0,00 EUR

Votre panier est vide.

0,00 EUR

Votre panier est vide.

mercredi 14 mai 2025
AccueilÉlevageHOLY ROMAN EMPEROR ET LES ÉLEVEURS QUI SAVENT LIRE ENTRE LES LIGNES

HOLY ROMAN EMPEROR ET LES ÉLEVEURS QUI SAVENT LIRE ENTRE LES LIGNES

HOLY ROMAN EMPEROR ET LES ÉLEVEURS QUI SAVENT LIRE ENTRE LES LIGNES

C’est un vieil étalon qui fait désormais la monte à 8.000 €. À 21ans, Holy Roman Emperor est sorti des radars des éleveurs commerciaux. Mais il n’a pas dit son dernier mot pour autant. Et des éleveurs inspirés, petits et grands, continuent à tirer le meilleur de ce père de mère sur la montante… en cherchant les étalons avec qui ses filles fonctionnent le mieux !

Adrien Cugnasse

Ces dernières semaines, la météo est clémente en Europe. Et alors que la saison des préparatoires classiques bat son plein, les chevaux qui n’aiment pas le terrain trop souple peuvent enfin s’exprimer. C’est le cas des descendants d’Holy Roman Emperor (Danehill). Jugez plutôt. Rashabar (Holy Roman Emperor), deuxième des Greenham Stakes (Gr3) ce week-end, pourrait venir courir la Poule d’Essai des Poulains (Gr1). Son entraîneur Brian Meehan a expliqué qu’une tentative dans un classique français fait sens, dans l’idée que Rashabar serait peut-être un jour amené à faire la monte dans notre pays. Le même jour que les Greenham, Tabletalk (Camelot) a été battu du minimum dans les John Porter Stakes (Gr3). Il est issu du même croisement Rashabar (Holy Roman Emperor sur une fille de Camelot)… mais à l’envers (Camelot sur une fille d’Holy Roman Emperor). Camelot étant par Montjeu (Sadler’s Wells), c’est donc aussi le même croisement que Geography (Holy Roman Emperor), lauréat du Kalkmann-Fruhjahrs-Meile (Gr3), dimanche en Allemagne. Ces derniers jours, Holy Roman Emperor a également fait feu de tout bois en tant que père de mère, avec One Look (Gleneagles), gagnant des Park Express Stakes (Gr3), sans oublier Wakaburn (Wootton Bassett) qui a remporté le Prix Jacques Laffitte (L). Au total, le vieux Holy Roman Emperor est déjà le père de mère de 85 black types en plat, ce qui n’est pas donné à tout le monde !

Le plus dur c’est de durer

Pendant des années, Holy Roman Emperor a un peu été le « Danehill du pauvre » et cela fait 16 saisons de monte qu’il officie à 20.000 € ou moins. Clairement, il est très loin de faire partie du petit cercle des top-étalons, mais c’est un reproducteur solide qui a su (sportivement) résister à l’épreuve du temps. Ce qui en soi est déjà une sacrée performance. Arriver à l’âge de 21ans avec 151 produits black types, soit 11,8 % dans l’hémisphère Nord, c’est beau. Même chez Coolmore, la plus grande réussite de l’histoire en matière d’étalonnage, assez peu de sires en ont finalement été capables. Pour en avoir le cœur net, il suffit de regarder la brochure du leader européen pour la saison de monte 2007. Lors de ses premiers pas au haras en Irlande, Holy Roman Emperor officiait aux côtés de chevaux qui ont réussi au haras (Danehill Dancer, Galileo, High Chaparral, Hurricane Run, Montjeu, Night Shift, Sadler’s Wells…), mais aussi d’un certain nombre qui n’ont pas marqué l’histoire du sport hippique (Ad Valorem, Antonius Pius, Aussi Rules, Catcher in the Rye, Fasliyev, Hawk Wing, Ivan Denisovich, One Cool Cat, Oratorio, Peintre Célèbre, Spartacus, Statue of Liberty…) ou d’autres qui ont mieux fonctionné dans l’hémisphère Sud que chez nous en Europe (Choisir, Encosta de Lago, Orpen…) En matière d’étalonnage, même chez les meilleurs, l’échec ou plutôt la non-réussite, est la norme. Et Coolmore ne garde pas pendant deux décennies un étalon qui ne fait pas l’affaire. 

Une entrée au haras… précipitée !

