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vendredi 14 mars 2025
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LES NOUVEAUX DÉFIS DE VICTORIA HEAD

LES NOUVEAUX DÉFIS DE VICTORIA HEAD

Entre héritage familial et expériences à l’étranger, Victoria Head impose son style. À seulement 28 ans et après trois années d’activité, elle s’est révélée cette saison, en particulier avec ses 2ans. Son nouveau challenge ? Gérer la croissance, elle qui est passée de vingt chevaux au mois de mai à cinquante-trois en décembre.

Par Rose Valais

rv@jourdegalop.com

Beaucoup imaginent que Victoria Head avait un seul souhait dans sa vie : marcher dans les traces de sa famille en devenant entraîneur. Mais ce n’est pas tout à fait le cas : « Je ne suis pas née en me disant que j’allais entraîner. J’ai réalisé des études de communication. En revanche, j’ai toujours aimé les chevaux. Cela m’aurait plu d’être journaliste pour la télévision. C’est grâce à ma famille, à mes rencontres, et aux différentes expériences que l’envie de m’installer est née. »

Malgré une saison initiale un peu timide, avec un premier succès qui a mis du temps à venir, Victoria Head n’a jamais douté : « Cela ne m’a pas inquiétée, car mes pensionnaires se plaçaient. Je n’avais que trois chevaux à l’entraînement, surtout de niveau handicap ! Je trouve qu’il est compliqué de gagner ce genre d’épreuves. Il fallait être patiente ! Il faut aussi être conscient que gagner des courses n’est pas simple, il faut que beaucoup de paramètres soient réunis. »

Quand un effectif augmente aussi rapidement, en dehors des problèmes d’organisation, la principale question est celle du personnel. « Je me souviens d’un moment de solitude où j’ai un peu paniqué, mais finalement tout s’est bien enchaîné. » Actuellement, elle compte une petite quinzaine de cavaliers, dont des jockeys (Ludovic Boisseau, César Belmont, Dorian Provost, Laure Neuville), ce qui est important pour les travaux du matin. Quatre autres personnes travaillent à la cour. « J’ai une équipe solide dont trois salariés qui sont avec moi depuis mes débuts. Il y a beaucoup de problèmes de personnel, mais j’ai la chance d’avoir une superbe équipe avec de bons cavaliers. Je ne supporte pas qu’un cavalier ait les rênes dans le vide. Il faut toujours soutenir son cheval. Je suis un peu exigeante avec ça… Mais les résultats de l’écurie sont aussi la conclusion du travail de mon équipe. »

Des propriétaires confirmés et de nouveaux investisseurs

Victoria Head attire beaucoup de propriétaires étrangers, dont de nouveaux investisseurs en France. À commencer par Nasser Mohammed Alshabibi : « Alexandra Saint Martin, qui est sa manager, me l’a présenté. Il est déjà propriétaire de pur-sang arabes et il m’a confié sa première pur-sang anglais achetée à la breeze up de juillet à Deauville. » La jeune professionnelle a également attiré l’Américain Mark Grier. « Il est déjà propriétaire aux États-Unis. C’est son fils qui m’a contactée il y a déjà deux ans. Ils ont acheté une yearling cet été et ils sont venus la voir il y a deux semaines à l’écurie. Ils n’étaient jamais venus à Chantilly ! »

Parmi son effectif, elle compte aussi et surtout des casaques historiques comme celle du Gestüt Schlenderhan, une association qui a débuté en début d’année. « Lorsqu’ils m’ont contactée, ils souhaitaient trouver un entraîneur qui possédait un petit effectif. J’ai pu les rencontrer au haras en Allemagne et, suite à cela, Ante Alios est arrivé à l’écurie et nous avons gagné d’emblée. Tout s’est enchaîné progressivement. » Elle peut aussi compter sur la confiance de la famille Strawbridge : « Il est important et intéressant d’avoir des propriétaires qui élèvent. Il y a un vrai suivi sur plusieurs générations. Les yearlings d’élevage, c’est différent de ceux des ventes. Pour certains, notamment les représentants de la famille Strawbridge, j’ai connu la famille chez mon père. Je suis contente car tous mes propriétaires arrivent à gagner et il n’y a pas qu’une casaque qui brille. Je trouve cela important. »

La communication au quotidien

« Il est très important de communiquer. La plupart de mes propriétaires sont à l’étranger et ne peuvent pas venir voir les chevaux à l’entraînement. J’ai un contact quotidien avec eux, puis j’ai confié mes réseaux et le reste de la communication avec les propriétaires à Louise Collet. Elle réalise des petites vidéos et des photos de chaque cheval. »

« Je me suis vraiment projetée lors de mon expérience chez André Fabre. »

Mettre ses pensionnaires dans un moule

Depuis (toute) petite, Victoria Head apprend à côté des meilleurs, à commencer par son père Freddy, puis Aidan O’Brien, Gai Waterhouse, Arrowfield Stud, et enfin André Fabre. « En Australie, la vision est vraiment différente et me correspondait moins. J’ai eu du mal à m’imaginer en France avec leur entraînement. C’est lors de mon expérience chez André Fabre que je me suis projetée, car il utilise des outils que je connais. » S’installer sur un centre d’entraînement qui ne lui est pas inconnu a certainement été aussi un avantage. « Je ne dirais pas que ma méthode d’entraînement a changé. En fait, je m’adapte à chaque cheval et, depuis cette année, avec les yearlings, je vais une fois par semaine faire du « schooling » sur le gazon et en groupe. Je considère qu’à cette époque, il faut que l’entraînement reste ludique. Le jour où ils retourneront sur le gazon pour des travaux plus sérieux, ils ne seront pas perdus. Le reste du temps, j’utilise la « François Mathet », la piste Gouvieux et la « Perth » pour les vieux chevaux. Je fais aussi beaucoup plus de canter « botte à botte » qu’avant. »

