JOCKEY
Le mot « jockey » vient d’apparaître dans un autre univers que celui des courses, de manière quelque peu surprenante : il désigne désormais des personnes engagées par d’autres pour faire du sport à leur place. Vous croyez avoir mal lu (ou que JDG a l’intention de publier un poisson par jour jusqu’à la fin du mois d’avril) et vous vous dites que, quitte à engager quelqu’un dans le cadre d’une activité sportive, c’est pour vous aider à transpirer plutôt qu’à rester dans votre canapé ! Et pourtant… tout cela est bien vrai.
Explication : sur le miroir aux alouettes des réseaux sociaux, l’une des manières de briller est d’afficher ses performances sportives. Combien de temps ai-je couru aujourd’hui ? Sur quelle distance ? À quelle vitesse ? À pied et/ou à vélo ? La force de preuve vient de l’application Strava (100 millions d’utilisateurs), qui enregistre toutes vos données, partageables sur les réseaux. Et c’est là que le nouveau jockey intervient : il est payé pour se connecter à Strava, faire du sport à votre place, puis vous permettre de vous en attribuer les mérites et de recueillir les lauriers virtuels de la communauté – simplement en vous envoyant les statistiques que vous n’aurez plus qu’à télécharger et à publier sur votre propre compte.
Cette supercherie, qui finalement trompe même celui qui y a recours, est née dans le monde des jeux vidéo. Des joueurs occidentaux payaient des joueurs asiatiques pour jouer à leur place pendant des heures, afin de progresser dans la partie et d’améliorer le niveau de leur personnage. De même, le nouveau jockey est apparu en Indonésie en 2024. Les tarifs varient selon la vitesse et le type de course (à pied ou à vélo). Pour une course à pied de 45 minutes, comptez 20 euros ; une sortie à vélo peut être facturée 45 euros. Certaines plateformes proposent des prix au kilomètre ; d’autres, au forfait.
Il y a un an, quand le phénomène a émergé, Strava a promis de l’endiguer très rapidement. En pure perte : on ne reprend pas le feu à Prométhée en claquant dans les doigts…