. J’ai appelé mon père après ma première victoire… Je ne sais pas ce qui s’est passé mais il a probablement appuyé sur pause et il avait plusieurs minutes de retard. Il n’avait pas vu la phase finale de la course ! Il était très heureux, ma mère également. Ils ont conscience du travail que je fournis. Il y a un an et demi, personne n’aurait pu imaginer que je monterais en course. J’ai dû et je continue de travailler très dur pour progresser physiquement : boxe, course à pied, cheval mécanique. Nous verrons comment se passe la suite de ma carrière mais, quoi qu’il en soit, je me serais donné les moyens pour réussir. »