MICKAËLLE MICHEL : « MON RÊVE C’EST LE JAPON »
Depuis le début du meeting de plat de Cagnes-sur-Mer, le nom de Mickaëlle Michel est réapparu sur nos programmes. Après diverses expériences aux États-Unis, en Australie et au Japon, son pays de cœur, la jeune femme de 29 ans a effectué un retour réussi et remarqué sur notre sol. Dès lors, Mickaëlle a décidé de prolonger son séjour en France avant de repartir pour l’autre bout du monde…
Jour de Galop : – Comment se passe votre retour en France ?
Mickaëlle Michel : – Très bien ! Ce n’est que du bonheur ! Je suis ravie et je m’éclate. Je ne m’attendais pas à effectuer un come-back aussi réussi. Pour être honnête, je n’avais même pas prévu de revenir en France. Cela s’est fait à la dernière minute. Quand j’ai appelé les entraîneurs pour les prévenir que j’étais à Cagnes, beaucoup m’ont répondu qu’ils avaient déjà leur jockey attitré et que tout était en place. Donc non, je ne m’attendais pas à ce que l’on m’accorde autant de confiance. Je monte beaucoup à l’entraînement le matin. C’est utile que l’on me revoie en piste et que je remette le pied à l’étrier à l’entraînement. Le matin, je donne également quelques coups de main à certains entraîneurs qui me rendent la pareille l’après-midi. Je passe pas mal de coups de fil au moment des engagements et des montes. Cela me permet d’établir un contact et une relation avec les professionnels.
Pourquoi êtes-vous revenue ?
Je suis rentrée du Japon pour les fêtes de fin d’année. Mon visa australien se terminait à la mi-janvier et je ne voyais pas l’intérêt de repartir en Australie pour deux semaines. J’ai terminé ma licence à court terme au Japon le 20 décembre et il fallait bien que j’aille quelque part. De plus, il y a eu des retards dans l’attribution des visas australiens et je ne pouvais plus retourner au Japon. De fil en aiguille, en attendant de prendre une décision, j’ai finalement décidé de faire le meeting de Cagnes. C’est un hippodrome qui m’a toujours réussi et ma famille est là -bas. Le combo idéal ! J’ai revu des personnes que je n’avais plus revues depuis 3 ans. Avec les réseaux sociaux, il est tellement plus simple aujourd’hui de suivre l’actualité des gens. Je sais que l’herbe est toujours plus verte ailleurs mais cela fait toujours plaisir de revenir chez soi. En plus Cagnes-sur-Mer reste mon jardin.
Qu’avez-vous appris de plus à l’étranger ?
Tellement de choses. Déjà l’anglais ! Cela me sert énormément cette année parce que je travaille avec un entraîneur Britannique qui est à Cagnes. Cela permet de créer une vraie relation et de se comprendre à 100 %. J’ai appris à travailler au chrono. Ils utilisent cette méthode aux États-Unis et en Australie. Chose que nous ne pratiquons pas du tout en France. J’ai vu de nouvelles techniques d’entraînement, de nouveaux soins. En Australie, l’entraînement des chevaux sur tapis roulant est également beaucoup utilisé. Bien que je ne sois pas entraîneur, c’est très enrichissant et cela reste dans un coin de ma tête. Enfin j’ai également appris ce que c’était que de s’adapter. Maintenant, je sais que je peux aller n’importe où dans le monde sans rencontrer de difficulté d’adaptation. Je n’ai plus besoin non plus de monter deux ou trois fois sur un champ de courses pour le comprendre. Je peux d’entrée y débuter et y gagner. C’est un gros plus.
Comment avez-vous appris le japonais ?
J’avais commencé les cours en France avec un professeur. En Australie, j’ai croisé la route d’une femme japonaise qui avait des connaissances hippiques. Elle ne me donnait pas de cours mais nous allions boire un café ensemble et nous parlions japonais. J’ai découvert cette passion depuis que je suis allée en Allemagne. Je me suis rendu compte que j’avais l’écoute idéale pour les langues. J’apprends très vite et j’adore ça. Je ne suis pas encore trilingue mais je commence à bien parler le japonais.
Qu’avez-vous le plus aimé à travers vos voyages ?
