HERVÉ GUÉRIN, LE BONHEUR EST AVEC LES CHEVAUX

La casaque verte à pois jaunes d’Hervé Guérin a déjà eu plusieurs bons sauteurs avant Kashdam. Chez Gabriel Leenders, avec lequel tout a commencé en obstacle, nous l’avons vu à l’honneur avec Funny Berry (RS) (Bathyrhon), lauréate du Prix Girofla (L) et deuxième du Prix Magne (Gr3), Garbure (Maresca Sorrento), gagnante du Prix Marc Antony (L), Blood Destiny (No Risk at All), deuxième du Prix Grandak avant sa vente à Willie Mullins pour lequel il s’est distingué au niveau Groupe, ou encore avec la prometteuse Layla Lux (RS) (Doctor Dino), une pouliche de Groupe. Grâce à Richard Corveller, Hervé Guérin a également des chevaux chez Arnaud Chaillé-Chaillé et François Pamart, comme Kashdam, qui lui a fait vivre un grand moment samedi. « C’est beaucoup de bonheur, de joie… C’est un accomplissement qui arrive après soixante ans dans le milieu des chevaux. Remporter ce Groupe à Auteuil, au centre de Paris, c’est quelque chose de magnifique. » Avant l’obstacle, la casaque et l’élevage, Hervé Guérin était déjà renommé au trot où il a eu les honneurs au plus haut niveau. À l’heure actuelle, Hervé Guérin possède un haras en Mayenne avec une trentaine de poulinières au trot et une dizaine pour l’obstacle. Encore un exemple de passerelles réussies entre le trot et l’obstacle. Un modèle à suivre pour nos dirigeants !

C’est peu dire qu’Hervé Guérin est passionné par les chevaux et les courses depuis son plus jeune âge. Il nous a expliqué : « Dès l’âge de 2, 3 ans, j’allais sur les champs de course avec mes parents. Nous nous rendions sur de petits hippodromes de province, en Bretagne, d’où je suis originaire. J’ai toujours eu une grande passion pour les chevaux. Mes parents possédaient un petit PMU, donc j’accompagnais aussi les jeux des joueurs (rires)… À l’époque, avec la pince, je m’occupais des jeux des clients. Progressivement, j’ai démarré avec une part de cheval. Par la suite, j’ai pu faire évoluer mes affaires professionnelles. De ce fait, j’ai acheté un haras et j’ai augmenté le nombre de chevaux que j’avais, à la fois au galop et au trot. »

Nous sous-estimons parfois l’importance des rencontres dans le cheminement des propriétaires. Hervé Guérin s’est diversifié avec l’obstacle grâce à ce « parcours » qui lui a fait rencontrer les bonnes personnes. « À l’époque, j’ai démarré avec deux chevaux élevés par monsieur de Gigou et j’ai couru le Grand Steeple d’Enghien, associé à un homme remarquable, Bernard Desmontils. C’était il y a une quarantaine d’années. Très rapidement, je me suis orienté vers le trot. Mais lors d’une soirée, j’ai rencontré Sébastien Desmontils. Il m’a dit que je devais venir dans le galop en prenant des participations dans quelques chevaux. Sébastien est un bon commerçant et il m’a accompagné et entraîné. J’ai démarré chez Gabriel [Leenders, ndlr] avec quelques parts de chevaux. Je connaissais aussi Richard [Corveller, ndlr] sous son côté vétérinaire et nous nous sommes liés d’amitié. Il m’a proposé de l’accompagner et nous avons commencé à avoir des chevaux ensemble chez Arnaud [Chaillé-Chaillé, ndlr]. Chez ce dernier, j’ai une dizaine de chevaux, qui sont en association avec Richard. Ils proviennent de son élevage. Richard, c’est un modèle, il a une superbe réussite. Il est extrêmement rigoureux, très précis et pointu. C’est une belle aventure, une passion ! J’ai une belle équipe et les courses, ce sont aussi des rencontres d’hommes. Ma vie professionnelle a également été faite de rencontres d’hommes, de les mettre en symbiose, corriger les points faibles et travailler les points forts. Nous avons essayé de faire la même chose autour de cette passion, ce bonheur, que sont les chevaux. Les voir le matin à l’élevage et à l’entraînement, c’est vraiment ce qui me plaît. J’ai essayé de structurer professionnellement mes activités hippiques. Il faut gérer le sujet économique car il peut y avoir des périodes de méforme, des accidents… Il faut savoir les surmonter et lorsque l’on vit ces bons moments comme ce samedi avec Kashdam, il faut savoir les apprécier et prendre la mesure du bonheur que l’on vit. »

Avec une activité professionnelle très prenante dans les énergies renouvelables et les fonds d’investissement dans l’immobilier, Hervé Guérin peut s’évader grâce aux chevaux. « Mes activités professionnelles me prennent beaucoup de temps, mais je consacre une journée par semaine à m’occuper des chevaux. C’est mieux qu’une soupape pour moi ! Ce sont de vrais moments de bonheur. Je participe aux choix des croisements, c’est ma passion ! J’y passe des heures et des heures ! Mais l’entraînement, les choix de courses, c’est le travail de l’entraîneur. »

Nous sentons chez Hervé Guérin l’humilité de quelqu’un qui a une solide expérience des chevaux et des courses. Pas question, dès lors, de se précipiter à l’heure de définir la course qui le ferait rêver en obstacle. « En obstacle, évidemment, le Grand Steeple me fait rêver, mais vous savez, ce sont les chevaux qui viendront et nous amèneront à ce niveau. Mais déjà, avec Kashdam, atteindre pareil niveau, ce n’est que du bonheur ! »