TITO MO CEN, PREMIER LAURÉAT BLACK TYPE DE VICTORIA HEAD… ET PREMIER PARTANT CLASSIQUE ?

Cela fait une décennie que le Prix Maurice Caillault (L) est passé sur les 1.800m de la P.S.F de Chantilly. Jusqu’à cette année, la course était toujours revenue à des chevaux ayant au moins trois courses dans les jambes. Mais cette épreuve n’a pas franchement «sorti» beaucoup de gagnants capables de monter sur le podium d’un classique (labellisé Gr1)…  l’exception étant Big Rock (Rock of Gibraltar) Le lauréat 2025, Tito Mo Cen (Uncle Mo), a un profil différent. Ce Maurice Caillault n’était que sa deuxième course et c’est un poulain visiblement en phase ascendante. Il va bien sûr falloir continuer à progresser d’ici les classiques, mais son entourage ne manque pas d’ambition ! Tito Mo Cen est engagé dans la Poule, dans le Jockey Club et le Grand Prix de Paris. 

Stéphane Pasquier a pu prendre la tête dès le départ en laissant Tito Mo Cen avancer sans action. Devant, le représentant de la Yeguada Centurion a déroulé dans un rythme régulier avant de progressivement hausser le ton dans le virage. Curragh Camp (Romanised) et Hohenschwangau (Wooded) se sont lancés à sa poursuite. Mais Tito Mo Cen n’a rien lâché et il s’est même relancé pour filer la gloire. À 270m du but, Hohenschwangau s’est mortellement accidenté (avant d’être euthanasié). En chutant, il a gêné plusieurs concurrents dont Al Aali (City Light), finalement troisième à trois longueurs, et Extrapol (Le Havre), qui n’a pu prendre part à l’arrivée suite à cet incident. Curragh Camp, qui n’a pas eu toutes ses aises dans la ligne droite, termine deuxième à une longueur et demie.  

Dotée du flegme légendaire de la dynastie Head, Victoria Head était plus concentrée sur son poulain que sur le fait qu’elle remporte la première victoire de stakes de sa jeune carrière d’entraîneur. Tito Mo Cen pourrait être son premier partant classique. La Cantilienne a expliqué : « Aujourd’hui, il gagne bien. Stéphane Pasquier me dit qu’il a les mêmes sensations que lors de ses débuts victorieux. Il lui a semblé qu’ils n’étaient pas allés très vite, mais c’est un cheval facile, bien qu’il ait un équilibre tourné vers le bas. Quand les autres sont venus, il a changé de vitesse, c’est vraiment très bien. Surtout qu’il n’avait pas eu l’occasion de montrer cela la dernière fois. Il est engagé dans le Prix La Force (Gr3). C’est à discuter avec son propriétaire. Si possible, je préfère rester sur cette distance. À cette date, je sais qu’il fait le bon terrain. Le reste, je ne sais pas. Peut-être dans le futur. Mais pour l’instant, je pense qu’il est préférable de continuer en bon terrain. En tout cas, il a une réelle aptitude au sable. Son port de tête bas l’aide dans ce contexte. Avoir un tel cheval, avec un tel mental, c’est extraordinaire. Il a aussi un physique remarquable. Nous avançons avec confiance et prenons les courses les unes après les autres. »

Deuxième, Curragh Camp est la note de la course, lui qui signe les meilleurs temps partiels de la phase finale. C’est le premier black type de l’étalon du haras de Bouquetot Romanised (Holy Roman Emperor). Francis-Henri Graffard, son entraîneur, a expliqué : « Je suis très content de Curragh Camp. Il est encore un peu immature dans sa tête et a consommé dans le parcours. C’est un poulain qui va devenir un cheval intéressant. » Rupert Pritchard-Gordon, le racing manager de son propriétaire, Robert Ng (qui est aussi celui de l’étalon Romanised), nous a confié : « C’est très bien ce qu’il fait car il a appris quelque chose. Curragh Camp est venu dans les chevaux et progresse dans sa manière de courir. Nous voulions en apprendre plus sur lui, tout en restant sur la piste fibrée afin d’éviter le terrain trop souple. Comme son père, c’est un cheval avec une action de bon terrain. Curragh Camp laisse une très bonne impression, face à un bon cheval. Ses 400 derniers mètres sont intéressants. Une chose est certaine, nous allons viser le bon terrain. » 

Maisons-Laffitte, en pleine renaissance, semble avoir plus de talents que jamais en plat. Lucie Pontoir, à cheval entre plat et obstacle, entraîne un sujet intéressant avec le troisième de ce Prix Maurice Caillault. Au sujet d’Al Aali. Elle nous a confié : « C’est un poulain que nous estimons. Il n’est pas encore arrivé à maturité, mais nous pensons que le gazon l’aidera par la suite. Dans des terrains pas plus que bon souples. Il est un peu coquin et ne sort pas trop bien des boîtes. Anthony (Crastus) le connaît bien et sait qu’il ne faut pas le contrarier. Je pense que nous avons encore de la marge, car nous ne l’avons pas envoyé sur gazon et il n’a pas non plus travaillé sur la P.S.F.. Al Aali a été entraîné uniquement sur le sable. Il a simplement vu la P.S.F. lors de sa deuxième place pour sa rentrée. Aujourd’hui, on voit bien qu’il mérite ses engagements [Jockey Club et Grand Prix de Paris, ndlr]. Nous ne sommes pas encore à 100 % avec lui, mais nous n’allons pas le précipiter. L’année est encore longue. Concernant la suite, nous allons en discuter avec les propriétaires, qui, soit dit en passant, forment une excellente association, et je ne peux qu’être reconnaissante de travailler avec eux. Mais la décision sera prise ensemble. » 

Élevé par son propriétaire, Tito Mo Cen est un fils du top-étalon américain Uncle Mo (Indian Charlie), mort en 2024 à Ashford Stud. La mère Raven’s Lady (Raven’s Pass) a couru quatre fois à 2ans en Angleterre sur 1.400m, se classant neuvième des Oh So Sharp Stakes (Gr3). Passée par les handicaps à 3ans, Raven’s Lady est devenue une pouliche de Groupe à partir de l’âge de 4ans. Lauréate de sept épreuves, elle a notamment remporté le Casino Baden-Baden Goldene Peitsche (Gr2, 1.200m) et les William Hill Summer Stakes (Gr3, 1.200m). La jument a été acquise 300.000 $ à Keeneland en fin de carrière sportive et elle a été saillie par Justify avant de prendre l’avion pour la France.

Raven’s Lady est la mère de Ramatuelle (Justify) qui s’est imposée dans le Prix de la Forêt (Gr1), le Prix Robert Papin (Gr2), et le Prix du Bois (Gr3). Elle a récemment été vendue à la Fasig-Tipton Kentucky November Sale, achetée par M.V. Magnier pour 5.100.000 $. Au haras, la poulinière a un 2ans nommé Mr Lope Cen (Lope de Vega).

La troisième mère Sueboog (Darshaan) est lauréate des Fred Darling Stakes (Gr3) mais elle a surtout donné Best of the Bests (Machiavellian), gagnant du Prix d’Ispahan (Gr1), d’un Prix Guillaume d’Ornano (Gr2), des Solario Stakes (Gr3), et des Sheikh Maktoum Al Maktoum Chall (Gr3).

LES CHRONOS

TEMPS PARTIELS

Départ à 1.000m : 53’’46

De 1.000m à 600m : 24’’36

De 600m à 400m : 11’’37

De 400m à 200m : 11’’06

De 200m à l’arrivée : 11’’25

Temps total : 1’51’’50