0,00 EUR

Votre panier est vide.

0,00 EUR

Votre panier est vide.

dimanche 23 février 2025

Florent

Jour de Galop. – Que représente cette 16e Cravache d’or ?

Florent Guy. – Elle ne représente pas grand-chose… et beaucoup à la fois. Être Cravache d’or, c’est plus personnel qu’autre chose. En effet, on ne gagne rien. Il n’y a pas d’argent à la clé ! C’est juste le prestige de se dire : j’ai été Cravache d’or… Cela reste dans l’histoire. Et la 16e encore plus bien entendu. Durant quelque temps, j’avais réduit un peu la voilure mais ma vie a fait que je m’y suis remis à fond ces deux dernières années. Lorsque j’avais 13 ou 14 Cravaches, beaucoup de personnes, dont des amis proches, me disaient : « Il faut que tu en gagnes au moins 15 ». Mais cette consécration est avant tout personnelle. Dans les courses, on peut être en haut un jour et tout en bas le lendemain. Alors, certes, un amateur dure un peu plus dans le temps, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut « s’envoyer en l’air »…

Obtenir un 16e trophée vous permettait de battre un record…

Ce n’était pas l’objectif. En fait, lorsque j’ai eu 15 Cravaches d’or, je me suis dit que c’était déjà super. Je ne cours pas après les records et je monte essentiellement en fidélisant des entraîneurs ou propriétaires qui sont mes amis proches. Ensuite, je monte suivant la demande. L’an dernier, j’avais dit à Paul Lotout qu’il montait bien et que si, vraiment, il voulait être Cravache d’or, il fallait pouvoir monter assez régulièrement. Il est vrai que nous exerçons un métier où il faut être disponible. Et il faut réellement jouer le jeu à fond pour être Cravache d’or. Paul a vraiment le profil du gentleman qui peut être Cravache d’or car il monte bien, il ne se prend pas la tête et se remet en question… ce qui n’est pas le cas de tout le monde. En sus des Cravaches d’or, j’ai un autre record : celui du plus grand nombre de points au championnat Fegentri en 2010. Sur 22 courses j’en ai remporté 11 ! Ce championnat est vraiment sympa car il permet de voyager. J’ai pu aller aux États-Unis, en Suède, en Espagne. Étant donné que j’habitais dans le Sud Ouest, j’allais monter à San Sebastian et à Madrid chez mon ami Roberto Lopez qui m’a fait beaucoup monter. Ce sont de belles expériences…

À côté de votre travail, arrivez-vous à dégager du temps pour monter le matin ?

J’y parviens en effet. En ce moment, je me rends soit chez Julien Philippon, avec lequel j’ai des liens forts, soit chez Mickaël Seror. Il faut dire que ce que l’on nous demande est contradictoire car on nous dit qu’il ne faut pas que nous travaillions dans une écurie pour être amateur alors que d’un autre côté, si nous ne nous entraînons pas suffisamment, nous ne pouvons pas nous améliorer. Il y a 15 ou 20 ans, quand je suis arrivé à Chantilly, on me rétorquait que j’étais toujours à cheval dans les galops ! Auparavant, lorsque je faisais la matinale à Equidia, j’essayais d’aller monter, même un seul lot, pour m’entraîner un peu plus…

Vous êtes-vous fixé une limite d’âge pour arrêter de monter ?

Tous les ans, je me dis que je vais arrêter l’année prochaine. Que cela soit pour ma vie personnelle ou professionnelle. J’aurais certainement pu faire plus professionnellement. Mais je mettais tout en Å“uvre afin de me rendre disponible pour aller monter. En fait, passion et compétition ont pris un brin le dessus sur tout… et cela m’a quelque peu joué des tours.

Avez-vous d’autres objectifs pour le futur ?

