VENTES DE FOALS : L’EUROPE DEVANT LES ÉTATS-UNIS DANS UNE ANNÉE RECORD

C’est un résultat historique : les ventes de foals en Europe ont atteint un nouveau record et, pour la première fois, ce segment du marché a enregistré un chiffre d’affaires plus élevé qu’aux États-Unis. Le cumul des trois vacations est monté en flèche à 93,73 M€, alors que le marché américain s’est fixé à 81,89 M$ (78,85 M€).

Les foals présentés dans l’ordre à Goffs, Tattersalls et Arqana étaient au nombre de 1.908, largement plus que ceux proposés aux États-Unis (1.475), mais le taux de vendus en Europe s’est fixé à 78,2 %, plus haut qu’au Kentucky, et le prix moyen de 62.779 € n’est pas très loin de celui (69.900 €) atteint de l’autre côté de l’Atlantique. Les foals vendus à 200.000 € ou plus en Europe sont au nombre de 91, soit deux de plus qu’en Amérique. La progression du segment a été impressionnante, avec un chiffre d’affaires qui a bondi de 35,9 %, un prix moyen en hausse de 48,1 % et une augmentation de 75 % du nombre de lots à plus de 200.000 €.

L’explication de cette année record est assez simple. Cinq des huit plus gros acheteurs sur le marché européen des foals sont des consommateurs finaux. AMO Racing, Willingham, Coolmore, Sumbe et Godolphin ont dépensé 16,70 M€ pour 33 foals. On arrive à plus de 20 M€ avec Paca Paca Farm, le haras japonais de Harry Sweeney qui agit en Europe pour l’antenne nippone de Godolphin, qui a acheté 14 foals pour 2,14 M€, et Juddmonte avec ses deux foals. Près de la moitié du chiffre d’affaires provient des investissements d’éleveurs et propriétaires qui feront courir les poulains et les pouliches à partir de 2026.

Les quatre plus grandes opérations de pinhooking (Tally-Ho, Yeomanstown, Lynn Lodge et Glenvale) ont acheté 97 foals pour 8,69 M€, alors que l’an dernier, pour 95 lots, ils avaient déboursé 7,65 M€. La différence est plus facile à comprendre si l’on pense qu’en 2023 les quatre haras irlandais étaient tous dans le top 6 des acheteurs, avec un jumelé Tally-Ho et Yeomanstown en tête, alors que cette année Tally-Ho est quatrième et a dépensé un peu plus pour 8 foals de moins, et Glenvale Stud est en dixième place du classement. C’est l’effet de la concurrence.

AMO Racing, avec 5 foals, est en tête de liste des acheteurs. L’opération de Kia Joorabchian s’est assuré à Tattersalls le top price mondial de l’année, la sœur du classique Chaldean (Frankel), pour 2,5 millions de guinées (3,12 M€), plus deux autres Frankel (Galileo), dont le deuxième produit de la lauréate de la Breeders’ Cup Filly & Mare Turf (Gr1), la française Audarya (Wootton Bassett), pour 850.000 Gns (1,06 M€), et une Night of Thunder (Dubawi) de la souche de Bluestocking (Camelot) à 475.000 Gns (593.000 €). Le cinquième achat est un Persian Force (Mehmas), qui est stationné à Tally-Ho Stud après avoir fait carrière pour AMO Racing, qui a coûté 45.000 € à Goffs November. L’addition est de 5,87 M€, sans compter un Curlin (Smart Strike) acheté 725.000 $ (695.000 €) à Keeneland par AMO Racing USA.

Sumbe est tête de liste des acheteurs français avec six foals. L’opération de Nurlan Bizakov s’est assuré quatre pouliches à Newmarket pour 1,01 million de guinées (1,26 M€) : deux Kingman (Invincible Spirit), une Wootton Bassett (Iffraaj) et une Night of Thunder, qui est le top price à 350.000 Gns (437 500 €). Deux poulains sont arrivés de Goffs, un Night of Thunder et un Blue Point (Shamardal), respectivement pour 340.000 et 320.000 €. Le haras de Meautry est client des ventes de foals et, cette année, il en a acheté trois : une Too Darn Hot (Dubawi) a coûté 220.000 € à la vente d’élevage Arqana, un Sea the Stars (Cape Cross) a été déniché pour 170.000 € à Goffs, et une Blue Point pour 130.000 Gns (162 500 €) à Tattersalls. Le produit foal n’est pas le plus apprécié par les acheteurs français, mais cette année, à Deauville, le prix moyen a progressé de 27 % et le chiffre d’affaires du segment a franchi la barre des 6 M€.

