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dimanche 23 février 2025
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2000-2025 : UN QUART DE SIÈCLE POUR L’ÉLEVAGE FRANÇAIS

En entrant dans l’année 2025, nous attaquons le deuxième quart du XXIe siècle. Depuis l’an 2000, qui nous semble pourtant si proche, la France des courses a énormément changé. Mais en quoi ? Premier épisode : l’élevage français.

Par Adrien Cugnasse

ac@jourdegalop.com

L’élevage c’est en fait une myriade de thématiques, de l’étalonnage au marché public en passant par l’économie rurale ! Voici les points clés pour comprendre comment le visage de l’élevage français s’est remodelé en un quart de siècle…

Le marché public a plus que triplé 

En 2000, le marché aux enchères était dans les mains de l’Agence française de vente de pur-sang et de Goffs France. Toutes catégories confondues, ces trois agences vendaient 1.700 lots par an pour 59,8 millions d’euros et une moyenne de 34.000 €. En 2024, trois agences tiennent le marché français : Arqana, Auctav et Osarus. Elles vendent 3.500 lots (x2 vs 2000) pour 217,8 millions d’euros (x3,63 vs 2000) et une moyenne de 61.842 € (x2,62 vs 2000). Arqana a été le grand vecteur de cette expansion commerciale et son développement s’est basé sur sa capacité à attirer des clients internationaux. Ce qui est passé par le fait de prendre des parts de marché aux places de ventes anglo-irlandaises, y compris sur des créneaux où on n’attendait pas forcément la France (breeze up, stores…)

Plus de naissances, moins d’étalons

Au début des années 2000, environ 4.500 pur-sang anglais voyaient le jour tous les ans en France. Ces dernières années, dans notre pays, ce chiffre se situe dans une fourchette comprise entre 5.700 et 5.400 naissances annuelles. Le stud-book AQPS, créé en 2006, représente un millier de naissances supplémentaires. Les éleveurs étant de plus en plus nombreux à aller aux ventes, ils se frottent à la sélectivité du marché. Et cela a forcément des conséquences en matière d’étalonnage : beaucoup d’étalons n’ont plus leur place dans ce nouveau paradigme. Il y a actuellement environ un tiers d’étalon en moins dans notre pays en comparaison au début des années 2000, alors même que le nombre de juments saillies est plus élevé.

L’étalonnage en plat a subi une révolution 

En 2000, l’étalon tête de liste des pères de gagnants en France… était français ! Highest Honor (Kenmare) faisait la monte à 100.000 francs au haras du Quesnay. Une conversion littérale donnerait l’équivalent de 15.000 €. Mais l’Insee fournit un outil qui permet d’intégrer les effets de l’inflation et ces 100.000 francs de 2000 correspondent en fait à plus ou moins 22.500 €. Soit un peu plus de 10 % du prix de saillie de l’étalon français le plus cher de 2025, Siyouni (Pivotal), qui est à 200.000 €. La comparaison n’est pas forcément très heureuse car Highest Honor n’était pas Siyouni. Deuxième d’Highest Honor au classement français, Sadler’s Wells (Northern Dancer) officiait pour la dernière fois de sa carrière en 2000 à un tarif public (il est ensuite passé private) : 150.000 livres irlandaises. Soit environ 190.000 €.  Entre 2000 et 2024, la qualité de l’offre d’étalons de plat de notre pays s’est considérablement améliorée. Et la taille des books des sires recherchés a explosé. Au début des années 2000, seul un ou un deux étalons français dépassaient les 100 juments par an. Ils étaient 34 dans ce cas en 2024 !

De nombreuses nouvelles structures

Si on regarde les étalons ayant sailli 100 juments ou plus en 2024 en France, plus de la moitié font la monte dans des structures ayant vu le jour après 2000 (Colleville, Cercy, Beaumont, Haie Neuve, Hêtraie, Lion, Montfort et Préaux – Sumbe, Toury…) Et c’est la même chose pour les consignors si l’on prend la liste des top-vendeurs d’août 2024 (Monceaux, Motteraye, Coulonces, Beaufay, Hôtellerie, Saint-Pair…)