Non. Par exemple, cette année, je m’étais dit que j’allais remonter à Auteuil. Certes, je l’ai fait mais le résultat n’a pas été exceptionnel. Dernièrement, Mickaël Seror cherchait un gentleman pour monter le cross à Fontainebleau et comme il ne trouvait personne, au dernier moment, je me suis mis en selle. Je ne voulais pas laisser Mickaël dans l’embarras. Je trouve l’obstacle « top » mais il faut vraiment monter car c’est un autre sport. Il faut être dedans, monter tout le temps, être vraiment entraîné pour que cela matche bien. Aujourd’hui, je veux juste me faire plaisir pour les amis et puis si je gagne, tant mieux. Mais cela ne veut pas dire que je ne suis pas motivé. Si j’ai une chance, je vais « pousser ». Si on m’avait dit que j’aurais 16 Cravaches d’or lorsque j’ai commencé…

Je ne dis pas que ce n’est pas gratifiant, mais avant, il y avait une très grosse concurrence avec Jean-Philippe Boisgontier, Édouard Monfort, Christophe Guimard… Il y a vraiment eu des batailles énormes. Auparavant, avec 20 ou 25 gagnants, vous n’étiez pas Cravache d’or.

Par le passé, vous avez su vous remettre de deux graves accidents…

Lors de mon premier accident, j’ai failli perdre l’usage de mes jambes et j’ai subi dix opérations. Je ne devais pas remonter à cheval, mais je me suis battu et cela a fonctionné. Des séquelles ? Au début j’avais mal à la jambe quand je montais, puis je me suis dit c’était dans la tête… J’ai encore mal mais l’adrénaline et la passion prennent le dessus…

Quels sont les chevaux et les personnes qui vous ont marqué ?

Côté chevaux, je citerais d’abord Glenferness (Michel Georges), qui était chez Robert Collet. J’ai gagné à Auteuil le Prix Maréchal Foch avec lui, et je me suis ensuite imposé à Enghien. Avec ce cheval, Robert Collet m’avait déclaré à Compiègne contre les jockeys et nous avions gagné. Glenferness m’a permis de gagner sur les trois grands hippodromes parisiens tout en remportant la plus belle course à Auteuil. C’était génial. En ce qui concerne les personnes, beaucoup m’ont marqué. Mais en premier, c’est la marquise de Moratalla que je citerais. Elle avait de nombreux chevaux là où je montais, dans le Sud-Ouest, chez Robert Litt. Il a beaucoup compté car c’est lui qui me déclarait sur de nombreux chevaux dans les courses d’amateurs. J’ai donc gagné pas mal de courses pour lui. La marquise de Moratalla m’a ensuite dit que j’allais monter pour elle à Paris, et pour Alain de Royer Dupré qui plus est. Par la suite, ce dernier m’a fait monter pour d’autres propriétaires et j’ai gagné. J’ai décroché ma première victoire à Paris dans le Prix Aly Khan pour Mauricio Delcher Poulies, pour qui je montais aussi à Madrid. Tellement de gens ont compté, je ne peux tous les citer… Monter pour André Fabre et gagner encore cette année à Longchamp pour lui était incroyable. En obstacle, Robert Collet et Jehan Bertran de Balanda m’ont permis de gagner beaucoup de belles courses. David Smaga m’a considérablement aidé quand je suis arrivé à Chantilly. Il a beaucoup compté pour moi et m’a fait monter énormément. Grâce à lui, j’ai gagné avec la casaque Abdullah. J’aimerais citer aussi un amateur avec lequel j’ai monté et que j’ai toujours admiré, Jean-Philippe Boisgontier. C’était le meilleur selon moi. Je pense que j’ai eu plus de chance que lui en termes de victoire mais je l’ai toujours regardé comme un modèle. Ensuite c’est devenu un ami. Et le plus important dans cela, ce sont mes parents et ma sÅ“ur qui sont fiers de mon parcours.

Avez-vous pensé à sauter le pas et à devenir « pro » ?

Oui, mais dans la mesure où j’avais un problème de poids… J’aurais pu devenir jockey d’obstacle, mais avec ma jambe, je ne préfère pas prendre trop de risques… Et mon père était jockey d’obstacle. Il a chuté à de nombreuses reprises et cela a freiné mon enthousiasme. Mais oui, j’y ai bien pensé. En tout cas je ne compte pas arrêter de monter pour l’instant. Tant que mon corps suit, je me fais plaisir. En résumé, je vais encore continuer cette aventure qui me plaît.

Article précédent
Article suivant
VOUS AIMEREZ AUSSI

Les plus populaires