Holy Roman Emperor, à 2ans, était particulièrement petit (il toise 1,59m à l’âge adulte) au point de donner l’impression visuelle que Kieren Fallon était un géant sur son dos. Mais c’était un cheval très dur, avec beaucoup de classe et de vitesse. S’il n’a pas couru le Morny, pour cause de terrain trop souple, il a remporté les Phoenix Stakes, le Jean-Luc Lagardère (Grs1) et les Railway Stakes (Gr2). Sa plus belle course est peut-être une de ses défaites. Dans les Dewhurst Stakes (Gr1), malgré un parcours absolument impossible, le petit Holy Roman Emperor est venu échouer d’une encolure face au géant Teofilo (Galileo). Ce jour-là, il a fait preuve d’une classe et d’un courage peu commun. Si bien qu’il était le cheval de Ballydoyle pour les 2.000 Guinées (Gr1) 2007. Le problème, c’est que George Washington (Danehill), qui débutait au haras cette année-là, s’est révélé infertile. Alors que la saison de monte avait déjà commencé, Coolmore a dû trouver un autre fils du défunt Danehill (Danzig) en urgence. Et ce fut Holy Roman Emperor qui a pris le camion pour la cour des étalons de Coolmore au lieu de prendre la route pour le classique de Newmarket. Pour ses débuts au haras, Holy Roman Emperor a sailli les très bonnes juments qui étaient promises à George Washington (lequel devait débuter à 60.000 €). Un an plus tard, en 2008, une crise financière a frappé la planète et l’Irlande a fait partie des pays très touchés. La moyenne des premiers yearlings d’Holy Roman Emperor, ceux issus des bonnes juments, a été de 68.000 £. Malgré plusieurs black types, Holy Roman Emperor n’a pas sorti de gagnant de Groupe avec ses premiers 2ans. Et le marché a réagi négativement. Dès la deuxième année, la même moyenne n’était que de 37.413 £, soit un échec pour un étalon proposé à 35.000 $ en deuxième saison.

Ce n’était pourtant pas si mal

Pourtant, avec le recul, sa première génération en piste fut bonne, très bonne même, avec 20 black types sur 93 partants ! Mais les quatre premiers gagnants de Groupe de cette génération inaugurale ont eu besoin de temps pour « sortir ». Il s’agit en effet de Banimpire (premier succès de Groupe à 3ans), Sandslash (premier succès de Groupe à 3ans), Pinturicchio (premier succès de Groupe à 6ans) et Rich Tapestry (premier succès de Groupe à 5ans). Une fois la machine lancée, Holy Roman Emperor n’a jamais cessé de sortir des gagnants et un nombre important de black types, étant même sacré meilleur père de 2ans en Europe à deux reprises (bien aidé par les Italiens et les Français). Mais cela n’a jamais été suffisant pour faire de lui un étalon vraiment commercial. Au crépuscule de sa carrière, on comprend néanmoins pourquoi il a malgré tout pu conserver sa place dans le catalogue de Coolmore : 151 black types, dont 40 gagnants de Groupe et en particulier neuf gagnants de Gr1. Les Holy Roman Emperor ont beaucoup gagné en Australie, à Hongkong et aux États-Unis, c’est-à-dire loin des yeux des acheteurs et éleveurs européens. Néanmoins, en Europe, il a donné deux gagnants classiques, dont Homecoming Queen (Holy Roman Emperor), lauréate des 1.000 Guinées (Gr1) dans le « bon souple ». Pouliche dotée d’une force de caractère remarquable, elle a déjà donné quatre black types dont Shale (Galileo), lauréate des Moyglare Stud Stakes (Gr1), et Danon Mckinley (Maurice), gagnant de Gr2 à 3ans au Japon. L’étalon Romanised (Holy Roman Emperor) est lauréat des 2.000 Guinées d’Irlande et du Marois (Grs1) en bon terrain. Les produits des filles d’Holy Roman Emperor ont réalisé de grandes performances à 2ans, comme Verbal Dexterity (Vocalised), gagnant des National Stakes (Gr1), et Newspaperofrecord (Lope de Vega), lauréate du Breeders’ Cup Juvenile Fillies Turf (Gr1) par plus de six longueurs !

Qui l’utilise actuellement ?

En 2020, Holy Roman Emperor est passé de la cour « prestige » de Coolmore à Castle Hyde Stud. Les books de juments d’un étalon de plus de 20ans sont forcément réduits. Mais de très bons éleveurs continuent à lui faire confiance. À ce titre, l’étude du dernier Return of Mare est très instructive. En 2024, il a sailli cinq juments de Rabbah Bloodstock ! Mais aussi des poulinières de Fair Salina, de la Razza Del Velino (c’est-à-dire la famille Botti), du Gestüt Schlenderhan, de Barbara Moser… Et même de Whisperview Trading, soit l’élevage personnel d’Aidan O’Brien. Il faut dire que le grand entraîneur et son épouse ont eu la main heureuse avec Holy Roman Emperor. L’étalon leur a donné Numerian (Holy Roman Emperor), placé de Groupe à 3ans en Irlande, puis triple lauréat de Gr2 en Australie, mais aussi Montesilvano (Holy Roman Emperor), troisième du Prix François Boutin (Gr3). Leur propre sœur Too Precious (Holy Roman Emperor) a été conservée par les O’Brien après avoir gagné quatre courses. Et elle leur a donné la remarquable Porta Fortuna (Caravaggio), une pouliche exceptionnelle qui a remporté les Cheveley Park Stakes, les Coronation Stakes, les Falmouth Stakes et les Matron Stakes (Grs1). Elle est aussi montée sur le podium du Breeders Cup Juvenile Fillies Turf, des Phoenix Stakes, des Moyglare Stud Stakes et des 1.000 Guinées (Grs1) ! Porta Fortuna est restée à l’entraînement cette année à 4ans. Donnacha O’Brien a prévu de lui faire effectuer sa rentrée dans les semaines à venir… Il est de notoriété publique que John Magnier aime bien les filles d’Holy Roman Emperor. Et il faut dire qu’Inca Princess (Holy Roman Emperor), acquise pour soutenir l’étalon dont elle faisait partie des premiers yearlings, s’est révélée être une remarquable poulinière avec six black types (tous par Galileo) sur sept partants. C’est notamment la mère de Johannes Vermeer (Galileo), lauréat du Critérium International (Gr1) et de Wembley (Galileo), deuxième des Dewhurst Stakes (Gr1). En fait la production d’Inca Princess représente la moitié des 11 black types de Galileo sur les filles d’Holy Roman Emperor !