Sa méthode d’entraînement n’est pas la même que celle de son père : « J’utilise les mêmes pistes, mais il travaillait sur de plus courtes distances et plus vite. Je n’ai pas d’entraîneur préféré, mais j’ai eu des expériences extraordinaires chez les top-entraîneurs. J’ai essayé de m’inspirer de ce que j’ai pu voir à droite ou à gauche, mais il faut surtout composer avec nos moyens. Beaucoup aimeraient entraîner comme Aidan O’Brien, mais nous n’avons pas les mêmes outils, les mêmes chevaux… »

Un attrait pour la jeune génération

Cette année, Victoria a présenté vingt 2ans et a gagné avec six d’entre eux. « J’adore cette génération, il faut tout leur apprendre ! Lors de ma première année, j’avais principalement de vieux chevaux. Désormais, je peux façonner les jeunes à ma manière. Je peux les gérer physiquement avec leur passé que je connais. C’est plus simple que de recevoir des chevaux qui ont déjà connu une écurie avant la mienne. Lorsque mes pensionnaires arrivent aux courses, ils sont prêts à débuter. Maintenant, il est important que mes 2ans répètent l’année prochaine. Cela peut m’inquiéter, mais pour moi, s’ils sont bons, ils répéteront dans leur catégorie. L’avantage est qu’ils vont avoir l’hiver pour grandir et mûrir. Finalement, nous allons un peu repartir de zéro la saison prochaine. J’entraîne majoritairement plus de mâles que de pouliches. Si je devais citer une pouliche que j’aime vraiment, ce serait Badie. Et en mâle, j’adore Frankly Good Cen et j’ai hâte de voir Tito Mo Cen débuter. Il est le frère de Ramatuelle par Uncle Mo. Physiquement, il est tardif mais sort du lot. J’ai aussi une pouliche inédite qui me plaît : Rue de l’Odéon, une Persian King tardive. »

« J’utilise les mêmes pistes que mon père, mais il travaillait sur de plus courtes distances et plus vite. »

Fille de Freddy, nièce de Criquette

Victoria Head a de qui tenir et elle n’hésite pas à demander l’avis de son père ou de sa tante Criquette. « Mon père ne vient pas du tout le matin à l’entraînement, mais lorsque j’ai une question, il me répond avec plaisir. Je suis aussi proche de Criquette et tous les deux ont des avis parfois différents, ce qui est intéressant. Mon père me laisse faire mon expérience et il ne juge que les chevaux ou mes choix, une fois la course passée. Si je devais qualifier mon père lorsqu’il était entraîneur, en un mot, ce serait « compétiteur » et ma tante « cheval ». Le plus important pour moi est de bien connaître mes pensionnaires. Tout est plus simple ensuite, et notamment dans les engagements. Le métier d’entraîneur est principalement fait d’observation et ce qui est le plus fatigant, ce sont tous les doutes qui apparaissent. Si je devais me résumer : je suis une compétitrice, je n’aime pas perdre ! Finalement, je suis un peu le mix de mon père et de ma tante. »

« Le plus fatigant dans ce métier, ce sont les doutes. »

Un bon feeling avec Christophe Soumillon

« Pour le choix des jockeys, j’essaie de composer avec les préférences des propriétaires. Aujourd’hui, Christophe Soumillon est associé à beaucoup de mes pensionnaires. Il est l’un des meilleurs, j’aime sa manière de monter et il s’entend bien avec mes chevaux. Il vient aussi les travailler le matin, il est investi à l’écurie. Je marche beaucoup au feeling et avec Christophe, il y en a eu un rapidement. En course, j’aime bien quand mes chevaux sont dans le coup, c’est un point commun dans la famille Head ! »

Ponctuelle… mais seulement au travail !

Les proches de Victoria ne pourront pas nous contredire : en dehors du travail, elle n’est jamais à l’heure ! Mais à l’écurie, tout est organisé. « Je pense que j’ai fait une réaction aux horaires imposés. C’est ma seule explication. Je ne supporte plus les horaires, alors qu’avant, dans ma vie personnelle, j’étais tout le temps à l’heure et plus j’entraîne, moins je le suis. Je me dois d’être organisée et ponctuelle au travail, mais dans ma vie personnelle, c’est devenu le bazar… et j’adore ! »

« La course dont je rêve en France, c’est le Diane. »

Ascot et le Diane, ses rêves

« J’aimerais vraiment gagner à Ascot, j’aime tellement l’Angleterre. J’y suis allée lorsque je travaillais chez Aidan O’Brien, puis j’y ai vu la victoire de Solow dans les Queen Elizabeth Stakes. En France, j’ai une bonne réussite à Saint-Cloud, mais j’ai de merveilleux souvenirs à Deauville. Celui dont je me souviens le plus et qui m’a vraiment marquée fut le premier succès de Gr1 de Marchand d’Or en 2006. J’avais 11 ans et je m’en souviens comme si c’était hier. Sinon, j’ai un super souvenir de la troisième Breeders’ Cup de Goldikova. S’il y a une course dont je rêve en France, ce serait le Diane. »

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