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mardi 22 avril 2025
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MAP OF STARS (RS), UN CHEVAL À L’ANCIENNE

MAP OF STARS (RS), UN CHEVAL À L’ANCIENNE

Il y a une dizaine d’années, Al Asayl a fait le choix de la France. Les victoires de Grs1 de The Revenant (Dubawi) et Bateel (Dubawi) ont été la première récompense de cette stratégie. Map of Stars (RS) (Sea the Stars), qui a gagné le Prix d’Harcourt (Gr2) dimanche, et sa sœur Tajlina (Kingman), lauréate du Prix Pénélope (Gr3), portent leurs espoirs de victoire au niveau Gr1 en 2025.

Le cas de Map of Stars interpelle, et notamment son croisement “tenue sur tenue” — une pratique qui a progressivement disparu en Europe de l’Ouest, à part peut-être en Allemagne. On dit souvent que croiser un étalon gagnant sur 2.400m (Sea the Stars) avec une jument lauréate sur la même distance (Bateel) est le meilleur moyen de finir à Auteuil ! Mais ce n’est pas le cas de Map of Stars, qui a nettement progressé dans l’ante-post betting de l’Arc 2025 et qui sera certainement le favori du prochain Prix Ganay (Gr1) !

Issu d’un croisement “à l’ancienne”, il renoue d’une certaine manière avec la grande tradition française des éleveurs-propriétaires qui produisaient des chevaux de tenue…

Par Adrien Cugnasse

ac@jourdegalop.com

En 2017, en remportant le Vermeille, Bateel (Dubawi) avait offert un premier Gr1 chez les pur-sang anglais, en tant qu’éleveur et propriétaire, à Al Asayl, c’est-à-dire au cheikh Khalifa bin Zayed Al Nahyan et à sa fille, la cheikha Alyazia. Ces derniers ont acquis en 2016 le haras de Vieux Pont, en Normandie. Al Asayl compte aujourd’hui 25 poulinières pur-sang anglais et une douzaine de pur-sang arabes. Johnnie Peter-Hoblyn manage cette structure, qui n’a pas pour habitude de vendre ses élèves… un peu comme les éleveurs-propriétaires à l’ancienne ! 

Map of Stars, le fils de Bateel, fait donc figure d’exception : « Al Asayl est un éleveur-propriétaire. Et d’une manière générale, nous n’élevons pas pour vendre. Mais quand une offre appropriée est formulée, nous pouvons la considérer. Et pour cause, élever et faire courir est très onéreux, ce qui implique, de temps en temps, de savoir en vendre quelques-uns. Nous avons consenti à céder Map of Stars car nous avions encore la mère, la sœur et le frère. Son entraîneur a fait du super boulot, le cheval a énormément progressé physiquement cet hiver. Map of Stars respire la masculinité et la puissance ! On voit sa progression au fil des courses. Sa victoire de dimanche semble être la première où l’on a vu le vrai Map of Stars. C’était très impressionnant. Je pense qu’il va continuer à progresser cette saison et l’année prochaine également. J’ai tendance à croire qu’il tiendra 2.400m si on le lui demande. Mais son entourage pilote sa carrière d’une main experte et ils ont tellement de bons chevaux qu’il faut trouver des courses pour chacun d’entre eux. C’est probablement plus l’équipe de Wathnan Racing qui pourra vous renseigner à ce sujet ! »

La France, un choix logique pour un éleveur-propriétaire

C’est véritablement Bateel qui a fait connaître la casaque rouge étoilée de noir au public français. Johnnie Peter-Hoblyn raconte : « Bateel a toujours été tardive, et elle avait montré des choses tout à fait valables à 3 et 4 ans en Angleterre. Nous n’avons pas véritablement décidé de la changer d’entraîneur. Non, c’est presque l’ensemble de l’effectif qui a déménagé en France, où Al Asayl avait acquis en 2016 le haras de Vieux Pont. Si vous avez un haras en Normandie, vu le fonctionnement du galop français, alors il est dans votre intérêt de courir et de faire entraîner dans le pays. Les courses françaises, au-delà des allocations, présentent un meilleur équilibre entre les acteurs. En France, les éleveurs et leurs propriétaires sont traités comme des acteurs importants… et à juste titre car ils le sont vraiment. Sans eux, il n’y a pas de sport hippique. Et cette considération est appréciée à sa juste valeur par l’équipe d’Al Asayl. Les allocations et les différentes primes sont un autre facteur d’importance si vous avez une opération économiquement significative. »