Un croisement qui fonctionne

Si demain matin le roi de Malaisie vous appelle pour vous demander de l’aider à créer l’élevage qui va révolutionner l’histoire du pur-sang… Il y a fort à parier qu’Holy Roman Emperor ne sera pas le premier nom qui vous vienne à l’esprit. Le vieux sire est sorti des radars commercialement parlant et ce n’est pas nécessairement le père de poulinière le plus sexy du catalogue de Deauville ou de Newmarket au mois de décembre. Pourtant, dans ce rôle, c’est une bonne valeur et des éleveurs avec des petits budgets ont su en tirer profit. Savoir lire entre les lignes et éplucher les statistiques peut se révéler payant ! En 2015, pour 23.000 €, Jan Krauze a acheté Angel of Harlem (Holy Roman Emperor), pleine de Planteur (Danehill Dancer). Âgée de 7ans, elle n’avait pas la page la plus attractive, mais était tout de même placée du Prix Miesque (Gr3). Elle lui a donné Angers (Seabhac) qui a gagné les 2.000 Guinées allemandes (Gr2). C’est le seul produit vu en course par Seabhac (Scat Daddy) et une fille d’Holy Roman Emperor. Mais c’est un croisement qui fonctionne aussi avec d’autres fils de Scat Daddy (Johannesburg). Avec les filles d’Holy Roman Emperor, No Nay Never (Scat Daddy) a eu six gagnants sur huit partants (75 %), dont deux black types (25 %), c’est-à-dire Al Qudra (2e des Summer Stakes, Gr1) et Mountain Bear (2e du Breeders’ Cup Juvenile Turf, Gr1). Caravaggio (Scat Daddy), avec les filles d’Holy Roman Emperor, a eu trois partants et deux gagnants dont la championne Porta Fortuna, et Sioux Nation (Scat Daddy) trois gagnants sur six partants dont le globe-trotter aux six Groupes Brave Emperor.

De petits éleveurs bien inspirés…

Jan Krauze n’est pas le seul « petit éleveur » à avoir eu la main heureuse avec les juments par Holy Roman Emperor. L’habile Jocelyn Targett a déniché pour 20.000 Gns une 6ans nommée Hoku (Holy Roman Emperor). Elle non plus n’avait pas une page très attractive, mais elle fut une championne en Scandinavie (10 victoires) après avoir été placée de Groupe à 2ans en Grande-Bretagne. Bonne pioche, ses trois partants ont tous gagné et elle est la mère de deux black types avec des étalons à petits prix (Cityscape et Le Brivido). Philippe Decouz (l’éleveur) s’est fait une spécialité de sortir des bons chevaux avec des juments acquises pour pas grand-chose. Ainsi Akasti (Holy Roman Emperor) a été achetée pour 10.500 € dans un réclamer pour 3ans à Aix-les-Bains ! C’est la mère de Wakaburn qui vient de gagner sa Listed…

… et des gros aussi !

Là encore, la « stat » est flatteuse car avec Wootton Bassett (Ifraaj), les filles d’Holy Roman Emperor ont donné quatre gagnants sur quatre partants, dont deux black types avec Wakaburn et Comanche Brave, récent deuxième du Leopardstown 2.000 Guineas Trial (Gr3). Comanche Brave est (encore) un élève de Whisperview Trading (Aidan O’Brien et sa femme). Jean-Pierre Dubois a élevé L’Imperator (Holy Roman Emperor), gagnant des Fort Marcy Stakes (Gr2). Mais il a aussi été bien inspiré lorsqu’il a envoyé Shutka (Holy Roman Emperor) à Le Havre (Noverre) pour donner Sovereign Spirit (Le Havre) qui reste sur une victoire dans H.M. The King’s Cup (Gr3) à Bahreïn. Là encore, c’est un croisement bien vu avec cinq gagnants sur six partants dont trois black types : Sovereign Spirit, Simada (Le Havre) et Victorine (Le Havre). 

VOUS AIMEREZ AUSSI

Les plus populaires