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dimanche 20 avril 2025
AccueilA la uneFUSION… INCOMPRÉHENSION !

FUSION… INCOMPRÉHENSION !

FUSION… INCOMPRÉHENSION !

L’annonce de la fusion des Prix du Louvre et Machado, deux Classes 1 souvent utilisées comme préparatoires aux Poules d’Essai, a suscité une certaine incompréhension chez les professionnels concernés (lire les témoignages en pages suivantes). Henri Pouret, directeur général adjoint de France Galop, et Pierre Laperdrix, responsable du Département calendrier et programme, expliquent le processus qui a conduit à cette mesure.

Par Adeline Gombaud

ag@jourdegalop.com

Jour de Galop. – La fusion du Machado et du Louvre a été mal vécue par les professionnels. Comprenez-vous leurs arguments, surtout celui de l’exception que vous auriez pu consentir pour des courses qui font partie d’un programme menant aux classiques ?

Henri Pouret et Pierre Laperdrix. – Il faut commencer par recontextualiser. Depuis plusieurs années maintenant, nous avons entrepris un travail important pour l’optimisation des partants. Il faut avoir en tête qu’une course de sept partants génère 40 % d’enjeux en moins qu’une épreuve de huit partants ! Il est donc capital de chercher à réduire le nombre de courses creuses, et 85 % des Classes 2, depuis trois saisons, comptaient moins de huit partants… Nous avons beaucoup échangé avec les différents représentants de socioprofessionnels pour trouver des solutions. Des propositions ont été débattues au sein des instances, un débat s’est instauré. Et parmi les mesures de dernier recours, nous avons proposé aux instances de donner un cadre à l’article 51 qui existait depuis plusieurs décennies dans le Code des courses. C’est ainsi que depuis le 1er janvier, on applique l’article 51 conformément aux conditions générales si l’épreuve pour mâles et hongres et son pendant pour femelles réunissent chacune sept partants définitifs ou moins, ou si l’une des épreuves réunit cinq partants définitifs ou moins et que le total des partants des deux courses reste inférieur ou égal à 16. Pour le Louvre et le Machado, nous étions dans ce cas de figure.

Et aucune dérogation n’était possible dans ce cas ?

Les seuls cas où l’article 51 ne s’applique pas concernent les courses principales et les épreuves qui ne sont pas intégralement financées par France Galop. Les Prix du Louvre et Machado n’entrent pas dans ce cadre. Nous comprenons l’émotion que cela suscite. Mais il y a une réalité économique. Des épreuves avec un tel niveau d’allocations, si elles se courent à cinq partants, sont loin de s’autofinancer. On ne peut pas, sous prétexte que ces courses ont pu servir de tremplin aux Poules, les déconnecter de toute réalité économique.

Quand vous percevez le risque d’une fusion, alertez-vous les professionnels en amont ?

Nous l’avons fait au cours des premières semaines de l’année, mais cela fait désormais plus de quatre mois que la mesure est en place…

Le faible nombre de partants prévu dans le Machado n’est-il pas imputable à une trop grande concentration de préparatoires classiques en quelques jours, depuis le Djebel et l’Imprudence le 8 avril, jusqu’au Prix Aymeri de Mauléon le 20 ? Pour aller plus loin, ces deux Classes 1 ont-elles encore leur place dans le programme ?

Notre réflexion sur l’architecture du programme est constante. Et on peut se demander s’il ne serait pas opportun de revoir la conception de ces courses afin qu’elles attirent plus de partants. On peut aussi considérer que ces chemins de traverse empruntés par les entraîneurs, privilégiant parfois une Classe 1 à un Gr3, peuvent être préjudiciables à la compétitivité de nos courses. Que la Poule soit remportée par une pouliche ou un poulain ayant couru au niveau Classe 1 auparavant, cela a forcément une incidence sur l’appréciation du rating du classique. Nous comprenons que les professionnels s’émeuvent de courir les mâles contre les femelles, mais n’est-ce pas plus intéressant d’un côté sportif également de tester son cheval face à dix adversaires, dans une course sélective, plutôt que dans un match à faible nombre de partants ? On est en droit de se poser la question.

LES ENTRAÎNEURS RÉAGISSENT

Pierre Groualle

« Motu Proprio a été retirée du Prix du Louvre en raison de la fusion des courses. Je comprends que les courses peu remplies représentent un coût pour la société et qu’il est nécessaire de trouver des solutions. Cela dit, dans le cas précis de Motu Proprio, cette fusion me semblait préjudiciable. Nous sommes en début de saison, elle a une certaine valeur commerciale, et l’opposer aux mâles à ce stade ne lui aurait rien apporté.

Un entraîneur établit un programme pour son cheval, et voir les conditions de course modifiées à la dernière minute n’est jamais idéal. Ce type de course est important pour l’avenir, car il permet de recueillir des enseignements utiles. J’ai donc préféré m’abstenir plutôt que de lui imposer un engagement compliqué. Dans son cas particulier, elle changeait également de distance. J’ai besoin de savoir si elle peut tenir le mile. Face à des mâles et une opposition trop relevée, je n’aurais probablement pas obtenu les réponses attendues. Avec cette nouvelle règle, il faudra trouver un équilibre entre le jeu et le sport. »

Tim Donworth

« Je comprends la démarche de France Galop et la logique économique de cette mesure. Mais d’un point de vue d’homme de cheval, il est compliqué de se résoudre à courir une femelle face aux mâles ! J’avais engagé dans le Louvre une pouliche comme Khadidja, que j’estimais un peu juste pour la Grotte. Dans le Louvre, cela me paraissait plus facile. Mais face aux mâles, la tâche devient trop compliquée et elle courra une Classe 2 plus facile… Le programme s’est resserré pour les raisons que l’on sait. Mais il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir d’une photo aux balances pour un propriétaire ! »

Anastasia Wattel

« Mon avis est forcément subjectif, car j’étais directement concernée : mon pensionnaire Boniface devait courir une préparatoire à cinq partants. La fusion avec la course des femelles complique considérablement sa tâche. Nous avions justement choisi cette épreuve pour emprunter un chemin détourné vers la Poule. C’était censé être une préparatoire plus accessible que les Groupes, un bon moyen d’évaluer Boniface sans le brusquer. Fusionner deux courses aussi emblématiques met en lumière les limites de cette règle. On peut aborder la question sous deux angles : celui du PMU, qui recherche des pelotons plus fournis, ou celui du sport de haut niveau, de l’élite, et de l’amélioration de la race. Ce sont des enjeux différents, et le débat est complexe.

Mais si l’on revient à cette fusion en particulier, elle pénalise davantage encore les pouliches. Certaines années, dans les Poules, la génération des femelles est meilleure que celle des mâles. Mais en avril, elles ne sont pas toujours aussi fleuries. Ces courses sont des objectifs majeurs, et dans notre cas, la préparation du poulain jusqu’à la Poule n’est plus du tout celle que j’avais planifiée. »

Victoria Head

« Je trouve que l’information est arrivée assez tard… et ce délai remet en cause toute une organisation. Il s’agit tout de même de deux préparatoires, et si l’entourage d’une pouliche ou d’un mâle préfère éviter d’affronter l’autre sexe à ce moment de la saison, il se retrouve piégé dans le programme. Si mes deux pensionnaires devaient se diriger vers les Poules, repousser une course d’une semaine deviendrait un vrai handicap. En ce qui me concerne, mes deux partants effectuent leur rentrée, et cela fait deux mois que j’ai ciblé le Prix du Louvre et le Prix Machado. »

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