ANNE-CHARLOTTE ANDRÉ : « LA DISCIPLINE DU CROSS EST VRAIMENT CE QUI NOUS ANIME »
Depuis toujours, Anne-Charlotte André est une vraie passionnée de chevaux. En parallèle de son métier, soutenue par son époux, elle élève quelques chevaux pour son plaisir. Dimanche prochain, lors du grand week-end palois, l’une de ses protégées, Ici Avrilly (Fly wth Me) va s’élancer dans le Grand Cross de Pau avec quelques ambitions…
Par Albane Vilella-Segui
albane@jourdegalop.com
Jour de Galop. – Racontez-nous l’histoire d’Ici Avrilly…
Anne-Charlotte André. – La jument est issue d’une souche du haras de Saint-Voir. Nous sommes amis avec Nicolas de Lageneste et il nous a proposé Souris Blanche [la mère d’Ici Avrilly, ndlr] afin de l’exploiter en tant que poulinière. Quand Ici Avrilly est née, elle n’était pas bien belle et personne n’en voulait. Avrilly, c’est le nom du village de mes grands-parents. Son père, Fly with Me, n’était pas connu car c’était sa première génération. Cet étalon était stationné chez mon oncle. C’est pour cette raison que la jument a été saillie par ce cheval. Elle a été élevée chez nous en Normandie où elle a été débourrée et pré-entraînée. Un jeune entraîneur, Frédéric Vannereux, m’avait contactée pour que je la mette à l’entraînement chez lui. Ses débuts avaient été laborieux. Il avait quand même réussi à la faire gagner en haies et en steeple sur de petits hippodromes.
Comment l’association avec Mickaël Seror s’est-elle faite ?
Quand Frédéric Vannereux a arrêté son activité, nous l’avons confiée à Mickaël Seror. En fin d’année de 4ans, il l’a débutée en cross alors qu’il avait un effectif très réduit dans cette discipline. Mais cela l’amusait ! Avec mon mari, la discipline du cross est vraiment ce qui nous anime. Nous avons toujours rêvé avoir un cheval performant dans cette spécialité. Par conséquent, nous étions enchantés ! Son débourreur nous avait loué ses qualités de saut, mais la pouliche n’était pas très facile au départ et l’équipe de Mickaël Seror l’a parfaitement dressée. L’idée d’aller courir à Pau nous a plu dès le début. Mickaël Seror nous a dit qu’il était optimiste et que le terrain allait lui convenir. Nous avons toutefois été agréablement surpris de sa dernière victoire. Nous arrivons facilement à nous organiser avec Mickaël pour qu’Ici Avrilly puisse bénéficier de périodes de repos. Elle revient alors chez nous pour une durée de deux mois puis repart à l’entraînement. Cela se fait en bonne intelligence pour préserver la jument et la faire durer.
Ici Avrilly est-elle le meilleur cheval que vous ayez élevé ?
Et comment ! C’est vrai que nous n’en n’avons pas élevé des milliers, mais Ici Avrilly sort du lot. Nous avons eu la chance d’avoir des poulains que nous avons vendus foals. Notamment le frère d’Ici Avrilly, Heltenham, qui est black type en Angleterre. Ici Avrilly reviendra un jour à la maison pour une carrière de poulinière. Nous avons un autre poulain, Paray, chez Emmanuel Clayeux, un ami de longue date. Nous l’avons acheté foal aux ventes Arqana. Nous sommes associés avec plusieurs membres de notre famille qui voulaient découvrir ce monde de propriétaires de chevaux de course. Il y a aussi La Loire qui vient de débuter par une troisième place à Pau. En résumé, nous avons réalisé un bon début d’année ! D’autres chevaux arrivent derrière car nous aimons les emmener aux courses et pas uniquement les vendre. Nous ne voulons pas systématiquement vendre en Angleterre ou en Irlande. Si nous avions fait cela, nous aurions tout simplement scié la branche sur laquelle nous étions assis. Nous faisons l’effort d’exploiter en France et c’est très bien comme cela. Souris Blanche, la mère d’Ici Avrilly, est compliquée à remplir. Elle devrait être saillie en 2025 mais nous ne savons pas encore par quel étalon…
Pourquoi préférez-vous l’obstacle ?
J’aime l’obstacle car j’ai beaucoup monté en concours hippique. Et je suis née dans une région berceau des AQPS. C’est ce qui fait mon attachement à cette discipline. J’ai longtemps travaillé dans le monde du plat mais j’avoue avoir une préférence pour l’obstacle même si je suis passionnée de compétition en général.
Courir le Grand Cross de Pau, qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Nous n’aurions jamais pensé avoir un cheval engagé un jour dans le Grand Cross de Pau. Nous n’y pensions pas du tout. Nous pensions avoir une bonne jument pour les cross de province mais la marche pour prendre part à cette course est énorme. Cette année, il y a deux épouvantails au départ mais nous escomptons une place. Nous avons trois enfants qui sont aussi « à fond » derrière la jument. Nous sommes très attachés à l’hippodrome de Pau. Mon mari a appris à monter à cheval dans le club qui était juxtaposé à l’hippodrome. C’est donc d’autant plus fort de prendre part à ce sommet béarnais. Nous avons hâte… même si j’ai déjà un peu mal au ventre…
Quel est votre lien avec les courses ?
Je viens d’une famille d’éleveurs du Centre-Est. Mon grand-père était éleveur de chevaux de sport. Mes frères et sœurs comme moi-même sommes de vrais passionnés de ce milieu. Mon père a d’ailleurs eu de bons chevaux qui ont performé en Angleterre. Nous avons repris une souche qu’il avait développée. Du côté de la Normandie, pour mon mari et moi, et du côté de Moulins pour ma sœur et son époux. Nous avons chacune commencé il y a 10 ans avec une jument. Aujourd’hui, nous avons quatre juments en association en famille. Mais je suis la seule à être propriétaire d’Ici Avrilly car elle fait partie d’une autre souche. Nous élevons principalement en association pour partager le plaisir et la passion. Nous avons longtemps habité à Pompadour, d’où notre passion pour les chevaux de course, l’obstacle et le cross.
Quel est votre métier ?
J’ai créé ma société [Le Racing Office, ndlr] il y a 3 ans après avoir passé 16 ans à l’écurie des Monceaux. Je propose des services administratifs pour les propriétaires de chevaux de course. Je leur simplifie la vie sur toutes les tâches administratives qui sont chronophages. Les gens ne maîtrisent pas forcément cette partie, surtout lorsqu’ils ne sont pas issus de ce milieu. Il y a aussi toute une partie concernant la gestion des papiers liés aux chevaux. Les propriétaires avec qui je travaille peuvent se focaliser sur leurs relations avec les entraîneurs sans avoir à se soucier de leurs factures, de leurs contrats… Mon mari est directeur d’une société qui vend des clôtures pour les haras et les propriétés équestres. Il est aussi auctioneer pour Arqana. Nous avons eu la chance de travailler pour les Jeux Olympiques cet été. J’étais responsable de la conception de la piste de cross de concours complet tandis que Jean-Baptiste était au micro pour commenter les épreuves.
Avez-vous déjà songé à travailler dans un autre secteur que celui des chevaux ?
Non jamais. J’ai un diplôme d’ingénieur agronome. C’est une formation qui peut me permettre de faire d’autres métiers. Depuis mes débuts à l’école, j’ai orienté tous mes stages dans le monde du cheval. Je voulais vraiment travailler dans ce milieu.