Frankel était représenté par six foals cette année, et cinq ont trouvé preneur avec un prix moyen de 1,43 M€. Quatre ont franchi la barre du million d’euros, et le moins cher est une demi-sœur de la gagnante de Groupe Ville de Grâce (Le Havre), adjugée 700.000 Gns (875.000 €) à Amanda Skiffington, agissant pour Hampstead Holding. L’autre étalon qui a eu des foals millionnaires est Sea the Stars : Coolmore a payé un million de guinées (1,25 M€) pour un magnifique poulain à Tattersalls, alors que Godolphin a acheté pour un million d’euros le top price à Goffs, un frère de Teona, lauréate du Prix Vermeille (Gr1). Le prix moyen de Sea the Stars s’est établi à 482.395 € pour 8 vendus.

Night of Thunder et Wootton Bassett sont troisième et quatrième. L’étalon Darley a affiché un prix moyen de 323.597 €, plus de trois fois son tarif en 2023, et celui de Coolmore est à 320.924 €. Parmi les 25 premiers de la liste des étalons par prix moyen, il y a un seul français, Hello Youmzain (Kodiac). L’excellent départ de ses produits n’est pas passé inaperçu. Le prix moyen de ses foals s’est fixé à 57.982 €, avec un top price à 120.000 € pour un poulain par la française Madhulika (Marchand de Sable), acheté à Goffs par Blandford Bloodstock. La mère, qui a produit la placée des Cheveley Park Stakes (Gr1) Madeline (Kodiac), avait coûté 31.000 € l’an dernier à la vente d’élevage. C’est un bien joli pinhooking pour l’éleveur Stan Begley.

Parmi les étalons représentés par leurs premiers foals, c’est Baaeed (Sea the Stars) qui a cartonné avec 8 vendus sur 8 au prix moyen de 300.221 €. Les comparaisons sont impossibles avec Frankel, qui avait affiché un prix moyen de 1,05 M€ en 2014, alors que Sea the Stars, en 2011, avait eu 14 vendus à 446.440 €, mais avec un top price millionnaire. L’étalon Shadwell compte 6 vendus à plus de 200.000 €, dont un poulain par la française Waliyak (Le Havre), acheté 400.000 Gns (500 000 €), et il a fait le top price à Deauville à 260.000 € avec le premier produit, une pouliche, de la bonne Galova (Galiway) élevée par le haras de Colleville et achetée par Old Mill Stud.

Deux autres étalons de première production figurent dans le top 25 européen par prix moyen. Blackbeard (No Nay Never) a offert aux éleveurs un retour de près de trois fois et demie son tarif en affichant un prix moyen de 86.609 € pour 27 vendus sur 30, alors que Minzaal (Mehmas), qui avait une offre de 47 foals issus de saillies à 15.000 €, a eu 45 vendus au prix moyen de 57.574 €. C’est un bon score si l’on ajoute que, parmi ceux qui ont eu plus de cinq vendus, on trouve Perfect Power (Ardad) avec 27 foals sur 28 qui ont trouvé preneur au prix moyen de 49.212 €, et le français Thunder Moon (Zoffany), qui a réalisé un beau 6 sur 6 à 36.333 €, soit six fois son tarif. Sealiway (Galiway), quant à lui, a eu 12 foals vendus, tous sauf un à la vente d’élevage, à 23.594 €.

L’Europe a devancé les États-Unis en termes de chiffre d’affaires pour les foals, mais le marché le plus fort au monde reste le Japon. Dans les deux grandes ventes, celle de J.R.H.A. en juillet et la Northern Farm Mixed Sale en octobre, 283 foals ont été vendus pour un chiffre d’affaires de 112,32 M€ et un prix moyen de 397.000 €. Les foals millionnaires en euros sont au nombre de 21, dont deux issus de poulinières qui ont fait carrière en France. Yoshihisa Ozasa a mis 220 millions de yens (1,34 M€) pour un Kizuna (Deep Impact), deuxième produit d’Incarville (Wootton Bassett), gagnante du Prix Saint-Alary, alors qu’une pouliche par Kitasan Black (Black Tide) et la lauréate de la Poule d’Essai des Pouliches Dream and Do (Siyouni), a été adjugée 200 millions de yens (1,22 M€) à Rodeo Japan.