Avec le temps, dans les mains de Francis-Henri Graffard, Bateel s’est vraiment métamorphosée : « Elle a fait une belle carrière à 5 et 6 ans. Mais elle a certainement été malheureuse dans les Champions Fillies & Mares Stakes (Gr1), où elle terminait deuxième d’Hydrangea (Galileo). Bateel aurait mérité de remporter un deuxième Gr1. Quoi qu’il en soit, sa carrière fut une formidable aventure pour Al Asayl. »

Un élevage à l’ancienne

Il y a toujours eu des élevages commerciaux en parallèle des éleveurs-propriétaires. Mais la disparition progressive de ces derniers a mécaniquement rendu ultra-majoritaires les éleveurs-vendeurs. De manière très traditionnelle, Al Asayl vise les bonnes épreuves de tenue internationales… et élève donc en conséquence : « Il y a probablement une trop forte proportion d’élevages commerciaux dans la population. Le fait de ne pas être des éleveurs commerciaux nous permet d’essayer de produire des sujets classiques en faisant fi des considérations extérieures. Les courses que nous visons sont principalement celles sur 2.000m et 2.400m. Nous essayons d’aller à des étalons confirmés, ce qui a un coût. Nous sommes récompensés par la production de Bateel. Sa première fille, La Bombasse (Roaring Lion), est allée à la saillie de Sea the Stars cette année. »

Bateel a été croisée avec des étalons assez différents. Sea the Stars et Kingman ne sont pas du tout les mêmes profils sur le plan du physique et des aptitudes. Pourtant, le croisement a fonctionné dans les deux cas, donnant Map of Stars et Tajlina (Kingman), deux chevaux dont personne ne serait surpris s’ils venaient à gagner chacun un Gr1 d’ici la fin de l’année : « Nous avons tendance à utiliser des étalons bien faits. Bateel est une jument assez importante physiquement. Elle n’a pas les meilleurs membres postérieurs et nous l’avons donc croisée en conséquence. Enfin, pas besoin d’être un génie pour utiliser, si vous en avez la possibilité, des étalons confirmés du calibre de Sea the Stars et Kingman. Envoyer vos meilleures juments à des reproducteurs de premier plan, c’est déjà faire un grand pas vers la réussite… Bateel est suitée de Wootton Bassett et elle retourne à Frankel. »

B comme Bateel… et comme Batthyány

Map of Stars descend d’une souche allemande issue de l’élevage Batthyány. Sa cinquième mère, Andrea II (Ticino), fut la meilleure 2 ans de sa génération outre-Rhin. Sa fille, Arosa (Silver Shark), fut une pouliche très régulière. Attirance (Crowned Music), troisième mère de Map of Stars, a remporté le Prix des Lilas (L) et s’est classée deuxième du Prix de Sandringham (Gr3). Parmi ses descendants : Attractive Crown (Chief’s Crown), deuxième en terrain souple des Pretty Polly Stakes, ou encore Funiculi Funicula (Storm the Stars), troisième de Gr1 ce week-end à Aintree. Un petit-fils de Sea the Stars… le père de Map of Stars !

James Wigan s’y est cassé les dents !

