TRIBUNE LIBRE
CONSIDÉRONS MIEUX NOS DEUX PILIERS !
Par Philippe Desbois, propriétaire et turfiste sans relâche depuis presque soixante ans.
« Est-il encore utile de rappeler ce que j’entends par « piliers » de l’Institution, les propriétaires et les parieurs ? La fameuse règle des 80/20 peut s’appliquer aux premiers nommés, à savoir que 20 % environ des chevaux de course se rentabilisent, soit par leurs gains en course, soit (et) par leur revente, tandis que 80 % n’y arrivent pas tout à fait à des échelons différents ou pas du tout. Nous pouvons même avancer que la situation est identique pour les produits issus des ventes publiques. La glorieuse incertitude du turf… Or, il se trouve qu’une grande partie des 80 % se retrouve heureusement dans les 20 % en fin de carrière. Il y a donc toujours un propriétaire gagnant et l’autre perdant, et ceci alternativement !
Généralement, nous observons aussi ce phénomène : ceux qui estiment avoir déjà assez perdu d’argent depuis l’achat initial – cheval étant dans les 80 % – sont très contents de trouver un acheteur et de passer à autre chose. Or, ce sont généralement ces chevaux qui fourniront les partants de la plupart des courses handicaps et « réclamers » en France et pour certains, qui entreront heureux, dans les 20 %. Les éleveurs faisant courir disent tous qu’il leur est impératif également de vendre pour se maintenir.
En conclusion, il faut surtout conserver le nombre de courses et allocations pour les plus nombreux qui sont en 35 et moins de valeur. Cela permettra ainsi à leurs propriétaires de continuer à croire toujours à des lendemains meilleurs et ainsi continuer à fournir le plus grand nombre de partants. Ces mêmes partants qui justement seront heureusement là pour alimenter les jeux de l’autre pilier : les parieurs.
À ce sujet, chacun y va de son idée pour augmenter le nombre de turfistes sur les hippodromes. Il est temps, selon moi, de vraiment étudier la gratuité de l’entrée sur les champs de course. Des présidents répondront que sans la recette des entrées, ils ne pourront pas s’en sortir financièrement. Surtout en province pour les 2e et 3e catégories. Il n’empêche que certains hippodromes ont déjà opté pour la gratuité. À Pau, par exemple, c’est la municipalité qui offre l’entrée, en non l’hippodrome ! Subtilité bien employée de la part de celui qui est devenu notre Premier ministre actuel ! D’ailleurs n’y a-t-il pas une ambiguïté à faire payer quelqu’un pour venir dans un lieu où justement l’intention est de lui faire dépenser de l’argent (consommations et jeux) ? Car c’est le but finalement…
Quelques autres vœux, puisque c’est la période :
– Le PMU semble se chercher au sujet du Quinté +. Jouer aux courses est scientifique : il faut étudier, réfléchir… la chance venant apporter sa petite touche finale uniquement. Or, nous constatons malheureusement que seule l’arrivée dans l’ordre est récompensée (tirelire, n° +…). Si avoir les cinq premiers dans son jeu résulte le plus souvent de l’étude du papier, les avoir dans l’ordre ne relève que de la chance ! Si le hasard est apprécié au casino, il ne fait pas bon ménage avec les turfistes. En l’occurrence, ceux-ci sont bien mal récompensés de leur « travail ». Le PMU ferait bien de les reconnaître et les respecter plutôt que de privilégier des gagnants grâce à une date de naissance ou à une plaque de voiture !
– Employer les moyens qu’il faut pour privilégier la décision de continuer une course quand, en obstacle, un cheval ou un jockey reste à terre, s’il est à la corde ou à l’extérieur (seuls cas de figure) derrière un obstacle plutôt que de neutraliser aussitôt celle-ci en raison de ce fameux principe de précaution qui ne résout jamais rien. Je m’explique : chaque fois que cela s’est produit et que la course s’est poursuivie, tout s’est bien passé grâce, par exemple, à un ruban tendu pour signaler aux jockeys de faire passer les chevaux loin de la chute. S’il est facile d’actionner la sirène, les conséquences de neutraliser une course sont lourdes pour les entourages des chevaux et pour les jeux.
– Que France Galop et la SETF reprennent la main sur le ministère de l’Intérieur pour juger s’ils doivent retirer ou pas la licence d’un acteur des courses lorsqu’il s’agit d’une accusation n’ayant rien à voir avec sa profession. Dans quelle autre profession empêche-t-on quelqu’un de gagner sa vie parce qu’accusé sans savoir s’il est coupable et avant même qu’une date ait été fixée pour le juger ? »