J’ai découvert de nouvelles cultures et fait de belles rencontres. J’ai aussi monté sur des hippodromes mythiques ou je ne pensais jamais mettre les pieds comme Churchill Down aux États-Unis ou Flemington en Australie. J’ai monté le jour du Kentucky Derby et même le jour des Breeders Cup pour le plus grand entraîneur des États-Unis, Wayne Lukas. Même si je l’avais rêvé, je n’aurais jamais pu espérer une chose pareille. À côté de cela, le fait d’être loin de sa famille et d’être seule à l’autre bout du monde est particulièrement difficile. J’ai de la chance d’avoir Frédéric (le compagnon de Mickaëlle, ndlr) qui voyage avec moi. Il y a quand même des jours où l’on se sent un peu seule. Mais dans la globalité, je ne retiens que le positif.
Quelle reste votre expérience préférée ?
J’ai adoré les courses américaines. Aller à fond dans le dirt, c’est mon sport. Mais j’ai beaucoup aimé la vie australienne. Il y a la mer, il fait chaud, les restaurants sont très bons. Alors que la vie aux États-Unis est un peu ennuyante. Il n’y avait pas grand-chose à faire. Au Japon, il n’y a qu’à venir sur un hippodrome pour comprendre. Il n’y a pas moins de 20.000 personnes par jour sur un champ de courses. C’est incroyable de voir l’amour que portent les Japonais pour les courses. Là -bas, j’ai monté des chevaux « sympas » et j’ai gagné de belles courses.
Est-ce un avantage d’être une femme à l’étranger ?
Oui et non. Cela dépend de l’endroit où l’on se rend et des personnes rencontrées. Aux États-Unis, ils ne sont pas fans des femmes jockeys. Quand une femme monte à Churchill Down cela ne passe pas inaperçu. Tu peux aussi faire face à des remarques sexistes. En revanche, en Australie, ils apprécient les femmes et j’ai rarement eu de problèmes là -bas. Au Japon, il y a très peu de femmes jockeys et l’on me remarque d’autant que je suis blonde aux yeux bleus… Cela se voit dans les pelotons !
Est-ce que la vie économique est plus intéressante pour un jockey à l’étranger ?
Tout est relatif. Vous pouvez gagner pas mal d’argent aux États-Unis car les dotations des courses sont élevées. Mais il y a une telle compétition qu’il est compliqué de gagner des courses. La vie coûte aussi très cher. En fait, on ne se sent pas en sécurité financièrement aux États-Unis. En Australie, les jockeys travaillent énormément. Ils font énormément de route. Mais les montes perdantes sont très bien payées. Il y a beaucoup de courses et les gains sont élevés. Et le coût de la vie est raisonnable. Au Japon, c’est un mixte des deux. Le quotidien coûte cher mais tu peux vite gagner de l’argent comme en Australie. Si nous prenons comme point de comparaison le top 20 des jockeys, ces derniers gagnent mieux leur vie à l’étranger que chez nous.
Quels sont vos objectifs à court et à long terme ?
Mon rêve c’est le Japon. Seules les personnes qui y sont allées peuvent vraiment me comprendre et me soutenir. Je me vois vraiment vivre là -bas. Il y a une ferveur pour les courses que je ne retrouverai nulle part ailleurs. Je sais que les Japonais m’adorent et c’est réciproque. Quelque chose me dit que mon destin se trouve au Japon. Je ne peux pas y retourner tout de suite car il y a des examens très difficiles à passer. J’ai essayé cette année mais j’ai échoué. Le premier examen au mois de septembre est basé sur les courses et l’anatomie du cheval à l’écrit et en anglais. Le deuxième examen est en février à l’oral et en japonais. Ce n’est vraiment pas simple. C’est mon plus grand rêve mais ce n’est pas pour maintenant. À court terme en France, je veux surtout profiter, être heureuse et bien dans ma tête pour faire un maximum de gagnants.
Qu’allez-vous faire après Cagnes ?
Je vais m’installer à Chantilly et je vais poursuivre ma carrière en tant que freelance. Je vais aller travailler les chevaux dans les écuries qui m’ouvriront leurs portes. Je vais essayer de me créer un maximum d’opportunités. Je ne repartirai pas avant septembre 2025. En fait, pour être totalement honnête, rien n’est arrêté et tout peut changer d’un jour à l’autre. Je pratique un métier ou l’on ne sait pas de quoi sera fait demain. Mais, cette année, je ne veux surtout pas me prendre la tête. Je suis revenue de l’étranger avec un état d’esprit qui est celui de profiter et de prendre du plaisir à cheval. Bien sûr, il va falloir que je prenne des décisions et que je réfléchisse à mon plan de carrière. Mais, dans un premier temps, je veux surtout faire plaisir aux gens avec lesquels je travaille…