CITY OF TROY & LAUREL RIVER : DEUX CHAMPIONS, DEUX SURFACES

Deux chevaux ex-aequo pour le titre de « champion du monde ». Certes, ce n’est pas une première mais nous n’avions encore jamais retrouvé sur la même ligne un Derby winner comme City of Troy (Justify) qui a progressé en 128 dans les Juddmonte International et un spécialiste du dirt comme Laurel River (Into Mischief) qui a affiché le même rating suite à son succès dans la Dubai World Cup. À noter que ce dernier fera sa rentrée vendredi, à Meydan, dans les Firebreak Stakes (Gr3), sur le mile et après plus de neuf mois et demi d’absence. Trois chevaux avaient terminé ex-aequo, avec le même rating de 128 en 2019 : Crystal Ocean (Sea the Stars), Enable (Nathaniel) et le français Waldgeist (Galileo). À deux autres reprises, nous avons vu deux champions dead-heat. En 2018, Cracksman (Frankel) et l’australienne Winx (Street Cry) ont fait jeu égal à 130 et quelques années plus tôt, en 2013, la sprinteuse invaincue Black Caviar (Bel Esprit) avait fait jeu égal avec la française Trêve (Motivator).

Pour la quatrième fois au cours des vingt dernières années, le meilleur cheval au monde n’a pas atteint 130 mais, dans une saison sans la présence d’authentiques cracks tels qu’Equinox (Kitasan Black) ou Flightline (Tapit), qui ont décroché le titre respectivement à 135 et 140, il faudra se contenter de neuf chevaux à 125 ou plus, comme cela avait d’ailleur déjà été le cas l’an dernier. Parmi ces neux chevaux, figurent deux français. À savoir Goliath (Adlerflug) qui, avec son 126, a raté d’une livre le podium revenu à la jument Via Sistina (Fastnet Rock) ainsi que l’autre pensionnaire de Francis-Henri Graffard Calandagan (Gleneagles) qui est arrivé en 125 même s’il n’a pu remporter son Gr1 en 2024. Calandagan a fait jeu égal avec le champion de Hongkong Romantic Warrior (Acclamation) qui, lui, en a remporté quatre !

Lorsque le jugement des handicapeurs est publié, on peut passer des heures à discuter sur le fait que Riri a eu un « rating cadeau » alors que Fifi méritait bien sa livre de plus au contraire de Loulou… Reste que seuls les chiffres détiennent la vérité et c’est tant mieux pour la France qui a connu sa meilleure saison au cours des dix dernières années. Les français qui ont obtenu un rating 115 ou plus sont au nombre de 28, soit quatre de plus qu’en 2015. Pourtant, cette année-là avait été assez exceptionnelle avec les présences de Trêve – pour sa dernière campagne –, de Solow (Singspiel) invaincu en six courses dont cinq Grs1, du métronome Flintshire (Dansili), un excellent lauréat du Jockey Club, ou encore de New Bay (Dubawi), voire même du vétéran Cirrus des Aigles (Even Top), encore capable de gagner des Grs1 à 9ans. En 2024, la France a enregistré un succès d’équipe car on recense sept chevaux qui ont franchi la barre des 120. Il faut ajouter au tandem de Francis Graffard la meilleure pouliche de 3ans en Europe, Aventure (Sea the Stars), Facteur Cheval (RS) (Ribchester) qui découvrira vendredi le dirt de Meydan, Look de Vega (RS) (Lope de Vega), Tribalist (Farhh) qui s’est offert, dans le Prix du Moulin de Longchamp (Gr1), le meilleur miler du monde, Charyn (Dark Angel), et enfin Zarakem (Zarak).

Les 28 chevaux français qui figurent dans le classement sont entraînés par 12 professionnels différents. C’est André Fabre qui en a formé le plus (7). Il est suivi par Francis-Henri Graffard qui en compte quatre. Suivent deux professionnels de la nouvelle vague : Christopher Head et Jérôme Reynier, avec un total de trois chevaux chacun. Les autres professionnels concernés sont Adrien Fouassier, Carlos et Yann Lerner, Christophe Ferland, Jean-Claude Rouget, Jean-Pierre Gauvin, Patrice Cottier, Pascal Bary qui a tiré sa révérence l’an dernier, et son élève Mario Baratti. On ne discute jamais du jugement de « monsieur l’arbitre » mais il est un peu surprenant de ne pas retrouver dans le classement la lauréate du Longines Prix de Diane Sparkling Plenty (Kingman) dont le 115 annoncé après la course a été baissé d’une livre… comme cela a d’ailleurs été le cas de sa dauphine Survie (Churchill). Heureusement, en fin de saison, la troisième du Diane, Tamfana (Soldier Hollow), et la quatrième, Aventure, ont beaucoup progressé, permettant au classique cantilien de devenir l’une des quatre courses en vue pour les femelles.

Pas moins de 273 chevaux ont trouvé leur place dans ce classement. Soit 15 de moins qu’en 2023. Ceux affichant un rating de 120 et plus sont 52, un de plus que l’année précédente. Le rating moyen a, lui, progressé de quelques grammes à 117,41. Les pays comptant au moins un cheval dans le classement sont au nombre de 15. Le Japon a confirmé son score de la saison 2023 avec 56 chevaux figurant dans le classement, dont 10 à 120. Tout comme l’Angleterre qui, si elle est passée de 52 à 49 chevaux, s’est assuré la deuxième place puisque les États-Unis ont encore chuté un peu plus, passant de 57 à 43. L’Australie, également en baisse, a vu 41 chevaux figurer dans le classement. Vingt-huit français, c’est un résultat très important pour nous qui sommes le deuxième pays de courses en Europe.

L’Irlande vient ensuite avec 17 chevaux à 115 et plus, alors que l’Allemagne a confirmé son quarté de 2023 avec en chef de file Fantastic Moon (Sea the Moon) qui est passé en 120 de rating. L’Italie n’a plus un seul cheval entraîné « au pays » dans le classement depuis 2018 lorsqu’Anda Muchacho (Helmet) avait décroché son 115. La crise hippique de la Péninsule est bien connue mais cette année, l’heure de la revanche a sonné dans le Hong Kong Vase (Gr1) avec le succès de Giavellotto (Mastercraftsman), élevé en Italie par La Tesa qui est encore associé sur le cheval entraîné à Newmarket par l’Italien Marco Botti. Il a eu droit à un probant 121, le meilleur rating d’un produit de l’élevage italien depuis le 120 de Priore Philip (Dane Friendly) en 2014.

En revenant aux chevaux, on peut dénicher dans la liste les champions de catégorie. Goliath est le meilleur au monde sur 2.400m avec une livre de plus que le japonais Do Deuce (Heart’s Cry) alors que le FR Shin Emperor (Siyouni) a fait jeu égal à 123 sur cette distance avec City of Troy, Charyn est le champion du mile sur le gazon alors que le titre des 3ans revient ex aequo à Notable Speech (Dubawi) et Rosallion (Blue Point) qui ont atteint 122. Le doute n’est pas permis dans la ligue des stayers avec Kyprios (Galileo) qui a dominé sa catégorie en 122 alors que trois compétiteurs ont conclu sur la même ligne – en 121 – parmi les sprinters : le représentant d’Hongkong Ka Ying Rising (Shamexpress), l’australien I Wish I Win (Savabeel) et l’américain Cogburn (Not This Time). Un dead-heat a également été affiché parmi les 3ans sur le dirt : Fierceness (City of Light) et Sierra Leone (Gun Runner) sont sur la même ligne en 125.