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samedi 5 avril 2025
AccueilA la unePATRICK KLEIN : « UNE RUPTURE DU 50/50 SERAIT NÉFASTE POUR TOUTE LA FILIÈRE »

PATRICK KLEIN : « UNE RUPTURE DU 50/50 SERAIT NÉFASTE POUR TOUTE LA FILIÈRE »

PATRICK KLEIN : « UNE RUPTURE DU 50/50 SERAIT NÉFASTE POUR TOUTE LA FILIÈRE »

Pour la première fois, un élu révèle au grand jour les tensions qui existent entre trot et galop.

Guillaume Boutillon

gb@jourdegalop.com

Jour de Galop. – Les enjeux PMU ont baissé en janvier et France Galop a voté un budget 2025 en fort déficit. Sommes-nous en crise ?

Patrick Klein. – En chinois, le mot « crise » est composé des signes « danger » et « opportunité ». Aujourd’hui, dans toute la filière, le danger est là : dans la contraction des jeux hippiques, dans notre difficulté à faire venir ou revenir les parieurs, et bien entendu dans la remise en cause du 50/50 à l’initiative du Trot et dans la dégradation des relations entre les deux sociétés-mères, qui atteint aujourd’hui des niveaux jamais connus en deux siècles de courses en France. Mais il y a aussi de formidables opportunités…

Avant de nous parler des opportunités, pouvez-vous développer ce que vous venez d’évoquer sur les relations entre les deux sociétés-mères ?

En 2018, France Galop et LeTrot ont signé une convention qui prévoit en particulier deux choses : choisir ensemble les bonnes dates pour que les réunions des différentes disciplines produisent le maximum d’enjeux PMU ; et répartir la contribution du PMU aux sociétés-mères à 50/50. Cinquante pour-cent vont à France Galop, cinquante pour-cent au Trot. Cette convention est très positive. Pas de jaloux : tous les arbitrages de programme se font en bonne intelligence pour gagner le plus possible, et sans arrière-pensées, puisqu’à la fin, on partage équitablement. Si c’est mieux que le galop lâche un dimanche qui peut faire plus avec la réunion au trot, il le fait et vice versa.

Pourquoi le Trot a-t-il dénoncé cette convention ?

L’activité réelle a montré un écart : 49,5 % pour le galop contre 50,5 % pour le trot. LeTrot a donc voulu être payé en fonction de ce qu’il rapportait.

Y a-t-il eu des négociations pour préserver cet accord ?

Oui, France Galop a proposé plusieurs solutions, notamment une nouvelle méthode de calcul et un plafonnement des montants. Elles sont encore en discussion.

Que fera France Galop si la dénonciation est confirmée ?

France Galop deviendrait un compétiteur du Trot. Et c’est là que les dirigeants du trot font un mauvais calcul. D’où vient le différentiel d’enjeux ? Très largement du fait que LeTrot a beaucoup plus de dates pendant l’hiver, qui est la meilleure période pour le jeu car la concurrence de loisirs – en particulier d’extérieur – et des vacances, week-ends etc. est la moins forte. »

« Traditionnellement, il y a plus de parieurs dans les points de vente quand il fait froid dehors. Mais, s’il n’y a plus de convention, France Galop exigera par exemple d’être placée en Réunion 1 un jour sur deux toute l’année, même en décembre et en janvier – le week-end comme en semaine. Et vous verrez que les enjeux au Galop deviendront rapidement égaux voire supérieurs à ceux du Trot…

Donc finalement le Galop vivra peut-être mieux sans convention ?

Je n’ai pas dit cela ! D’abord, je pense profondément que nous sommes plus forts en étant unis. Ensuite, le meilleur système, le plus productif pour les paris hippiques, c’est de placer les réunions aux bons moments pour les parieurs – qu’il s’agisse de galop ou de trot. Avec une répartition mathématique des dates, le Galop fera peut-être 52 % et le Trot 48 %… mais je suis certain que le chiffre d’affaires du PMU s’en ressentira. Vaut-il mieux faire 48 % ou 52 % de 90, ou 50 % de 100 ? Par exemple, si un jour le Trot manque de partants dans un Quinté+, il refusera de basculer le Quinté+ au Galop et nous serons tous perdants. Une rupture de cet équilibre, combinée à la crise des paris hippiques, serait néfaste pour toute la filière.

