0,00 EUR

Votre panier est vide.

0,00 EUR

Votre panier est vide.

jeudi 17 avril 2025
AccueilA la unePETER MAHER, SA LETTRE D’AMOUR À LA FRANCE

PETER MAHER, SA LETTRE D’AMOUR À LA FRANCE

PETER MAHER, SA LETTRE D’AMOUR À LA FRANCE

Le 8 avril, Maranoa Charlie (Wootton Bassett) a établi le nouveau temps record du Prix Djebel (Gr3) pour sa rentrée, faisant ainsi oublier sa quatrième place dans le Critérium International (Gr1) en fin d’année de ses 2ans. Un grand moment pour Peter Maher, son principal propriétaire, qui est un grand francophile. Alternant français et anglais dans la conversation, il a cette truculence propre aux Australiens. Entre deux rendez-vous professionnels, il nous a confié : « Cette piste de Deauville, pour la première de la saison… c’est toujours magnifique. Quand Maranoa Charlie a gagné, il était 23 h ici en Australie. Et c’était génial. Vous regardez votre cheval gagner. La bouteille de Ruinart vous attend au frais. À 1 h 30 du matin, l’excitation n’est toujours pas retombée ! C’est une expérience si particulière. On ne s’y habitue jamais vraiment. » Depuis un bon quart de siècle, Peter Maher fait courir en France avec des bons chevaux comme Merimbula (Dalakhani), troisième du Prix de Malleret (Gr2), Peribsen (Lonhro), troisième du Prix Michel Houyvet (L), Tucuman (Hawk Wing), gagnant du Prix Ridgway (L), Chausson Doré (Hawk Wing), deuxième du Prix Sigy (L), Angelo Minny (Red Ransom), lauréat du Prix Frédéric de Lagrange (L)… mais Maranoa Charlie, c’est bien sûr autre chose ! Ce propriétaire passionné – qui n’élève pas – a l’un des favoris à la Poule d’Essai des Poulains (Gr1), mais aussi un prospect étalon. Une sacrée récompense pour ce fidèle du galop français…

Par Adrien Cugnasse

ac@jourdegalop.com

De manière assez surprenante, Peter Maher a découvert les courses de notre pays… avec un cheval entraîné à l’étranger ! « Cela fait probablement 26 ans que je viens en France. Tout est parti de la saison 1999. Notre pouliche Valentine Waltz (Be My Guest), troisième des 1.000 Guinées, est venue courir la Poule d’Essai… qu’elle a remportée ! Elle était entraînée par John Gosden en Angleterre et c’est lui qui nous a proposé le pari de venir la courir à Longchamp. Sur place, par l’intermédiaire d’un ami néo-zélandais, les deux premières personnes que j’ai rencontrées furent Laurent Benoit et Henri Bozo ! Je suis resté proche d’eux. Ensuite, j’ai fait la connaissance de Nicolas Clément, qui m’a fait faire le tour de Chantilly. Je ne suis pas certain que vous, les Français, appréciez à sa juste valeur Chantilly. Cela fait un quart de siècle que je m’y promène un peu tous les ans. Et à chaque fois, à chaque visite, je suis aussi enthousiaste que la toute première fois. Peut-être même plus ! C’est dire si cet endroit est extraordinaire… Mieux encore, en plus de 25 années, je n’ai pas encore fait le tour complet du site. Il y a encore des parties du centre d’entraînement que je n’ai jamais vues. En Australie, nous n’avons rien de comparable. Et, dans un pays aussi grand que le nôtre, nous devrions avoir quatre ou cinq Chantilly. Un dans chaque État. »

Lequeux l’Australien

« Avec Nicolas Clément, nous étions allés ensemble au restaurant du célèbre Alain Lequeux. Je tiens à dire que ce fut l’une des grandes expériences de mon existence ! J’y suis ensuite revenu tous les ans. Quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit, Lequeux fumait, tout en jouant aux cartes ou en pariant : il n’existe pas de Français plus proche que lui de ce qui constitue l’essence même de l’homme australien ! C’était un homme extraordinaire. Avec le temps, je me dis qu’Alain Lequeux était plus australien que français. Et parfois, j’ai tendance à penser que je suis assez français… »

