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dimanche 6 avril 2025
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LE RESPE FACE AUX NOUVEAUX DÉFIS SANITAIRES

LE RESPE FACE AUX NOUVEAUX DÉFIS SANITAIRES

Les différentes crises sanitaires que la filière a traversées ont mis en lumière le Respe (réseau d’épidémio-surveillance en pathologie équine), véritable sentinelle de la situation sanitaire équine. Mais alors qu’elle a fêté l’an dernier ses 25 ans d’existence, cette structure associative a plus que jamais besoin du soutien de tous pour mener à bien sa mission. Le docteur Jean-Marc Betsch vient de prendre la présidence du Respe. Il explique les défis que le réseau va devoir relever dans les années à venir.

Adeline Gombaud

ag@jourdegalop.com

Jour de Galop. – Quelle a été la genèse du Respe ?

Jean-Marc Betsch. – L’idée a germé au cours de l’hiver 1992-1993. J’étais alors un jeune vétérinaire à la clinique de Meheudin et de nombreux éleveurs paniqués nous appelaient pour des juments devenant folles au pré, jusqu’à mourir de traumatismes ou de symptômes neurologiques. Personne ne comprenait l’origine de ce mal. Au sein de l’Avef (Association vétérinaire équine française) la commission « maladies infectieuses » s’est mise au travail en collaboration avec l’Anses de Maisons-Alfort pour travailler sur le sujet. C’est en 1999 que le Respe a vraiment été créé à partir de cette commission. Il réunissait alors une cinquantaine de vétérinaires sentinelles, chargés de remonter au réseau les différentes pathologies rencontrées sur le terrain. En 2008, le Respe s’est structuré, devenant une association loi 1901. Sa gouvernance est totalement bipartite entre socioprofessionnels et vétérinaires, ce qui lui permet d’être apolitique et indépendant.

Quelle est la philosophie du Respe ?

Je crois que le Respe est envié du monde entier ! Parce qu’avec ses 1.200 vétérinaires sentinelles, totalement bénévoles dans ce rôle, il permet de connaître avec précision la situation sanitaire dans chaque département à tout moment : aujourd’hui 70 % du cheptel équin est suivi par le Respe. Si votre cheval est malade, d’une maladie contagieuse ou non, et si votre vétérinaire est membre du réseau, il pourra procéder à des prélèvements de diagnostic précis, les envoyer avec des informations confidentielles aux laboratoires sentinelles agréés qui à leur tour enverront les résultats au Respe. Celui-ci analyse alors en temps réel tout ce qui se passe dans le pays et envoie des alertes à toute la filière. La clé du succès repose sur deux axes essentiels : la fiabilité des analyses (prises en charge financièrement à 50 % par le réseau) et le total anonymat. En cas de danger sanitaire, des cellules de crise sont déclenchées avec l’ensemble des représentants de la filière.

Le Respe alerte, mais le Respe agit-il aussi au niveau de la prévention ?

Grâce aux prélèvements des vétérinaires sentinelles, le Respe est indispensable à la recherche. Ces prélèvements permettent aux laboratoires de recherche et à de nombreuses institutions de suivre les souches virales (rhinopneumonie à forme nerveuse par exemple), d’identifier des toxines (myopathie atypique), de mieux comprendre certaines maladies (maladie de Lyme), etc. De multiples thèses vétérinaires, universitaires, ou publications scientifiques sont menées en collaboration avec notre réseau et permettent ensuite des applications pratiques directes sur le terrain. Tout ce travail ainsi que celui de la formation continue des socioprofessionnels et vétérinaires est sous la direction du conseil scientifique et technique du Respe composée de 30 membres éminents, professeurs, chercheurs, et tous bénévoles au bénéfice du réseau.

Quel est le modèle économique du réseau ?

Étant donné que nous remplissons une mission d’intérêt général, on pourrait logiquement imaginer un financement public… Ce qui n’est pas le cas ! Tous les ans le budget est un casse-tête ! Les principales ressources proviennent de l’Ifce (via les cartes d’immatriculation), de la D.G.A.L., du Fond Éperon, et du Conseil départemental du Calvados ; s’y ajoutent les cotisations des membres du Respe, et les contributions de la Manche, de l’Orne et de la F.N.C… Cela représente au total 600.000 €, alors que nous avons besoin d’un million d’euros par an pour fonctionner, tant les sollicitations sont nombreuses. Nous faisons donc appel aux dons, et avons comme projet de créer un fonds de dotation permettant, certes, une déduction fiscale significative mais aussi une valorisation d’une démarche RSE des entreprises et laboratoires pharmaceutiques. Pour le moment, la Fédération des éleveurs de galop, France Galop et la Fédération française d’équitation nous octroient 20.000 € chacun. J’espère que Le Trot et la S.H.F. vont suivre et nous soutenir. Nous espérons obtenir la reconnaissance par l’État de notre mission d’intérêt public, ce qui conforterait le Respe comme pilier du sanitaire. Il faut que chacun comprenne bien l’importance du Respe mais aussi que chaque détenteur est un des maillons de la chaîne de biosécurité. Une crise sanitaire peut avoir des répercussions énormes sur toute l’économie d’une filière.

Quels sont les grands défis à relever dans les années à venir, d’un point de vue sanitaire ?

Ils sont multiples ! Il y a tout ce qui est résistance aux microbes (rhodococcus equi) et aux parasites, mutations des germes (rotavirus par exemple), impact du réchauffement climatique sur la flore (plantes toxiques) et la faune, extension de maladies connues (exemple fièvre West Nile) ou émergentes, etc. Dans le même temps, les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle sont de précieux alliés. À titre d’exemple, nous venons de mettre au point une nouvelle application sur la détection des plantes toxiques pour le cheval. La généralisation des puces thermiques (« thermochip »), puis peut-être demain la lecture de température par méthode externe (muqueuse de l’œil par exemple) vont également nous aider à dépister en routine les chevaux semblant sains mais en incubation de maladie.

Dans un monde idéal, aucun cheval avec symptômes ou simplement une hyperthermie (> 38,5 °C) ne serait jamais déplacé : le bien-être du cheval lui-même serait respecté et la diffusion des microbes contagieux limitée. La dernière épidémie de rhinopneumonie nous a rappelé combien une biosécurité globale de toutes les pratiques d’élevage et activités équestres au sein de toutes les races de chevaux est l’affaire de tous pour limiter les pertes économiques liées aux soins, aux morts et à l’arrêt momentané de l’activité. Ajoutons que dans ce monde idéal, plus de 80 % du million d’équidés seraient vaccinés contre les maladies virales infectieuses !

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