Le Trot peut-il légalement dénoncer cet accord ?

La convention prévoyait des conditions spécifiques pour être dénoncée, mais celles-ci ne sont pas remplies. France Galop conteste donc cette dénonciation et un arbitrage est en cours. Vous vous rendez compte ? Nous vivons désormais dans le même immeuble et le dialogue est difficile… Cela me rend triste : Thémis devait rapprocher les sociétés mères et favoriser le partage et l’échange. Mais il semblerait que Thémis produise un effet inverse.

Faut-il être inquiet ?

Et vous, est-ce que cela vous inquiète ? Ce qui est inquiétant, ce sont les rumeurs et les fausses informations distillées à dessein depuis quelques mois pour déstabiliser le Galop. Mais ce que je vous dis moi, aujourd’hui, n’a rien d’inquiétant car il s’agit de la vérité. Je la partage avec vous car il semble important, au stade atteint, que tous les acteurs de la filière Galop et au-delà sachent ce qui se passe en coulisses. Il est crucial d’analyser la situation actuelle sur la base d’éléments factuels, sans se laisser influencer par des informations tronquées. Depuis quelques mois, on nous donne des coups de pied sous la table et nous restons sages comme des images, sans nous plaindre, en demandant gentiment à ce que cela cesse.

Quel est l’état d’esprit des administrateurs de France Galop et le vôtre, en tant que conseiller du président ?

Nous sommes déterminés. Nous ne lâcherons pas un pouce si la convention n’est pas rétablie. Et nous jouerons tout notre rôle à la tête du PMU, aujourd’hui et demain. Et puis, à titre personnel, je suis quelqu’un d’optimiste : je me dis que la raison finira par triompher.

Comment voyez-vous les années à venir pour le Galop ?

C’est ce qui me réjouit et m’enthousiasme le plus. Le Galop a, pour moi, un très grand avenir. C’est d’abord sociétal : l’animal est le plus beau, le plus rapide, la monte des jockeys est élégante, il est aimé et respecté et évolue sur des hippodromes verts ! Toutes ces qualités vont être essentielles pour garder ce que l’on appelle une « licence sociale », c’est-à-dire pour que la société civile « accepte » notre activité. C’est ensuite économique : notre seule ressource n’est pas le PMU ; nous avons aussi une grosse activité de marché, public et amiable ; nous avons une clientèle plus internationale, ce qui constitue un amortisseur quand la situation se tend économiquement au niveau national ; nos chevaux de plat et d’obstacle cartonnent à l’export. Au lieu de se lamenter, considérons tous ces atouts !

Et au niveau du jeu ?

Les courses de plat génèrent en moyenne plus d’enjeux que celles de trot. Les courses d’obstacles se redressent. Sans oublier une chose assez décisive pour l’avenir : les courses au galop en France, notamment les courses plates, sont très demandées à l’international, parce qu’elles sont compétitives et régulières, ce qui intéresse particulièrement les opérateurs de paris internationaux. Dans les années futures, et ça commence déjà, je suis convaincu que la vente des droits à parier sur nos courses sera une ressource significative pour le Galop français. L’avenir nous appartient !

Comment diversifier les revenus du Galop ?

Une partie de la réponse, je viens de vous la donner : le droit à parier sur nos courses. Mais pour sortir de la dépendance aux paris hippiques, nous avons plein d’autres atouts qui n’appartiennent qu’au Galop et qui tournent notamment autour de la qualité et de la puissance des personnes qui investissent dans notre sport. Il y aura une nouvelle approche du sponsoring, mais aussi de la dimension club. Et nous attendons encore beaucoup d’investissements étrangers dans l’entraînement, l’élevage et les ventes françaises. »

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