C’est James Wigan qui a élevé Attractive Crown, deuxième mère de Map of Stars : « C’était il y a fort longtemps ! En fait, j’ai acheté deux juments de cette famille, deux sœurs. On ne peut pas dire qu’Attirance, la mère d’Attractive Crown, fut un grand succès chez moi. Pourtant, elle était bonne. » Mais avec six gagnants et deux black types sur douze produits, ce n’est en rien un échec : « C’est vrai, je suis certainement un peu dur avec elle. Il faut dire que nous avions assez mal vendu Attractive Crown. Je pense que je ne l’ai pas gâtée en allant à Northjet (Northfields) au départ. » L’autre sœur, Anne Stuart (Bolkonski), a mieux réussi, produisant Anvari (Persian Bold) et Star Shareef (Shareef Dancer), placés de Gr1.

L’élevage, c’est parfois contre-intuitif

Performante au niveau Groupe, Attractive Crown a été achetée par Jean-Pierre de Gasté pour Al Asayl, en 2001, pour 260.000 $. En 2018, elle a été vendue à 18ans, en Arabie Saoudite. Entre-temps, ses résultats étaient modestes, mais elle est la mère de Bateel… « C’est un pedigree où il ne s’est pas passé des choses extraordinaires pendant un long moment… Bateel a relancé la lignée par ses performances. »

Malgré les croisements répétés avec des étalons de vitesse, seuls Lemon Drop Kid et Dubawi ont donné des résultats probants. Bateel, jument de tenue, a été croisée logiquement avec Sea the Stars, Frankel et Roaring Lion, tous étalons de fond : « Beaucoup ont eu de la réussite avec des étalons vites. Mon expérience, c’est que croiser des sujets de 2.400m avec des purs chevaux de vitesse ne fonctionne pas vraiment. »

Les croisements qui fonctionnent avec Sea the Stars

Sea the Stars est un vrai vecteur de tenue, avec une distance moyenne de victoire de 2.100m. Il a déjà « sorti » quatre podiums dans l’Arc : Cloth of Stars, Sea of Class, Taghrooda, Aventure.

Il fonctionne bien avec les filles de Kingmambo mais aussi avec celles de Hernando, Monsun ou Acatenango. Le bilan avec les filles de Dubawi — comme la mère de Map of Stars — est bon mais pas spectaculaire (53 % gagnants, 13 % black types). Il sous-performe en revanche avec Oasis Dream et Pivotal, contrairement à son frère Galileo, qui brillait avec les juments vites… preuve que la génétique n’est jamais une science exacte.

En symbiose avec Francis-Henri Graffard

Bateel fut le point de départ d’une collaboration fidèle entre Al Asayl et Francis-Henri Graffard, qui entraîne aujourd’hui 24 chevaux pour la casaque émiratie. « J’ai appris auprès du cheikh Hamdan, qui croyait au fait de confier les chevaux d’une même famille à un même entraîneur. Je connais Francis depuis le Darley Flying Start. Sa manière d’entraîner correspond à notre vision. Avec lui, rien n’est caché. Un éleveur-propriétaire veut être certain de ne pas passer à côté d’un très bon cheval. Francis a fait durer The Revenant de manière remarquable. Et Map of Stars arrive à maturité sans avoir été usé. »

UN PALMARÈS EXCEPTIONNEL CHEZ LES PUR-SANG ARABES

Actuellement, l’écurie compte dix pur-sang arabes à l’entraînement chez François Rohaut. Comme un certain nombre de grandes casaques du Golfe, Al Asayl a fait ses débuts avec les chevaux arabes. De nombreux lauréats de Gr1 PA ont porté ces couleurs : Abu Alabyad (Akbar), Daffagh Al Asyal (Darike), Fée Al Maury (Dormane), Forgehill Cézanne (Dormane), Fryvolous (Dormane), Magic de Piboul (Dormane), Rb Burn (Majd Al Arab), Séraphin du Paon (Akbar), Sir Bani Yas (Amer)…

Ce dernier a peu sailli, mais il a rapidement bien réussi, en produisant des chevaux de Groupe malgré une production numériquement réduite. « Il est très difficile de lutter avec les très grandes casaques ayant beaucoup de chevaux, y compris pour lancer un étalon pur-sang arabe. Par le passé, nous avons envoyé beaucoup de ces chevaux à Abu Dhabi pour courir. Désormais, nous allons certainement en avoir plus en France. »

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