Par amour pour les courses françaises…

Vue d’Europe, l’Australie semble être la terre promise des courses hippiques, avec ses allocations mirifiques, ses foules gigantesques, ses hippodromes à l’ambiance « stadesque »… Alors pourquoi donc, Monsieur Maher, venir faire courir dans la vieille Europe ? « En voilà une bonne question. Et j’aimerais pouvoir vous répondre précisément ! Lors de ma première victoire en France, dans la Poule 1999, l’ambiance aux courses, la visite de Chantilly, tout cela m’a saisi. C’était une expérience totale et palpitante. J’ai tout simplement voulu revenir. Il faut aussi savoir que j’ai eu, par le passé, également des chevaux en Angleterre et aux États-Unis. Mais ces expériences furent sans lendemain. Alors que j’ai continué en France. Il y a quelque chose ici. C’est peut-être le côté un peu romantique du galop français, sa classe. Si vous mettez un pied en France, c’est difficile de ne pas y revenir. Il faut dire que les hippodromes français sont très beaux, de Bordeaux à Deauville en passant par Vichy. Là aussi, les Français ne mesurent pas vraiment leur chance. Environ 50 % des Australiens suivent les courses. En France, bien sûr, c’est une petite fraction de la population. Mais ce petit pourcentage de Français a un impact global sur le sport hippique. » Dans sa découverte de la France, Peter Maher tient à remercier Damon Gabbedy, le représentant d’Arqana pour l’Australie : « Ce gentleman a fait venir tellement d’Australiens aux courses en France ! »

À cheval entre deux pays

Peter Maher met souvent en avant la réussite des Français en Australie : « J’éprouve beaucoup d’amitié pour Alain de Royer Dupré, chez qui j’ai eu des chevaux. Lors de sa victoire dans la Melbourne Cup (Gr1) avec Américain (Dynaformer), il m’avait confié que ce fut l’un des grands jours de sa vie professionnelle. À Flemington, il y avait une foule immense. Je pense qu’il y a un lien fort entre la France des courses et l’Australie. Demandez à Mikel Delzangles ! Il se souvient encore de la Melbourne Cup… Gérald Mossé, quand il est revenu l’année suivant sa victoire, s’est rendu compte que tout l’aéroport savait qui il était ! » L’excellent (et jeune) média australien The Straight a récemment publié une statistique très intéressante. Les chevaux élevés en France connaissent actuellement leur apogée (historique) en Australie avec 13 victoires de stakes pour les FR lors de la saison 2024-2025, avec en point d’orgue les succès de Gr1 de Light Infantry Man (Fast Company) et de Land Legend (Galileo). Du jamais vu ! Peter Maher réagit : « En France, avec les Aga Khan Studs et Wertheimer & Frère, vous avez deux des plus beaux élevages au monde. La qualité de leurs pedigrees est incroyable. Ils ne sont pas guidés par le profit et leur impact est remarquable sur l’ensemble de la filière. Les lignées qu’ils développent réussissent partout. À mon sens, vous avez aussi deux jeunes leaders en matière d’élevage dans votre pays et ils font du super boulot. Il s’agit d’Henri Bozo et de Nicolas de Chambure. Ils sont jeunes, créatifs et entreprenants. L’histoire de Wootton Bassett (Iffraaj) en atteste. Vous pouvez faire tout ce que vous voulez en termes de marketing, vous ne pouvez pas inventer une telle réussite au haras. Ce qu’il a réalisé comme père, c’est sur sa qualité propre. Et c’est une grande réussite pour Nicolas de Chambure, qui a su le soutenir au début de sa carrière, où il n’était pas franchement à la mode. »

Comment Maranoa Charlie a oublié sa fin d’année de 2ans

« Connaissez-vous Alban Chevalier du Fau ? C’est vraiment quelqu’un de très compétent en matière de débourrage et de pré-entraînement. Avec lui, Laurent Benoit et Christopher Head, nous avons une sacrée équipe en France ! Quand Maranoa Charlie a terminé difficilement son année de 2ans, nous avons utilisé une ficelle « à l’australienne ». Direction Angers, où il a passé un bon mois au paddock chez Alban avec simplement un peu de marcheur tous les jours. Le poulain s’est refait une santé, il a repris du moral. En France, vous avez vraiment des hommes de chevaux fantastiques. Alban ne cesse jamais d’apprendre. C’est une personne qui se remet sans cesse en question. »

