0,00 EUR

Votre panier est vide.

0,00 EUR

Votre panier est vide.

mardi 8 avril 2025
AccueilInstitutionUN CHOC… ET UN GRAND FLOU

UN CHOC… ET UN GRAND FLOU

UN CHOC… ET UN GRAND FLOU

Salomé Lellouche

ll@jourdegalop.com

Michel Zerolo et Hubert Guy résument parfaitement la situation lorsque le premier parle de choc et le second de flou. Car à date, personne ne sait comment l’affaire des droits de douane va se terminer.

Première inconnue : les droits de douane annoncés par Trump (brandissant son panonceau comme s’il s’agissait des prix d’un marchand de fruits et légumes) vont-ils réellement s’appliquer ? Aux États-Unis, certains analystes en doutent. D’une part parce que le taux définitif va se discuter zone par zone (les Anglais ont déjà laissé entendre qu’ils allaient obtenir un rabais sur les 10 % annoncés…). Et d’autre part parce qu’il est déjà arrivé que Trump avance très fort avant de reculer plus ou moins discrètement.

Seconde inconnue, la plus importante pour nous : en quoi ces nouveaux droits de douane vont-ils impacter le commerce des chevaux ? Les experts avec lesquels nous avons échangé parlent aujourd’hui d’une centaine de chevaux qui traversent l’Atlantique pour aller courir, et plutôt des chevaux de tarif intermédiaire. C’est donc une mauvaise nouvelle, mais pas la fin du monde non plus pour la filière française.

Beaucoup d’Américains des courses ont voté Trump…

Installé aux États-Unis depuis des années, Michel Zerolo a réalisé de très nombreuses transactions transatlantiques, aussi bien à l’import qu’à l’export : « C’est une très mauvaise nouvelle. J’espère que notre gouvernement parviendra à renégocier cette mesure à la baisse. Malheureusement, j’ai bien peur que les chevaux de course soient le cadet des soucis de Donald Trump. Si rien ne change, cela représentera 20 % de surcoût, ce qui est énorme, surtout quand on sait que ces chevaux se négocient souvent à 10 ou 20 % près. Il faudra que toutes les parties fassent un effort. J’espère que les Américains ne seront pas dégoûtés. En tout cas, cela ne va clairement pas nous aider. Je n’en ai pas encore discuté avec mes clients, mais l’effet de choc est tel que les gens ne réalisent pas encore pleinement ce qui se passe. Mais des médias comme Jour de Galop, le TDN et d’autres vont relayer l’information, et tout le monde finira par comprendre ce qui nous attend. »

Dangereux pour le marché intermédiaire

Quelles conséquences sur le marché ? « Cette taxe risque d’avoir un réel impact sur le mid-market, c’est-à-dire les chevaux vendus entre 150.000 € et 400.000 €. Bien sûr, quand on achète un cheval à 1.000.000 € et qu’il faut finalement le payer 1.200.000 €, ce n’est pas plaisant, mais ce n’est pas non plus ce qui va faire fuir ce type d’acheteur. En revanche, cela risque de porter un coup dur aux syndicats d’acheteurs qui se regroupent à plusieurs pour acquérir un cheval. Beaucoup d’électeurs de Trump viennent du monde des courses… C’était peut-être un mauvais calcul de leur part d’avoir voté Trump car ils vivent maintenant une sorte de retour de boomerang. Finalement, Donald Trump, c’est juste un dingue à la Maison Blanche, en train de bouleverser l’ordre mondial dans tous les sens. »

Hubert Guy, qui vit lui aussi entre la France et l’Amérique du Nord, où il fait beaucoup de courtage à l’international, insiste sur la fragilité des annonces : « Nous n’avons pas encore assez de recul sur les annonces de Donald Trump. Est-ce que cela inclut les chevaux de course ? Nous n’en avons aucune idée ! Ce que nous savons, c’est qu’il y aura 20 % de taxe supplémentaire sur les produits européens. Effectivement, il y a une chance que cela arrive. Mes transporteurs américains ne savent rien encore. D’ici lundi, cela sera plus concret. Pour l’instant, nous sommes dans le flou. Je fais ce métier depuis une quarantaine d’années et je connais mes clients américains… Si cela doit arriver, je ne garantis absolument pas qu’ils paieront 20 % de taxe supplémentaire ! Je ne dis pas qu’il n’y aura plus d’achat de leur part, mais sans doute beaucoup moins. »

L’impact sur les transports

Après les courtiers, l’autre profession qui sera en première ligne est celle des transporteurs. À STC Horse France, Fathi Rojbani vient justement d’expédier un cheval aux États-Unis : « Nous verrons bien ce que les acheteurs vont payer ! Il est certain que cela peut ralentir le commerce. Toutefois, à mon sens, quelqu’un qui est réellement motivé pour acheter un cheval en France ou en Europe ne s’arrêtera pas à la question des taxes. L’impact sera plus perceptible sur le profil des acheteurs. C’est en tout cas ce que j’observe depuis que je suis dans ce milieu. » Isabelle Sepulchre, chargée des transports aériens, notamment vers les États-Unis, ajoute : « Pour le moment, nous attendons les informations des États-Unis pour savoir ce qui va être appliqué. Auparavant, il y avait une taxe de 0,3464 % de la valeur du cheval, sur les chevaux qui n’étaient pas nés et élevés aux États-Unis, aussi bien pour l’élevage que pour ceux à l’entraînement. Ce qui en soi n’était pas une somme très importante. En plus, elle était plafonnée au bout d’un certain montant. Il y avait aussi une sorte de droit de douane de 3,50 $ par tranche de 1.000 $ de la valeur du cheval. Par exemple, pour 200.000 €, il y avait environ 700 $ de taxe. Si la taxe de 20 % s’applique, cela n’aura plus rien à voir ! Cela sera d’autant plus marquant sur les chevaux achetés pour des millions d’euros, comme des yearlings des ventes. Toutefois, les acheteurs capables de mettre autant d’argent paieront les taxes. Mais pour le propriétaire moyen, qui veut se faire plaisir et courir aux États-Unis, il risque tout simplement de ne plus le faire. »

VOUS AIMEREZ AUSSI

Les plus populaires