Un changement radical dans l’étalonnage d’obstacle

Le grand changement, à cette époque, vient du fait que les Haras nationaux ont levé le plafond du nombre limite de saillies par étalon : en 1999, il est ainsi passé de 100 à 150. L’époque était vraiment différente et la chronique d’alors note : « La spécialisation pour l’obstacle, qui incite un nombre croissant d’éleveurs à concevoir des pedigrees pur-sang « bred for the job », continue de s’affirmer spectaculairement, à l’instar des « scores » très conséquents des Phantom Breeze (82), Mansonnien (59), Cadoudal (58), Cyborg (58), Villez (54), Beyssac (49), etc… » Vu d’aujourd’hui, cela paraît complètement fou ! Cadoudal (Green Dancer), tête de liste des pères de sauteurs en France en 2000, officiait à 28.000 francs. Inflation incluse, cela représente 6.700 €. Cokoriko (Robin des Champs), tête de liste en 2024, est l’un de ses descendants. Il officie à 15.000 € en 2025, mais cela fait plusieurs années qu’on trouve en France des étalons d’obstacle au-delà des 20.000 €. Entre-temps, les Haras nationaux ont disparu et les tarifs ont grimpé à échéance régulière. En 2000, on trouvait trois chevaux ayant couru en obstacle (Shafoun, Beyssac et Cyborg) dans le top 10 des pères de sauteurs en France. En 2024, ils sont cinq (Cokoriko, Saint des Saints, Kapgarde, Chœur du Nord, Great Pretender…)

Les petits éleveurs sont moins nombreux mais toujours très majoritaires

Ces dernières années, le nombre de lieux d’élevage de pur-sang anglais recensés par l’Ifce dans notre pays varie entre 1.450 et 1.550. Or il était de 1.571 en 2000. Entre-temps, il est monté jusqu’à 1.800 en 2009. Ce qui a changé, c’est le format des élevages. Les petits éleveurs, ceux avec moins de trois produits par an, sont toujours majoritaires : ils représentent 68 % actuellement. Dans le même temps, la proportion de ceux avec cinq foals annuels ou plus a presque doublé (de 8,8 à 14,6 %).

La répartition des élevages a aussi évolué, la dynamique locale de chaque région redessinant le visage de l’élevage français dans l’ère post Haras nationaux (l’administration ayant un effet de stabilisation des effectifs aux quatre coins du pays). La Normandie a ainsi gagné quasiment une centaine de lieux d’élevage en l’espace de 25 ans. De même, la Bourgogne est passée de 78 à 102 ! Par contre la région Bretagne est passée de 156 à 88, et on enregistre des baisses de niveau variables dans beaucoup de régions, comme les Pays de la Loire (de 388 à 354), la Nouvelle-Aquitaine (de 166 à 134), le Grand Est (de 90 à 34)…

La disparition des grands éleveurs-propriétaires en plat

Le palmarès 2000 des éleveurs français était dominé par Jean-Luc Lagardère, devant le haras de Manneville. Deux entités qui n’existent plus, comme c’est trop souvent le cas avec les éleveurs-propriétaires même si, en France, ce sont trois casaques de ce type qui occupaient le podium 2024 (Wertheimer & Frère, Aga Khan Studs et Al Shaqab Racing). Dans le top 25 des éleveurs de 2000, qu’ils fassent courir ou non, la liste de ceux qui ont soit considérablement réduit (Niarchos) ou tout simplement disparu est longue (James Goldsmith, Naji Pharaon, marquise de Moratalla, haras de Préaux, haras du Reuilly, Georges Sandor…)

Mais en obstacle, la situation est très différente

Chez les sauteurs, on a assisté à l’explosion d’une nouvelle classe d’éleveurs-propriétaires professionnels qui n’existait pas dans de telles proportions en 2000. Le haras de Saint-Voir, tête de liste en 2024 avec 79 élèves, se classait quatrième avec 23 chevaux en 2000. Les 10 meilleurs éleveurs français de 2000 représentaient un total de 168 chevaux. Contre 374 en 2024. Auteuil n’est vraiment plus le royaume des petits ! Enfin, en ce qui concerne l’obstacle, on ne peut pas faire l’impasse sur l’incroyable invasion des FR outre-Manche. Lors de la dernière saison anglo-irlandaise, 31 des 50 meilleurs sauteurs selon les ratings étaient nés en France. Dans le top 10, ils étaient même huit ! En 2000, ils étaient 11 dans le top 50 et seulement deux dans le top 10.

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