Un prospect étalon

Bien né, par l’étalon du moment et avec de la vitesse, Maranoa Charlie est en route vers le haras s’il parvient à confirmer au niveau classique : « C’est une période assez enthousiasmante quand, à ce moment de la saison, vous êtes copropriétaire d’un tel 3ans… Bien sûr, en fin d’année dernière, c’était moins marrant lorsqu’il n’a pas fait sa valeur lors de sa dernière sortie de l’année. Le terrain lourd, ce n’est pas pour lui. Nous l’avons peut-être couru une fois de trop aussi. Avant de le revoir en action pour sa rentrée, personne ne pouvait savoir s’il s’était bien remis et s’il avait progressé de 2 à 3ans. Et le voir gagner avec cette marge le Prix Djebel (Gr3), c’était bien sûr une grande satisfaction. Christopher Head nous a toujours dit qu’il serait mieux à 3ans. Et ce depuis le premier jour. Je ne sais absolument pas s’il sera capable d’aller au-delà du mile un jour. Mais peut-être que nous ne lui poserons jamais la question ! Si vous avez un super cheval pour aller sur 1.400 ou 1.600m, pourquoi le rallonger ? J’ai cru comprendre que, pour faire un étalon, en 2025, c’était un bon créneau d’être performant autour du mile (rires). Ayant gagné la course des Pouliches, j’aime l’idée d’essayer de gagner la Poule d’Essai des Poulains. Ce doublé serait du plus bel effet sur mon épitaphe ! Cela ferait de moi un homme comblé. Mais il y a aussi Ascot et c’est une réelle probabilité là-bas pour les St James’s Palace Stakes ou les Jersey Stakes… entre autres options. À plus long terme, je pense que Maranoa Charlie a vraiment le profil pour le Prix Jean Prat (Gr1). Et cela tombe bien car, à mon avis, c’est l’une des meilleures courses du programme français. J’aime énormément Deauville. Peu de mauvais chevaux ont gagné le Maurice de Gheest et le Marois ! Très peu même ! Car il faut à la fois de la vitesse et un peu de tenue. Les gagnants de ces épreuves ont aussi le profil pour bien faire au haras en Australie. » Peter Maher est un propriétaire pur et dur. L’élevage, ce n’est pas son truc : « Je ne suis pas assez dur au mal pour être éleveur. Cela dépasse ma capacité à encaisser les mauvaises nouvelles. Plus assez jeune aussi ! Pour élever, il faut être jeune, courageux et un peu fou aussi. L’élevage c’est un métier qui use. Je ne sais pas comment Henri Bozo fait pour rester aussi flegmatique ! »

Les amis, la famille, le boulot

Peter Maher possède 80 % de Maranoa Charlie. Ses deux associés en ont chacun 10 % : « Mon ami John Baxter est un avocat en droit de la famille. Carl Fitzgerald vient de Tasmanie. Il est gardien de prison. C’est John qui me l’a présenté. Carl n’avait jamais eu de chevaux en France. John a déjà un certain nombre de galopeurs ici. Nous en avons couru ici ensemble avant de les faire venir en Australie pour la deuxième partie de leur carrière. » Notre Australien a-t-il beaucoup de chevaux dans son pays ? « Attendez, je regarde si ma femme est là. Il faut que je me souvienne de mon dernier mensonge à ce sujet (rires). J’en ai huit ou dix en Australie, la moitié avec des associés, l’autre moitié avec la famille. La plupart sont de jeunes chevaux avec un profil de tenue. » Peter Maher a commencé sa carrière derrière un micro : « Je ne suis pas assez intelligent pour être journaliste (rires). J’étais à la radio, où j’animais des émissions. Faites-moi confiance, si j’en ai été capable… c’est que tout le monde peut le faire. » Notre Australien a ensuite monté une entreprise à succès dans le média monitoring, c’est-à-dire la veille médiatique à destination des entreprises.

VOUS AIMEREZ AUSSI

Les plus populaires